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ESPACER, verbe trans.
A.− [Dans l'espace] V. espace1B 1 a.
1. [Avec une valeur dynamique]
a) Placer, ranger deux ou plusieurs choses de manière à laisser entre elles un espace déterminé. Le jardinier espacera régulièrement ces arbres (Ac.1835, 1878, 1932).Espacer des repiquages, des exploitations.
Emploi pronom. à sens passif. Être espacé. Puis les réverbères s'espacent davantage, plantés entre des arbres ébouriffés et grêles (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 133).Les maisons s'espacent peu à peu, jusqu'à la dernière (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 245).
Spéc., IMPR. Établir un intervalle régulier entre les lettres, les mots ou les lignes. Ce compositeur n'espace pas bien les mots (Ac.1835, 1878, Ac. 1932).Monsieur, Voici les 4 premières feuilles corrigées. Je vous recommande : 1 De ne mettre que 20 vers par page à peu près au plus. 2 D'espacer beaucoup plus les alinéas (Lamart., Corresp.,1835, p. 171).Nous pouvons espacer davantage les lignes entre elles, dans les longues mises en scène. Je tâcherai de multiplier les paragraphes (Flaub., Corresp.,1877, p. 105).
P. ext. Établir un intervalle entre les lignes d'une lettre. Peu à peu, le format de leurs lettres se raccourcit et ils espacèrent davantage leurs lignes (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 216).
b) [En parlant d'hommes] Emploi pronom. à valeur réfl. réciproque. Mettre une certaine distance, un certain intervalle entre soi et d'autres personnes. J'étendis le bras, ils [mes hommes] s'espacèrent et au pas, courbés, mais l'arme haute, prêts à épauler, ils défilèrent (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 239).
c) Au fig., vx. S'étendre, se répandre (en paroles). (Quasi-)synon. s'épancher.[Pope] nous dit que le mieux est souvent de retenir sa critique, de laisser le sot s'espacer et s'épanouir tout à son aise (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1863-69, p. 122).
[En parlant d'une faculté propre à l'homme] Dans ce domaine royal de Chambord, [l'] imagination [du maréchal de Saxe] qui était vaste avait de quoi s'espacer, mais pas assez encore (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 11, 1863-69, p. 107).
2. Au fig., littér., vx. [Avec une valeur statique; le suj. de l'action désigne une chose] Disposer sur un espace donné, étaler.
[Dans la description d'un intérieur] Dans le cabinet, un ancien meuble vert, en velours d'Utrecht, espaçait son canapé et ses huit fauteuils, style empire, aux bois raides et tristes (Zola, N. Micoulin,1884, p. 6).
Emploi pronom. à sens passif. Sur une table de marbre blanc s'espaçaient deux larges cuvettes en faïence bleue (Flaub., Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 168).C'était une vaste pièce (...) somptueusement décorée (...) Là-dedans s'espaçait et détonnait un meuble en velours grenat (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 486).
[Dans la description d'un paysage] Les longues rues du quartier Saint-Germain espaçaient des clartés tristes (Zola, Page amour,1878, p. 973).
B.− P. anal. [Avec l'idée dominante d'espace temporel] V. espace B 1 b.
1. Séparer (deux ou plusieurs choses, événements) par un intervalle de temps déterminé. Ce négociant espace ses paiements (Ac.1932) :
1. Ta lettre qui m'était arrivée un samedi soir − à pareille heure − en classe, (...) m'avait fait tant de plaisir. Mais je suis obligé d'espacer plus que je ne voudrais ces si longues lettres. (Je ne sors pas demain, un peu pour t'écrire). Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 279.
En partic. Ne pas faire coïncider. Il serait important d'espacer les deux ouvrages. Huit jours suffiraient (Hugo, Corresp.,1856, p. 240).
− Domaine des techn. mus.Espacer également les sons de tout l'accord, de manière à ne pas laisser de vide dans la région moyenne (Gevaert, Orchestr.,1885, p. 86).
2. Rendre moins fréquent. Quand le temps était mauvais, ils se tenaient clos aussi et espaçaient leurs visites (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 555).
P. métaph. [Le suj. désigne un inanimé] Ce mois de novembre nous joue le mauvais tour d'espacer la poste (Hugo, Corresp.,1866, p. 563).Le moteur battait quelques secondes, puis espaçait ses pulsations et se calait à un dernier hoquet (Arnoux, Nuit St-Avertin,1942, p. 102).
3. Emploi pronom. à sens passif. Devenir moins fréquent; s'échelonner sur un laps de temps de plus en plus long. (Quasi-)synon. se rapprocher.
a) [Le suj. désigne des phénomènes physiol., des phénomènes sonores] Ses extases perdirent leur retour et leur fréquence, s'espacèrent de plusieurs jours (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 266).Fait curieux, les migraines paternelles s'espaçaient (H. Bazin, Vipère,1948, p. 106).Wilfred sentit les battements de son cœur s'espacer dans sa poitrine, mais son visage ruisselait encore de sueur (Green, Chaque homme,1960, p. 328):
2. Aussi, après une minute, et d'autant que les sifflements [des shrapnells] s'espaçaient, il se releva et se mit à marcher dans le fossé (...) s'assurant que sa couverture, passée en bandoulière, lui recouvrait bien le cœur. Montherl., Songe,1922, p. 150.
b) [Le suj. désigne des lettres, des visites] Ses lettres s'espacent toujours davantage (Amiel, Journal,1866, p. 176).Ses visites s'y espacèrent [au salon Liverani]; puis elle n'y parut plus (Goncourt, MmeGervaisais,1869p. 167).
Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi, p. ext. et/ou p. ell., de espacer qqn « espacer ses relations avec lui; établir des distances entre lui et soi ». Sournoisement nous nous sommes détournés de Dieu comme dans le monde nous essayons d'espacer un ami trop clairvoyant et trop grave (Mauriac, Du côté Proust, 1947, p. 167). Au part. passé. Il y a [des maîtresses] que je ne vois plus qu'une fois par an... Celles que j'ai espacées ne me gênent pas (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épingles, 1888, p. 1090).
Prononc. et Orth. : [εspase] ou [-ɑse], (j')espace [εspas] ou [-ɑ:s]. Enq. : /espas, (D)/, (il) espace. Étymol. et Hist. 1. 1417 « mettre d'espace en espace, séparer par un espace » (Texte ds Coyecque, Hôtel-Dieu de Paris, I, 276 ds Delb. Notes : huit aulmoires divisées et espassées); 2. 1549 intrans. « s'étendre » espacier hors de « s'écarter de » (Du Bellay, Defense et Illustration, I, 5 ds Hug.); 1572 s'espacier hors « id. » (J. de la Taille, Saül le Furieux ds P. Rickard, La Langue fr. au XVIes., p. 184); xviiies. s'espacer « se répandre, se disperser (avec des troupes) » (Saint-Simon, Mém., éd. A. Boislisle, II, 165 ds IGLF) et au fig. « s'étendre (en paroles) sur » (Id., ibid., V, 425, ibid.); 3. 1851 « établir de moment en moment, séparer par un certain temps » (Cournot, Fond. connaiss., p. 64). Dér. de espace*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 140.