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ENTRE-, préf.
I.− Entre- a un sens local.
A.− Entre- + verbe
1. Entre- + verbe signifiant « ouvrir » ou « fermer ».Entre- signifie « en créant un petit intervalle » et p. ext., « un peu, à peine » : entrebailler, entrouvrir, entre(-)fermer.
Entre- signifie « par intervalle » : entrecouper, entrelarder et :
entre-sauter. Le cœur me fendit. J'essayai d'ouvrir les lèvres pour lui dire bonjour et adieu, au moins sans rancune; mais je ne pus pas, la poitrine m'entre-sautait (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 478).
2. Entre- + verbe impliquant une perception.Entre- signifie à la fois « au travers de » et, par effet de sens, « à peine, fugitivement ». V. entr'apercevoir, entrelire, entreluire, entrevoir et :
entr'apparaître. Enfin, au milieu de ces femmes voilées, Marie-Ange en blanc, entr'apparaissait de loin en loin, telle une pâquerette entre des termitières (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 102).
[Avec des verbes de sens abstr. :]
entre-savoir. Dans la mesure où le je-ne-sais-quoi nous donne le quod à entrevoir ou à entre-savoir (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 102).
entre-vivre. Car le fait-que n'est pas donné pour être su, ni même vécu, mais entrevécu (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957p. 58).
B.− Entre- + subst.
1. Le composé désigne la jointure des deux cuisses, de deux doigts, du bras au tronc, etc. V. entre-cuisse, entrejambe et :
entre-bras. Il regarde la poitrine de Julia, les jeunes épaules, les poils qui frisottent hors de l'entre-bras (Giono, Gd troupeau,1931, p. 149)
entre-doigt. Il n'a pas [le petit goéland] du tout la peau d'entre-doigts (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 185).Cette petite herbe lui suce l'entre-doigt avec ses langues froides (Giono, Gd troupeau,1931p. 144)
entrefesson. « Le périnée ». On doit présentement beaucoup suer dans l'entrefesson, sur le boulevard? (Flaub., Corresp.,1861, p. 269)
entre-seins. L'ombre secrète de son entre-seins (Goncourt, Journal,1867, p. 392)
2. Le composé désigne un espace déterminé par deux choses de même nature entre-fenêtre, entrefer, entrepont, entresol et :
entre-créneaux. Des entre-créneaux penchés, qui ne doivent leur précaire existence qu'aux branches vivaces et nerveuses du lierre (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 220)
entre-marches. « Partie montante entre deux marches ». La faible hauteur des entre-marches et (...) la largeur des degrés (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 20)
entre-solives. Les innombrables interstices et les incomptables fentes qui fissuraient les entre-solives (Malègue, Augustin,t. 1, 1933p. 198)
entre-strophes. Il ne faut compter, à cause des alinéas, des chiffres et des entre-strophes qu'environ 20 vers par page (Hugo, Corresp.,1853, p. 164)
entre-voie. « Espace compris entre les deux rails intérieurs de deux voies ferrées ». Lorsque le cheval doit pouvoir repasser la tête en queue du convoi, il est nécessaire de laisser à l'entre-voie une largeur suffisante (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 696).
II.− Entre- marque la réciprocité.
A.− [Le composé est un verbe.]
