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ERMITE, subst. masc.
A.− RELIG. Religieux retiré, pour un temps limité ou jusqu'à sa mort, dans un lieu désert, pour y mener une vie de piété et de mortification. (Quasi-)synon. anachorète, solitaire; (quasi-)anton. cénobite.Un ermite réfléchit, la tête dans ses deux mains, au fond d'une grotte (Huysmans, À rebours,1884, p. 84):
1. L'ermite qui vit au fond du désert n'est pas à ce point retranché du monde, car il ne s'est enfermé dans la solitude que pour prendre sur lui, avec lui, toute la misère des autres, pour avoir la charge des âmes qui s'agitent dans le tumulte : il n'a pas fui la réalité pour qu'elle ne le trouble plus, mais s'y est enfoncé davantage. Massis, Jugements,1924, p. 200.
[En constr. d'appos. avec valeur d'adj.] Religieux ermite. Il y a eu quelques congrégations de femmes ermites : les hiéronymitines (1375); les sœurs ermites de Saint-Ambroise; les sœurs ermites théatines (1623); les sœurs ermites clarisses ou alcantarines (1631) (Théol. cath. t. 1, 1 1909).
P. ext. Religieux vivant en communauté, mais isolé dans une cellule. Ermites de St Augustin, de St Jérôme, de St Antoine (Lar. encyclop.). Moines bouddhistes ou ermites taoïstes, menaient une vie contemplative dans des monastères situés dans des recoins peu fréquentés et difficiles d'accès de la montagne (Philos., Relig., 1957, p. 5407).
Rem. La docum. atteste le subst. fém., rare, ermitane. La première ermitane de la grotte fut sainte Madeleine (Arène, Calanque, 1896, p. 173).
B.− P. anal.
1. Personne qui vit solitaire, à l'écart du monde. Les paroles de cette femme âgée, frémissante de cette douleur humaine à laquelle sa vie d'ermite intellectuel l'[le savant] avait si peu habitué, touchaient en lui des fibres autres que celles de l'orgueil (Bourget, Disciple,1889, p. 59):
2. Il [Duparc] y est demeuré [à Monein] plusieurs années, fuyant Paris et la gloire, enveloppé de solitude, tout heureux d'avoir rencontré un ermite [Bordeu] de sa sorte dans ce voisin, de race comme lui, qui lui lisait sa prose et qui savait causer. Jammes, Mém.,1922, p. 173.
Loc. verbales, fam.
Vivre en ermite/comme un ermite. Vivre dans la solitude. Nous voulions aller vivre comme des ermites dans une solitude rustique (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 47).Je m'étais imaginé que tu menais une vie d'ermite (Abellio, Pacifiques,1946, p. 102).
Se faire ermite. Vivre dans la solitude; se convertir; revenir de ses égarements. Elle [Madame] s'était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 9, 1851-62, p. 68).Proverbe. Quand le diable est vieux, il se fait ermite. ,,Un vieux pécheur se convertit alors que l'âge lui interdit les plaisirs`` (Littré). Quand l'âge vient, le diable se fait ermite et se remémore les folies de sa jeunesse; mais tant qu'il agit, il réfléchit peu (Mauriac, Journal occup.,1944, p. 327).[P. allus. à ce proverbe] Le diable fait ermite peut avoir des retours terribles. Le certain est que jusqu'à la mort, le poète [Racine] ne put retenir sa malice (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 210).Votre héros (...) est un diable qui se fait ermite. Il escompte d'avance les petits bénéfices de sa conversion (Gracq, Beau tén.,1945, p. 149).
2. Arg., lang. pop. Ermite. ,,Voleur des grands chemins. Ainsi nommé parce qu'il opère généralement seul. On dit aussi un solitaire`` (Ch. Virmaitre, Dict. arg. fin. de s., 1894, p. 105).
Rem. La docum. atteste a) Érémitique, adj. α) Relig. Qui se rapporte, qui convient aux ermites. Dans les longues disettes de son château de la faim, il s'était de longue main rompu aux abstinences érémitiques (Gautier, Fracasse, 1863, p. 63). Le passage de la vie pratique à la vie mystique, de la vie privée à la vie publique, de la vie sociale à la vie érémitique (Gracq, Beau tén., 1945, p. 143). β) P. anal. Ascétique, solitaire. Cette vie érémitique qui obligeait une malheureuse mourant de soif à hausser la tête, à se tendre toute vers le rafraîchissement éternel (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 212). b) Érémitisme, subst. masc. Mode de vie propre aux ermites. L'historien de l'érémitisme découvre avec étonnement que la fuite au désert ne sépare pas l'homme de la société : devant Dieu, le contemplatif assume toute l'humanité (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 34).
Prononc. et Orth. : [ε ʀmit]. Ds Ac. 1762-1932. Ds Ac. 1835, on admet également hermite, graph. faussement étymol. Cf. Besch. 1845 et Littré : ,,doit s'écrire sans h, parce que le grec a l'esprit doux``. Fér. Crit. t. 2 1787 juge qu'elle est la plus commune alors que le reste des dict. gén. qui l'enregistrent, la considèrent gén. comme vieillie. Cf. Lar. 19e-Lar. 20e. Étymol. et Hist. Ca 1120 ermite (S. Brendan, éd. E. G. R. Waters, 75). Empr. au lat. chrét. eremita « ermite », gr. ε ̓ ρ η μ ι ́ τ η ς « du désert ». Fréq. abs. littér. : 673. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 063, b) 793; xxes. : a) 367, b) 455.