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ÉTERNUER, verbe intrans.
A.− [En parlant d'un être animé, gén. hum.]
1. Usuel. Expirer brusquement et bruyamment par le nez et par la bouche sous l'effet d'une contraction involontaire du muscle respiratoire déterminée par une irritation de la muqueuse nasale. Éternuer fort, violemment, sans discontinuer.
a) [Le suj. désigne un être animé, gén. hum.] Une vieille « camerera mayor » (...) lui révéla le secret de ne pas éternuer, en se pinçant le cartilage extérieur du nez (Goncourt, Journal,1860, p. 725).Mais à cet instant, il éternua. − Que Dieu te bénisse! pensa Lyonnette (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 211).Hi! hi! atchoum! atchoum! Il éternue et s'essuie le nez sur les cheveux de Quatorze (Claudel, Violaine,1892, III, p. 525):
1. L'hérédité, les croisements ont donné une force insurmontable à de mauvaises habitudes, à des réflexes vicieux. Une personne éternue et râle parce qu'elle passe près d'un rosier; une autre a une éruption à l'odeur de la peinture fraîche... Proust, Prisonn.,1922, p. 156.
Rare. Éternuer à qqc.Il se rappela le temps où il était tout petit, quand il se perdait dans le gazon, éternuant aux herbes qui lui piquaient le museau (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 229).
b) Expr. factitive. [Le suj. désigne la substance, la cause qui provoque l'éternuement] Cet endroit maudit qui nous a tant fait éternuer et moucher (Sand, Corresp., t. 4, 1861, p. 255).Le sable y fait éternuer [à Tombouctou] comme du poivre (Morand, Paris-Tombouctou,1929, p. 109).
c) [Dans un syntagme figé] Poudre à éternuer. Substance poivrée destinée à faire éternuer. Tu te rappelles quand (...) on a soufflé de la poudre à éternuer dans le nez des voyageurs qui n'ont pas arrêté jusqu'à l'Étoile (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 178).
2. Arg. [Le suj. désigne un être hum.] Éternuer dans le panier, dans le sac, dans le son. Être guillotiné; mourir. Prends garde qu'après avoir fait éternuer les autres dans le sac, je ne t'y fasse éternuer à ton tour (Balzac, Œuvres div.,t. 1, 1830, p. 508).J'éternuerai dans le son et on me conduira ensuite au Champ de navets [Beauvillier, Mémoire (dans le Figaro du 4 août 1873)] (Sain.Lang. par.1920, p. 221).Celui qui parle ainsi, s'écria-t-il, est un f... aristocrate, que j'aurais plaisir à voir éternuer dans le panier de Samson (France, Dieux ont soif,1912, p. 254).
B.− P. anal., emploi trans., rare
1. [Le suj., être animé ou assimilé, chasse par le nez et par la bouche autre chose que de l'air] Le Léviathan qui éternue le feu et fait bouillir l'abîme comme l'eau d'un pot (Chateaubr., Fragm. Génie,1800, p. 235).
Au fig. ou p. métaph. Vous ne savez pas ce qu'est l'odeur de la tombe pour ces incrédules. Ils y éternuent leurs vices, et ils se voient bien dépouillés (Balzac, Lettres Étr.,t. 2, 1850, p. 365).Le phonographe enrhumé qui éternuait sa romance (Arnoux, Écoute,1923, p. 154).
2. P. plaisant. [Le suj. désigne une pers.]
a) [En incise] Dire (quelque chose) comme en éternuant. Pas du tout, éternua-t-il, en rebondissant comme une pelote élastique, Nisco! (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 235).
b) Fam. et imagé. Éternuer un nom (en parlant d'un nom difficile à prononcer, gén. étranger). Prononcer un nom avec tant de difficulté qu'on croit entendre éternuer (d'apr. Delvau, 1883, France 1907). Attesté ds la plupart des dict. du xixes. ainsi que ds Lar. 20e.
3. P. raillerie. [Le suj. désigne un être hum.] Produire une chose comme en éternuant. Quelqu'un a dit : La Fontaine poussait des fables. Tallemant portait des anecdotes, Pétrarque distillait des sonnets, Piron éternuait des épigrammes (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 409):
2. Alors redoublèrent prose, vers, satires, vaudevilles, couplets, caricatures, la pluie devint grêle (...). Il y eut des duels de plume et des duels d'épée. Les combattants s'exaspérèrent par le combat, la moutarde leur monta au nez, et une année durant, comme dit Piron, ils éternuèrent des épigrammes. Hugo, Corresp.,1845, p. 623.
Prononc. et Orth. : [etε ʀnɥe], (j')éternue [etε ʀny]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. xies. esternuder (Raschi, Gloses, 58 ds T.-L.); 1176-81 esternuer (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4577). Du lat. de l'époque impériale sternutare « éternuer souvent », fréquentatif du class. sternuere « éternuer ». Fréq. abs. littér. : 174. Bbg. Mellot (J.). L'Éternuement. Vie Lang. 1967, pp. 259-261. − Sain. Lang. par. 1920, p. 221.