[Le verbe a un suj. de l'animé :]
entr'aimer (s') .Jamais noce ne fut si joyeuse jamais gens si heureux, de longtemps s'entr'aimant, s'étant promis d'enfance (Courier, Pamphlets pol.,1823, p. 181)
entre-appeler (s'). Elle et sa sœur s'étaient promis de s'entre-appeler aussitôt que l'une aurait devancé l'autre (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 37)
entre-assassiner (s'). Tout le monde s'entre-assassinait peu ou prou (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 200)
entre-baiser (s'). En ce point vague de l'espace Où le ciel et les flots amers S'entre-baisent dans les jours clairs (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 121)
entrebattre (s'). Voir les puissances européennes s'entrebattre n'a rien que d'agréable pour des hommes d'état orientaux (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1855, p. 237)
entreblesser (s'). La manière dont s'entreblessent deux femmes, fussent-elles amies en apparence ou même en réalité (Amiel, Journal,1866, p. 374)
entre-crier (s'). Les gens s'entre-crient, le nez à leur porte : « il doit en faire un temps dans la montagne » (Pourrat, Gaspard,1925, p. 85)
entrefuir (s'). Les hommes s'entrefuient et les goûts de chaque âge amènent la dispersion de tous les co-habitants (Amiel, Journal,1866p. 181)
entre-haïr (s'). Garde ta lyre à l'espérance et laisse-les s'entre-haïr (Lamart., Corresp.,1830, p. 74)
entrejuger (s'). Les âmes infaillibles se sont entrejugées (Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 122)
entremanger (s'). Il a fait les hommes qui s'entre-mangent (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Moiron, 1887, p. 1149)
entre-poignarder (s'). Les théâtres du boulevard du crime où, pendant la soirée, s'étaient entre-poignardés à l'envi tous les Médicis, tous les Salviati (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 216)
entre-supporter (s'). Une famille dont les individus s'entre-supportent mutuellement (Bern. de St-P., Harm. nature,1814, p. 57)
entrevisiter (s'). On s'entrevisitait, on se donnait des fêtes (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 187)
entrexaminer (s'). Les gosses s'entrexaminent et se lancent des boulettes de papier ou des bouts de sucette gluants (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 38).
[Le verbe a un compl. d'obj. :]
entredonner (s'). Je ne serais pas surpris que mes malheureux compagnons l'employassent à s'entredonner la mort (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 482).Aux coups que leurs voisins peuvent s'entredonner (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville]1851, p. 167)
entr'offrir (s'). Les économies que les Parisiens font pour s'entr'offrir des étrennes ou s'offrir certains petits plaisirs (Bloch, Dest. S.,1931, p. 124)
entrepartager (s'). Ses amis Suisses qui, privés du superflu, s'entrepartageaient le nécessaire (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 123).
[Le suj. est de l'inanimé :]
entre-adapter (s'). Cette description révèle nécessairement des unités inégales; elles ne s'entre-adaptent pas simplement les unes aux autres sous la loi du prix, elles s'entre-influencent et s'entremodifient les unes les autres (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 194)
entrecouvrir (s'). Les apophyses obliques, qui s'entrecouvrent comme des tuiles (Cuvier, Anat. comp.,t. 1, 1805, p. 175)
entre-déduire (s'). Quantités algébriques qui s'entre-déduisent (Proudhon, Propriété,1840, p. 315)
entre(-)détruire (s').(entre détruire , entre-détruire ) Des systèmes qui s'entredétruisent (Cousin, Hist. philos. XVIIeS.,1829, p. 28)
entr'engager (s'). Si le cœur et la chair ne s'entr'engageaient point (Gide, Si le grain,1924, p. 552)
entre-frotter (s'). Il y a aussi des femmes qui ont les genoux rentrés, si bien qu'ils s'entre-frottent à chaque pas qu'elles font (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Fen., 1882, p. 886)
entretisser (s'). Dont les trames s'entretissent (Valéry, Variété I,1924, p. 77)
entrevaloir (s'). Ces deux mariages (...) s'entrevalent (Mallarmé, Corresp.,1862, p. 55).
Rem. 1. Le composé est toujours à la forme pronom. Seule exception : entrelier. Averties par un secret instinct de leur grâce à entrelier leurs mouvements, elles se montraient constamment enlacées (France, Pt Pierre, 1918, p. 96). D'une nation à l'autre, les firmes sont entreliées par les prix et les flux de marchandises et de capitaux (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 590). 2. Le verbe de base doit admettre la constr. pronom. L'ex. suiv. est agrammatical. Leurs têtes se touchaient, leurs mains se mêlaient, ils s'entre-riaient (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 251).
B.− [Le composé est un subst. verbal] V. entrechoc, entrechoquement, entrecoupement, etc. et :
entreclaquement. Toujours un oiseau qui chante et dont le chant est dans ce silence comme le bourdon de Notre-Dame; et au loin, l'entreclaquement imperceptible de branches d'arbres (Goncourt, Journal,1890, p. 1134)
entre-possession. La victoire de l'homme sur la femme et l'entre-possession de l'égoïsme et de la jalousie (Claudel, Part. midi,1906, III, p. 1056).
