Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ÉTRANGE, adj. et subst. masc.
I.− Adjectif
A.− Vx, littér. Synon. de étranger.Captif en pays étrange (Psichari, Voy. Centur.,1914, p. 29):
1. ... comme nous suivions, quasi depuis sa source, cette rivière [l'Indre] qui passe chez nous, je ne me trouvais plus si étrange et ne me sentais plus en un pays perdu. Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 207.
B.− Qui est hors du commun, qui sort de l'ordinaire, inhabituel.
1. Vieilli. Terrible, excessif, inconvenant. Si vous saviez à quelles étranges extrémités j'ai été réduite (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 50):
2. ambroise. − (...) Dès longtemps je vous aime, et vous presse, Madame, De recevoir ma main, de devenir ma femme : C'est trop long-temps, aussi, me jouer, m'amuser : Il faut m'admettre enfin, ou bien me refuser. mmeévrard. − Mais vous pressez les gens d'une manière étrange, Il le faut avouer. Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, II, 6, p. 44.
2. Usuel. Qui surprend l'esprit, les sens par un (ou des) caractère(s) inhabituel(s); singulier, extraordinaire.
a) [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une plante] Étrange animal; créature, fille, homme, personnage étrange. C'est un étrange peintre, un singulier génie que Goya! (Gautier, Tra los montes,1843, p. 115):
3. Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Écloses pour nous sous des cieux plus beaux. Baudel., Fl. du Mal,1861, p. 223.
4. Quant à l'aîné des enfants, Étienne, c'était un étrange garçon (...). C'était un bossu (...). Il avait été marié. Il était arrivé dans le Nord avec sa femme. Mais il la battait, la séquestrait (...). Au fond, un déséquilibré. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 49.
b) [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Fort étrange; d'une étrange façon. Demande étrange et surtout inattendue (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 10).Le toit était baigné d'une étrange lumière (...) : c'était la lune (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 965).
Rem. 1. Comme beaucoup d'adj., étrange a une valeur intensive quand il est antéposé : étrange aventure/événement étrange; étrange regard/voix étrange; étrange sensation/impression étrange; étranges paroles/mots étranges. 2. Autres associations. Étrange et bizarre; étrange et magnifique; étrange et mystérieux; étrange et terrible.
Spéc., PHYS. NUCL. Particule étrange. Particule fondamentale dont le comportement reste inexpliqué et qui a une étrangeté non nulle (cf. Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 380).
c) Locutions
cour. C'est, il est, il paraît, il semble étrange de + inf., que + prop.; c'est étrange comme + prop.; trouver étrange de + inf., que + prop.; c'est une chose étrange que + subst., de + inf., comme + prop.; quelle chose étrange de + inf., que + subst. ou prop. C'est une chose étrange que la facilité avec laquelle les coquins croient que le succès leur est dû (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 218).C'était étrange de ne savoir que faire de soi, de son corps (Green, Moïra,1950, p. 233).
plus rares. Il est étrange à + inf., combien, comme + prop.; c'est une chose étrange à quel point, combien, comme + prop. Il est étrange combien toutes mes rigoles se bouchent, comme toutes mes plaies se ferment (Flaub., Corresp.,1847, p. 5).Il est étrange à penser que... (Gautier, Fracasse,1863, p. 293).
d) Avec une valeur adv. Ta voix sonnait étrange tout à l'heure quand tu parlais devant le monde (Guèvremont, Survenant,1945, p. 246).
II.− Subst. masc. avec valeur de neutre. Caractère étrange de quelque chose; ce qui présente un caractère étrange. L'insolite et l'étrange d'un appartement garni et déjà sali par d'autres (Michelet, Journal,1852, p. 191).Le singulier me touche et l'étrange me charme; J'excuse le bizarre et me sens fort épris Du rare (Montesquiou, Hort. bleus,1896, p. 6):
5. L'étrange est une tentation : en souffrir c'est en jouir. Voilà bien son ambivalence. Conscience de l'étrange, séduction de l'étrange et horreur de l'étrange, c'est tout un. L. Vax, La Séduction de l'étrange,Paris, P.U.F., 1965, p. 13.
L'étrange est que. L'étrange est que dans cette dépersonnalisation systématique, (...) tout rend l'effet maximum (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 70).
Rem. La plupart des dict. gén. enregistrent le verbe trans. étranger, vx. Chasser, éloigner. Les rats, les moineaux ont étrangé les pigeons du colombier (Ac. 1798-1835). Après la première connaissance [dit Octave de ses amis] il n'en est aucun que mes discours n'étrangent de moi (Stendhal, Armance, 1827, p. 150). Spéc., vén. rare. Étranger le gibier d'un pays (Ac. 1798-1835). Emploi pronom. réfl. Le gibier s'est étrangé de cette plaine (ibid.).
Prononc. et Orth. : [etʀ ɑ ̃:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 estrange « étranger » (Alexis, éd. Chr. Storey, 608); 2. ca 1165 « hors du commun, extraordinaire » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. Constans, 12445); 1668 par affaiblissement de sens « bizarre, singulier (ici d'une personne) » (Molière, L'avare, IV, 4). Du lat. class. extraneus « du dehors, extérieur; qui n'est pas de la famille, du pays, étranger ». Fréq. abs. littér. : 8 642. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 391, b) 14 503; xxes. : a) 13 492, b) 13 707. Bbg. Vax (L.). La Séduction de l'étrange. Paris, 1965, passim.