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ERGOT, subst. masc.
A.− SC. NAT.
1. ZOOL. Appendice corné placé derrière le tibia ou le tarse de certains animaux.
a) [Chez les oiseaux et particulièrement chez les coqs] Doigt abortif, petit ongle pointu servant d'arme offensive. Ses ergots très-forts, sont préparés cependant pour tout autre chose que pour le combat (Michelet, Oiseau,1856, p. 186).Comme un ergot de coq de combat (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 375):
1. Les poules se disputèrent surtout les pissenlits, avec une telle voracité, une telle rage d'ailes et d'ergots, que les autres bêtes de la basse-cour entendirent. Alors, ce fut un envahissement. Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1458.
P. anal.
[En parlant d'une pers.] Se dresser, monter sur ses ergots.
Se dresser sur ses pieds, se grandir pour se mettre en valeur. En voilà une de corsée, disait-elle, en voilà une de posée sur ses ergots (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 78).Allongeant ou rétractant les membres, se dressant sur les ergots, exposant aux regards de tous sa jambe qu'il [le lutteur] avait toujours belle, et bombant ses reins encore incomparables, il voulait qu'on l'admirât, il exigeait qu'on l'applaudît (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 195).
Au fig. Prendre une attitude fière et menaçante, être prêt à la riposte. J'ai trouvé ça, moi, dit Grandet en se dressant sur ses ergots (Balzac, E. Grandet,1834, p. 91).Minna, irritée, se dressait sur ses ergots pour répliquer (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 204).
[En parlant du démon; p. réf. à l'iconogr. pop., qui représente celui-ci avec des pattes de gros oiseau] Le démon m'avait imprimé son ergot au front (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 185).
b) [Chez les mammifères à sabots] Formation cornée placée à l'arrière du boulet. Leurs pieds fourchus [des bœufs et des vaches] par l'écartement de leurs ergots entrent difficilement dans la terre, et de plus ils ont au-dessus et en arrière deux autres ergots en appendices (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 245).
c) [Chez les carnivores et particulièrement le chien] Griffe qui se trouve à l'extrémité du cinquième doigt abortif. Son amble [de la chienne] nonchalant agitant à ses pattes de derrière, comme des pendeloques, ses doubles ergots (Colette, Cl. à l'école,1900, p. 231).
2. BOT. Champignon en forme de petite excroissance pointue qui parasite les épis de certaines céréales et constitue un danger pour qui le consomme. Ergot de blé, de seigle. La présence dans la farine d'ergot de seigle, de « lathyrus sativus » a pu être l'origine d'accidents graves d'ergotisme et de lathyrisme (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 251).Certaines spécialités à base d'ergot de seigle (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 101):
2. Quand les blés ont la maladie. Et surtout les seigles. Cet ergot, cette carie du seigle, cette affreuse Pourriture sèche qui empoisonne Qui ose empoisonner le pain même. Péguy, Porche Myst.,1911, p. 283.
Rem. Dans ce domaine, la docum. atteste plusieurs subst. de la même famille. a) Ergostérol, subst. masc. Stérol répandu dans les végétaux et notamment dans l'ergot de seigle, qui peut se transformer en vitamine D sous l'influence des rayons ultraviolets. L'action préventive de l'ergostérol, extrait de l'ergot de seigle, a été remarquée par Tanret en 1889 (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 687). b) Ergotisme, subst. masc. Intoxication par du seigle ergoté (supra Macaigne, loc. cit.).
B.− P. anal.
1. ANAT. HUM. Ergot de Morand (dans la cavité des ventricules latéraux du cerveau). ,,L'Ergot de Morand, petit hippocampe ou calcar avis, saillie résultant du refoulement en dedans de la vésicule hémisphérique`` (Gérard, Anat. hum., 1912, p. 329).
2. TECHNOL. Petite pièce faisant saillie et destinée à servir de butée. Quand les ergots de la came touchent le contact, ils le ferment et un courant circule (Berkeley, Cerveaux géants,1957, p. 107).Une barre à mine munie à son extrémité de deux ergots situés de part et d'autre de la barre en sens opposé (Lambertie, Industr. pierre et marbre,1962, p. 53).
Prononc. et Orth. : [ε ʀgo]. Enq. : /eʀgo/. Ds Ac. 1694-1932. Ac. 1694 indique également argot, mais d'un usage moins commun (c'est une très anc. forme que Littré indique encore pour le Berry et le Genevois). Homon. ergo. Étymol. et Hist. I. Ca 1175 argoz « apophyse cornée située à l'arrière des pattes de certains animaux » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 11711); ca 1440 fig. dancer sur les ergos (Martial d'Auvergne, Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 1643). II. a) 1651 arboric. argot (Bonnefons, Le Jardinier françois, p. 27); b) 1676 agric. Sologne ergot (Lettre de M. Dodart de l'Académie Royalle des Sciences ds Fr. mod. t. 18, p. 235); 1721 (Trév.). Orig. obsc. (FEW t. 22, 2, p. 13 et t. 21, p. 120 pour II b), peut-être à rattacher à une racine pré-romane *arg- désignant des choses pointues (cf. Hubschmid ds Z. rom. Philol., t. 71, p. 243, note 1 et Thes. praerom. II, 161). Fréq. abs. littér. : 58.
DÉR.
Ergotine, subst. fém.,chim. et pharm. Extrait d'ergot de seigle utilisé comme hémostatique et jadis, en obstétrique, pour accélérer l'accouchement. M. Michon (...) ordonna de l'ergotine, de la consoude (Michelet, Journal,1860, p. 519).Les sages-femmes hindoues utilisent, en guise d'ergotine, le verre pilé dans la bouse de vache (Sartre, Nausée,1938, p. 93). [ε ʀgɔtin]. Ds Ac. 1932. 1reattest. 1836 (Ac. Suppl.); de ergot terme d'agric., suff. -ine*. Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. − Nigra (C.). Metatesi. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 6. − Rog. 1965, p. 41. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 139.