Rem. Noter l'évocation au xixes. du vx mot entreparleur. « Interlocuteur ». Écrire ce grand nom au catalogue de comédiens oubliés, entre-parleurs (comme on disait alors) dans des pièces encore peu oubliées (Chateaubr., Litt. angl., t. 1, 1838, p. 269). Les entreparleurs, nous dit Pasquier, sont tous hommes de nom; les Jodelle, les Remi Belleau, les Jean de La Péruse, y prennent eux-mêmes les rôles principaux; et, quand le dernier acte s'est terminé au milieu des applaudissements, auteurs et acteurs partent gaîment pour Arcueil (Sainte-Beuve, Poésies, 1829, p. 209).
Vitalité et productivité. Au sens spatial, le préf. entre- n'a une productivité rel. en fr. mod. que pour les subst. En revanche entre- marquant la réciprocité, sans connaître la même disponibilité qu'en moy. fr., est resté un type de formation très vivant au xixes. Il semble, d'apr. les formations relevées dans le corpus littér. du TLF, dont on a donné ci-dessus un large échantillon, que sa productivité soit plus faible au xxes. Gilb. 1971 ne signale comme néol. que le subst. entre-dévorement.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃:tʀ ̥-]. I.− Trait d'union, apostrophe (pour rappeler au lecteur les 2 composants du mot tout en marquant leur union) ou soudure. A.− Devant voyelle. Il y a traditionnellement élision du e qu'on remplace par une apostrophe. Dans certains cas l'apostrophe est supprimée et les 2 termes sont soudés. Ex. entr'aimer/entraider. B.− Devant consonne. On rencontre, logiquement, un trait d'union qui s'efface progressivement au profit de la soudure. De même que pour contre- aussi bien pour la suppression de l'apostrophe (A) que pour celle du trait d'union (B) il ne semble pas, à priori, exister de règle précise. On peut, à la rigueur, avancer que plus un terme est courant, plus la soudure est attestée tôt dans les dict. dont Ac. au fil des éd. successives. Si l'on compare entr'aimer (littér.) et entraider (cour.), le 1ergarde l'apostrophe encore ds Ac. 1932 alors que le second la voit disparaître dès Ac. 1878. N. Catach, J. Golfand, R. Denux Orth. et lexicogr., Paris, Didier, t. 1, 1971, p. 71, observe : ,,Il semble même (...) qu'un scrupule tardif fasse parfois revenir à l'orth. ancienne d'une édition à l'autre`` (sans justification). Effectivement, on relève entrechoquer, soudé de 1694-1740, avec un trait d'union de 1762-1878 et, à nouveau, soudé en 1932; entremanger, soudé ds Ac. 1718 et 1932, avec un trait d'union ds Ac. 1740-1878; entretailler, soudé ds Ac. 1694-1740 puis 1932, avec un trait d'union ds Ac. 1762-1878. Ceci correspond, peut-être, à une tendance générale de Ac. qui, ignorant le trait d'union dans les premiers temps, l'utilise assez facilement ensuite pour entériner finalement la tendance mod. à la soudure. N. Catach, op. cit. est, elle-même, très favorable à la soudure sauf dans des cas extrêmes où celle-ci est impossible pour des raisons graph. Ex. entre-deux-guerres dans lequel on ne peut supprimer x. Il s'agit, en outre, d'un composé de 3 éléments, difficile à souder. Pour ces cas N. Catach, (ibid.) propose de laisser des blancs. Lorsque entre- est suivi de h aspiré, elle ne voit pas de difficultés à souder, la juxtaposition de e et de h aspiré se rencontrant, ailleurs, en fr. Ex. entrehaïr, entreheurter. Noter, toutefois, que ds les ex. qu'elle donne, ahaner, compréhension, prohiber, souhaiter, la voyelle qui précède h n'est pas [ə] muet. II.− Plur. des composés subst. Entre- étant un adv., seul le 2eélément, d'origine nom., reçoit la marque du plur. Ex. des entreponts, etc.
BBG. − Darm. 1877, p. 139. − Quem. Fichier (s.v. entrefermer).