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ÉTIOLER, verbe trans.
A.− HORTIC. [Le compl. d'obj. dir. désigne certains légumes : endive, céleri, etc.] Décolorer, rendre grêle et moins amer par culture à l'abri de l'air, de la lumière. La lumière plus ou moins faible nourrit ou étiole les portions vertes des plantes (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 220).
Emploi pronom. passif. Se décolorer, devenir grêle et moins amer en poussant à l'abri de l'air, de la lumière :
... les plantes privées d'air et de lumière, telles que celles qui végètent dans les souterrains, s'étiolent, c'est-à-dire blanchissent. Tels sont les cardons et les chicorées que l'on conserve l'hiver dans des caves, et les laitues romaines, dont l'été on lie les feuilles pour les attendrir. Tous ces végétaux artificiels, privés d'air et des rayons du soleil, ont peu de substance et de vertu. Il en est de même de l'herbe qui croît à l'ombre des arbres; elle y devient longue et molle... Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 144.
P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Altérer le teint et la santé, faire pâlir et languir par manque d'air pur et de soleil. Une robe de satin noir qui contribuait à la rendre plus pâle, à faire d'elle la Parisienne blême, ardente, étiolée par le manque d'air, l'atmosphère des foules (Proust, Prisonn.,1922, p. 102).
Emploi pronom. passif. S'anémier, se débiliter par manque d'air pur et de soleil. Ce qu'il leur faudrait, c'est le grand air, les jeux au soleil; on s'étiole dans ces pièces trop étroites (...) mes enfants ne sont pas joyeux (Gide, Paludes,1895, p. 101).V. basaner ex. 4.
P. métaph., emploi pronom. passif. [Le suj. désigne une pers. envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou une chose abstr.] Péricliter par manque de contact avec le réel, etc. Combien de jeunes talents confinés dans une mansarde s'étiolent et périssent faute d'un ami (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 12).Les principes s'étiolent et pâlissent dans votre cave constitutionnelle (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 799).Des œuvres qui, n'ayant aucune possibilité de s'épanouir à l'air, s'étiolaient, devenaient chimériques, irréelles (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 996).
B.− P. ext. [Le compl. d'obj. dir. désigne des plantes quelconques] Priver de vitalité en supprimant les conditions favorables à un épanouissement normal (notamment l'humidité, la fertilité du sol). Qu'est-ce qu'un jardin centenaire où pas un marronnier n'a plus de vingt ans, sinon un étouffoir bon, tout juste, à étioler des plantes dépaysées? (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 25).
Emploi pronom. passif. Perdre sa vitalité, se faner. Les chênes dont les chétifs s'étiolent au vent de la mer et dont les robustes n'en poussent que mieux (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 286).Ne laissant pas « inutilement » s'étioler, sur les sépultures fraîches, tous ces splendides bouquets (Villiers de l'I.-A., Contes cruels,1883, p. 231).L'aptitude pour ainsi dire à filtrer le suc d'un terroir, à l'assimiler, n'est point égale dans toutes les plantes. Là où celle-ci prospère, celle-là s'étiole (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 34).
P. anal., emploi pronom. passif. [Le suj. désigne un être vivant] Dépérir. La faune voit s'épanouir le groupe des mammifères. Les marsupiaux, florissants au début du Tertiaire, vont s'étioler pour se cantonner finalement, de nos jours, en Australie (Combaluzier, Introd. géol.,1961, p. 156).
P. métaph., emploi pronom. passif. [Le suj. désigne une pers. envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou une chose abstr.] Perdre de sa vigueur, s'affaiblir par manque d'éléments stimulants, vivifiants. Les illusions qui ont pu les séduire, tombent peu à peu d'elles-mêmes, imperceptible semence d'amour-propre qui s'étiole faute d'aliment (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 620).Accueille (...) l'inondation, de la sève humaine. Reçois-la, cette sève, − car, sans son baptême, tu t'étioleras sans désir, comme une fleur sans eau (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 202).Les mauvais désirs et les mauvaises pensées, quand il y en a, viennent du dehors; à peine en moi, elles languissent et s'étiolent : je suis un mauvais terrain pour le mal (Sartre, Mots,1964, p. 19).
C.− Au fig.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. envisagée dans sa vie morale, intellectuelle] Atténuer la personnalité, le caractère, les ressources morales ou intellectuelles. Il m'a tout l'air de ces gens qui s'attachent aux privilégiés avec l'office de penser pour eux (...). Ce fut jadis le rôle de Cicéron auprès des patriciens de Rome, étiolés et amoindris par un siècle d'aristocratie heureuse (Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1836, p. 184).Le poëte las que la vie étiole (Mallarmé, Poésies,1898, p. 34).
Emploi pronom. passif. Perdre sa personnalité, son caractère, ses ressources morales, intellectuelles. Un jésuite qui, rencontrant une âme douée de quelque vitalité, la laisserait s'étioler ou s'annihiler dans une quiétude stérile, aurait manqué à son devoir (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 301).Celui qui a simplifié et appauvri sa propre vie se ferme à toute compréhension véritable (...), il y a une étroite interdépendance entre toutes les couches de l'être : quiconque laisse s'étioler l'une ou l'autre est malade dans sa personne entière (Béguin, Âme romant.,1939, p. 83).J'en avais assez d'être un pur esprit (...) je devinais que la violence de la chair, sa crudité, m'auraient sauvée de cette fadeur éthérée où je m'étiolais (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 308).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] Diminuer la force, l'intensité de. Trop d'aristocratie énerve l'art, étiole le génie (Barb. d'Aurev., 3eMemor.,1856, p. 54).En apprenant les sciences trop vite, on fatigue donc des facultés de l'esprit qui ne sont point encore développées; si on veut exercer ces facultés par un exercice trop précoce, on les fatigue et on les étiole (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 217).
Emploi pronom. passif. Perdre sa force, son intensité. Le bel art du Chant s'étiole et tend à disparaître (Saint-Saëns, Portr. et souv.,1909, p. 328).C'est l'ardeur des convictions qu'il [l'homme qui veut répandre sa foi] suscite qui vient réconforter la sienne. Elle s'étiolerait vite si elle restait seule (Durkheim, Formes élem., vie relig.,1912, p. 609).Les théories toutes pures s'alanguissent et s'étiolent (Valéry, Tel quel I,1941, p. 96).
Rem. La docum. atteste a) Étiolant, ante en emploi adj. Qui étiole; en partic. qui fait perdre la vitalité. Si les influences étiolantes et modératrices venaient à cesser, la prolifération des infusoires atteignant son maximum (Proust, Temps retr., 1922, p. 772). b) Étioline, subst. fém. Pigment jaunâtre des plantes étiolées qui croissent à l'abri de l'air et de la lumière. La « xanthophylle » ou étioline est un composé voisin du carotène (...), jaune, conférant leur couleur blanc jaunâtre aux feuilles étiolées, développées à l'obscurité (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 332). Attesté aussi ds Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. 20es.v. étiolement et Baillon t. 2 1886, Gatin 1924.
Prononc. et Orth. : [etjɔle], (il s')étiole [etjɔl]. Enq. : /etjol/ (il s')étiole. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1690 pronom., hortic. (J. de La Quintinie, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers ds Trév. 1704); 2. 1805 trans. « rendre (quelqu'un) chétif, pâle » (Cuvier, Anat. comp., t. 5, p. 549). Prob. dér. d'une var. dial. de éteule* (bourg. étieuble, champ. équiole, FEW t. 12, p. 271b); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 79.