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ÉTONNER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Étonner qqc.
a) [Concr.] Ébranler à la manière du tonnerre. Il [le travail au feu] était utilisé dans l'antiquité pour « étonner » les roches les plus dures (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 64, 65).
En partic., ARCHIT. Provoquer des fissures. Une charge excessive peut étonner une voûte (Lar. 19e).
b) [Abstr.] Ébranler, secouer dans ses fondements, dans son assurance :
1. ... un homme généreux, magnanime et modeste, sensible au degré qu'il le faut pour être bon par excellence, d'une droiture incorruptible, d'une sagesse inaltérable, d'un sang-froid, d'un courage que rien n'étonne et que rien n'ébranle... Marmontel, Essai sur rom.,1799, p. 340.
2. Étonner qqn.Surprendre par quelque chose d'extraordinaire ou d'inattendu. Les passages qui vous ont étonné et, je le crains, choqué, s'expliquent par la même raison (Mauriac, Cah. noir,1943, p. 382):
2. − Vous avez vécu longtemps en France? − Moi? Je n'y ai jamais mis les pieds... C'est mon français qui vous étonne? Mais tout le monde parle français à Constantinople... Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 176.
Constr. impers., rare. Il m'étonne que + subj.Il m'étonne que personne n'ait élevé des objections (Caput1969).
[S'y ajoute une idée de doute] Vous m'étonnez beaucoup :
3. Vous m'étonnez bien davantage en m'apprenant que l'autre épisode, à la louange de la beauté, est assez connu. Je le croyais de mon invention. Courier, Lettres Fr. et It.,1803, p. 677.
Rem. Dans la lang. class. on retrouve le sens étymol. du verbe, l'obj. étant ou non exprimé : « épouvanter comme le ferait la foudre ». Les puissances coalisées n'ont pas fait ce qu'il [le prince de Ligne] souhaitait; elles ont laissé à la France le temps de s'aguerrir. Il aurait voulu qu'on commençât par tonner et étonner : on a manqué ce premier coup (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 8, 1851-62, p. 264).
B.− Emploi pronom. Ressentir, éprouver de la surprise ou manifester un doute.
1. S'étonner ou s'étonner de + subst.Il s'étonnait de cette notoriété soudaine qui lui tombait des nues (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1091):
4. ... lorsque Marthe put descendre pour la première fois et se mettre à table dans la salle à manger, elle s'étonna, elle demanda son mari avec un commencement d'inquiétude. − Voyons, chère dame, ne vous faites pas de mal, dit MmeFaujas; vous retomberez au lit. Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1135.
5. Il marche vite. À travers les citronniers, des sentiers de pierres qu'il a suivis vingt fois avec Sybil. Annetta s'étonne. Tu es sûr du chemin? Il tourne à gauche. Martin du G., Thib.,La Sorell., 1928, p. 1185.
2. S'étonner que + subj.Le mari de Mmede F ... s'étonne que je n'aille pas en Italie; il me cite les lacs du nord de l'Italie comme des merveilles qu'il faut voir absolument (Delacroix, Journal,1853, p. 33):
6. Je m'étonne toujours à neuf que J.-E. Blanche puisse trouver quelque plaisir que ce soit à me voir; il me semble que je détesterais celui que je me montre à lui, si je le rencontrais quelque part. Gide, Journal,1916, p. 582.
Rem. 1. La constr. s'étonner que + subj. est, dans une lang. moins recherchée, souvent remplacée par s'étonner de + inf. ou s'étonner de ce que + ind. 2. Notons également, après les tournures négatives ou interr. ne pas s'étonner, faut-il s'étonner, la constr. par si + ind. Jusque-là, ne soyez pas étonné si j'ai de la gêne avec vous (Staël, Lettres jeun., 1790, p. 349). Ne vous étonnez pas s'il bat la campagne cette nuit (Zola, Terre, 1887, p. 409). 3. L'empl. pronom. étant de sens passif, le sens et les constr. gramm. de cet empl. se retrouvent sous les formes passives : je suis étonné de, que, de ce que, etc. 4. On rencontre ds la docum. étonneur, subst. masc. Celui qui étonne. L'homme est M. Rivière, l'officier de marine, l'auteur de « Pierrot et Caïn », étonneur vulgaire, qui semble vouloir doubler Dumas en apportant dans le monde des grossièretés plus grosses que son maître (Goncourt, Journal, 1869, p. 538). Étonneur de bourgeois. Artiste qui s'efforçait, aussi bien dans ses créations et théories artistiques que dans son comportement, de scandaliser le bourgeois de son époque. Ce que j'appellerai les étonneurs de bourgeois et les « épaffeurs, » même de talent, − Taine, − manquent d'une conscience intérieure de la tête. Aussi ne sont-ils jamais des artistes (Id., ibid., 1862, p. 1011).
Prononc. et Orth. : [etɔne], (j')étonne [etɔn]. Enq. : /eton/ (il) étonne. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 intrans. « être étourdi (par un coup violent) » (Roland, éd. J. Bédier, 3438), le plus souvent trans. « étourdir » du xiieau xvies. (T.-L.; Hug.); ca 1220 « frapper de stupeur, surprendre » (G. de Coincy, éd. F. Koenig, II, Mir. 21, 159). Du lat. pop. *extonare, issu par changement de préf. du lat. class. adtonare, attonare « frapper de la foudre, frapper de stupeur ». Fréq. abs. littér. : 6 827. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 749, b) 8 819; xxes. : a) 11 414, b) 10 831. Bbg. Brunet (L.). Qd les nouv. Trissotin « confortent » à tour de bras. Déf. Lang. fr. 1972, no62, pp. 16-17. − Schmitz (H.). « Wundern und Staunen » im Französischen. Diss. Heidelberg 1939.