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ÉTRENNER, verbe trans.
A.− Étrenner qqn (ou qqc.)
1. Étrenner qqn
a) Être le premier client d'un marchand, le premier à faire l'aumône à un pauvre. Le marchand. Les yeux noirs de mon Andalouse?... Deux sous, s'il vous plaît. Merci bien. Dieu bénisse la main qui m'étrenne (Courteline, Boubouroche,Ferme ta malle, 1894, p. 266).Allons, jetez pas votre venin! Je vous étrennerai de ce sou que vous pleuriez tant (Pourrat, Gaspard,1925, p. 227).
b) Emploi abs.
Vieilli [En parlant d'un commerçant] Effectuer sa première vente de la journée, de la semaine :
1. Les uns sont des marchands qui, sachant la langue du pays, vendent et s'approvisionnent tout de suite; tandis que les autres (...) souvent (...) dédaignent d'apprendre cette langue, et alors ils s'en retournent sans étrenner. Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 20.
Fam. Subir quelque chose de fâcheux (en premier lieu). Une femme vient d'avoir le pied emporté dans la maison voisine qui a déjà étrenné avant-hier (Goncourt, Journal,1871, p. 720):
2. − Si je recevais une blessure trop cruelle, promettez-moi de m'achever? − Oui, à condition que vous me rendrez le même service si c'est moi qui étrenne? Vallès, J. Vingtras,Insurgé, 1885, p. 325.
Recevoir des coups, des réprimandes (cf. Delvau 1866, p. 141).
Contracter une maladie vénérienne. Ce butor de cocher qui les prend toutes, a étrenné également, au point qu'il en tire encore la jambe (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 264).
2. Usuel. Étrenner qqc.
a) Être le premier à l'utiliser. Rongeurs ou carnassiers qui étrenneraient les nouveaux pièges seraient bien reçus à Granite-House (Verne, Île myst.,1874, p. 197):
3. ... je reçus une invitation d'un paysan poète, qui me mandait qu'il venait de construire une petite isba pour y écrire, et qu'il ne voulait pas commencer d'y travailler lui-même avant que je ne l'eusse étrennée en y habitant. Du Bos, Journal,1925, p. 285.
b) En faire usage pour la première fois. C'est en t'écrivant que j'étrenne ce fauteuil sur lequel je suis destiné, si je vis, à passer de longues années (Flaub., Corresp.,1846, p. 344).Rudi étrennait un costume de ski, avec veste croisée d'un ton crème, qu'il comptait faire admirer à son amie (Peyré, Matterhorn,1939, p. 237):
4. Un étranger ou un parvenu veut-il étrenner ses salons et avoir le monde, du vrai monde parisien? Il s'adresse à quatre ou cinq femmes connues, à qui il fait un cadeau − pour le monde de première qualité − ou à qui il envoie mille francs − pour le monde de seconde qualité. Cette dame fournit toute la société... Goncourt, Journal,1860, p. 709.
B.− Vieilli. Étrenner qqn (de qqc.).Donner à quelqu'un quelque chose pour étrennes. Il l'a étrenné d'une montre, d'un tableau (Ac.1835-78).
Prononc. et Orth. : [etʀ εne] ou [etʀene], (j')étrenne [etʀ εn]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. estrener. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. (cf. étrenne). Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 estrener « faire un cadeau » (Benoit de Ste-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 12934); 2. ca 1680 étrenner « faire usage de quelque chose pour la première fois » (Rich.); 3. 1691 intrans. « souffrir de quelque chose de fâcheux » (Monchesnay, Phenix, I, 1 ds DG). Déverbal de étrenne*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 478.