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ESCALIER, subst. masc.
A.− BÂTIMENT
1. Suite de degrés permettant de passer d'un niveau à un autre. Escalier droit, de marbre; marche d'escalier; monter, descendre un escalier. Il dégringola l'escalier quatre à quatre, et courut s'enfermer chez lui (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Lit, 1884, p. 266).Un escalier en zigzag s'élevait en tremblant au travers d'une multitude de petits paliers (Gide, Si le grain,1924, p. 414):
1. C'était comme une nef de gare, entourée par les rampes des deux étages, coupée d'escaliers suspendus, traversée de ponts-volants. Les escaliers de fer, à double révolution, développaient des courbes hardies, multipliaient les paliers... Zola, Bonh. dames,1883, p. 626.
SYNT. Le grand escalier; escalier d'honneur, de service; escalier dérobé, secret; escalier tournant, extérieur, intérieur; escalier à vis; escalier en colimaçon, en limaçon, en spirale, en vrille; escalier de (ou en) bois, de fer, de pierre; au pied, au (ou en) bas, en haut d'un escalier; cage, degré, palier, rampe d'escalier; gravir, grimper (quatre à quatre), remonter, redescendre un escalier.
P. métaph. Du fond du sommeil elle remontait les derniers degrés de l'escalier des songes (Proust, Prisonn.,1922, p. 74).Passé un certain âge, la vie est un escalier qu'on descend à reculons (Green, Journal,1942, p. 190).Je ne refuse point l'escalier des conquêtes qui permet à l'homme de monter plus haut (Saint-Exup., Citadelle,1944, p. 571).
Spéc. Escalier roulant, mécanique. Escalier dont les marches sont montées sur un mécanisme d'entraînement, qui permet, sans son propre effort, de monter ou de descendre. En arrivant à la gare de New York, voici quatre ou cinq jours, j'ai pris l'escalier roulant pour monter au niveau de la rue (Green, Journal,1942p. 238).
Rem. On rencontre le synon. escalator. Lui : L'amour me fait presque toujours penser aux escalators des grands magasins : l'un monte pendant que l'autre, parallèle, descend. Moi : Les escalators se croisent à mi-hauteur (J. Dutourd, Les Horreurs de l'amour, Paris, Gallimard, 1963, p. 518).
P. ell. Sur, sous (les marches de) l'escalier. Il respira plus librement quand il se vit sur l'escalier (Sue, Atar Gull,1831, p. 37).La petite sœur dormait sous l'escalier qui crie (Barrès, Cahiers,t. 1, 1898, p. 195).Elle se tordait de rire et était obligée de s'asseoir sur l'escalier (Renard, Journal,1908, p. 1211).
P. compar. En (forme d') escalier. Les quartiers de Thiers, dont on aperçoit les maisons en escalier (Pourrat, Gaspard,1922, p. 118).Partout des champs en escalier (Malraux, Espoir,1937, p. 826).
2. P. méton. Espace où se trouve un escalier, cage d'escalier. S'engouffrer, disparaître dans l'escalier. Un bruit de voix emplit l'escalier (Martin du G., Devenir,1909, p. 28).L'haleine d'octobre emplissait cet escalier et rappelait à Yves les relents du vestibule (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 256).
[Précédé par de] Je m'arrêtais des quarts d'heures entiers, regardant par la fenêtre de l'escalier (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 177).On avait rallumé le gaz de l'escalier (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Nuit Noël, 1882, p. 865).
[Précédé par dans] La dame mystérieuse, filant de chez le monsieur du troisième, en ne laissant d'elle, dans l'escalier, qu'un parfum évaporé de verveine (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 271).Je vous ai appelée dans l'escalier (Colette, Cl. école,1900, p. 91).
[Précédé par par] Par l'étroit escalier un souffle de musique montait (Zola, Curée,1872, p. 570).
Rem. Le plur. les escaliers est parfois employé, dans le lang. pop. ou fam. pour désigner la cage d'un escalier (cf. Littré, repris par Rob. 1955). Il (...) regardait comme un homme grossier celui qui passait sans rien dire auprès de lui dans les escaliers (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 109).
3. Loc. fig. à valeur expressive. (Avoir l') esprit de l'escalier (ou d'escalier). Trouver trop tard ses reparties. Il avait dans les yeux ces larmes qui sont si faciles aux hommes nerveux et que sèche l'esprit de l'escalier (Barrès, Appel soldat,1900, p. 488):
2. L'autre jour, avec cet esprit de l'escalier qui me caractérise, j'ai réfléchi que vous aviez été des moins explicites quant aux sommes dont Chanzy peut se reconnaître redevable envers moi. Verlaine, Corresp.,t. 2, 1886, p. 58.
B.− [P. anal. de forme] Disposition (d'éléments) en forme d'escalier. Le mont devenait très âpre, l'escalier des rochers s'allongeait indéfiniment (Hugo, Rhin,1842, p. 315).Le palais est en bas, devant un escalier d'eau qui par larges paliers descend entre les arbres (T'SerstevensItinér. esp.,1963, p. 227):
3. [Rose :] − ... Nous emmènerons, à bicyclette aussi, mes suivantes, mes trois petites sœurs (...) onze, neuf et sept ans : ça fera l'escalier derrière moi, un joli effet. Zola, Fécondité,1899, p. 540.
Loc. Faire des escaliers dans les cheveux (de qqn). Les lui couper irrégulièrement, sans respecter le dégradé habituel.
Rem. Attesté par la plupart des dict. du xxesiècle.
P. anal. de disposition et p. métaph. Redescendant aussitôt, quatre à quatre, l'escalier des sons (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 100).
Prononc. et Orth. : [εskalje]. Enq. : /eskalje/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1531 escallier « suite de degrés, de marches » (Comptes des bâtiments du roi, éd. L. de Laborde, t. 1, p. 210). Empr. par la voie écrite (le mot désigna d'abord les escaliers de pierre caractéristiques de la Renaissance, puis remplaça peu à peu degrés* et montée* ds la lang. commune) au prov. escalier (dep. 1188, scalerium ds une charte lat. de Montpellier ds Du Cange; v. autres attest. prov. des xiiieet xives. ap. K. Jaberg ds R. Ling. rom. t. 6, p. 108, note 1 et ds Rayn.; cf. judéo-fr. esjaliere, fr.-prov. eschalier ds FEW t. 11, p. 270 et ap. K. Jaberg, loc. cit., p. 111, n. 3) issu du b. lat. scalarium « escalier », attesté dans des inscriptions (v. K. Jaberg, loc. cit., p. 106) et formé par substantivation à partir de l'adj. scalaris « appartenant à l'escalier » (cf. scalaria, plur. « escalier » chez Vitruve), dér. de scala « échelle » et « escalier »; un emprunt direct au lat. impérial de Vitruve (K. Jaberg) ne convient pas : lat. -arium > -aire dans les emprunts sav. V. K. Jaberg ds R. Ling. rom. t. 6, pp. 96-113 et FEW t. 11, pp. 270-272. Fréq. abs. littér. : 6 789. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 463, b) 12 614; xxes. : a) 11 400, b) 9 742. Bbg. Archit. 1972, p. 37; pp. 40-41. − Cagnon (M.), Smith (S.). Le Vocab. de l'archit. en France de 1500 à 1550. Cah. Lexicol. 1971, t. 18, p. 108. − Piron (M.). Les Belgicismes lexicaux. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, p. 300.