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ENTORTILLER, verbe.
I.− [Avec un compl. second] Donner à (un objet long et souple) une forme tordue en le mêlant à un autre objet.
A.− [Avec un compl. second introduit par dans]
1. Emploi trans. [Le compl. dir. désigne une chose] Envelopper (quelque chose) dans un objet souple qu'on tortille. Entortiller un bonbon dans du papier; entortiller un greffon dans du chiffon. Puis il entortillait les maigres jambes d'un vieux prêtre dans les plis de sa soutane (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 25).On roulait en anneau la mèche de cheveux que l'on entortillait ensuite dans un papier très léger (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 71).
2. Emploi pronom. S'envelopper dans un objet souple en le serrant par de nombreuses torsions.
a) Domaine concr.
[Action volontaire du suj.] Le soldat s'entortilla dans son manteau. Synon. s'envelopper, s'emmitoufler.Dans ses jupons aussi Je sais qu'on s'entortille (Béranger, Chans.,t. 1, 1829, p. 42).
[Action non-volontaire du suj.] S'entortiller dans sa jupe. Synon. s'emmêler.Plus lunatique que la chèvre, il [Feuerstein] s'entortille dans son propre licol (Arnoux, Chiffre,1926, p. 91).J'ai craint, en l'ouvrant trop tôt, de m'entortiller dans mon parachute (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 293).
b) Domaine abstr.S'entortiller dans ses phrases. Synon. s'embrouiller.Le docteur cherchait à répondre et s'entortillait dans de grandes phrases (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 307).Pourvu que je ne m'entortille pas dans ce que je veux dire (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 135).
3. Au fig. [Le compl. dir. désigne une pers.] Retenir captif dans quelque chose de compliqué, d'inextricable. Entortiller qqn dans une sale affaire. Synon. embobeliner, emberlificoter, enjôler.Une fois le livonien entortillé dans les cordes de la procédure commerciale, il s'agissait d'arriver au payement (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 64):
1. Cela me fait penser (...) à toutes les dames de volupté, enchanteresses, magiciennes d'amour, qui entortillent les hommes dans le réseau de leurs attractions. Amiel, Journal intime,1866, p. 366.
B.− [Avec un compl. second introduit par de indiquant le moyen]
1. Envelopper (quelqu'un ou quelque chose) avec quelque chose que l'on tortille. Il entortille le paquet d'une ficelle. Prenez du chanvre, trempez-le dans de la poix, entortillez-en la pointe de vos flèches (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 172).Puis on vous entortille de serviettes, on vous roule un turban autour de la tête (About, Grèce,1854, p. 412).
Emploi pronom. S'entortiller les pieds de paille. Comme il faisait froid, John s'entortilla le visage avec un gros cache-nez (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 213).
2. [Le compl. de moyen désigne une réalité abstr.] Je me suis chargé d'entortiller la chose de précautions oratoires (Flaub., Corresp.,1852, p. 377).Je me suis laissé séduire par un gueux d'homme qui avait abusé de mon innocence pour m'entortiller de belles promesses (Feydeau, Dame Maxim's,1914, I, 6, p. 10).
C.− [Avec un compl. second introduit par autour, après]
1. Tortiller (quelque chose) autour d'un objet ou le tortiller avec cet objet. Entortiller une corde autour d'un tronc; entortiller du raphia autour d'une gerbe. Anton. détortiller, désentortiller.[Il] ôte des boyaux et des viscères qui pendent, entortillés autour des poutres (Barbusse, Feu,1916, p. 315).Et il lissait ses longues moustaches et les entortillait autour de son doigt (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 148).
2. Emploi pronom. Se tortiller autour de quelque chose. Le chèvre-feuille s'entortille autour des arbres. Grandes cloches blanches doucement odorantes qui s'entortillaient après les joncs (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 195).Ils [les serpents] se rencontrent, s'entortillent les uns autour des autres (Genevoix, Raboliot,1925, p. 129).
Au fig. Je vais m'entortiller une vilaine affaire autour du corps (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 447).
II.− [Sans compl. second.]
A.− Rendre tortillé; donner à quelque chose une forme serrée, par de nombreuses torsions. Entortiller son mouchoir. Synon. tortiller.Il [Garguille] (...) tendait ses doigts reptiliens, les repliait, les enroulait, et les entortillait selon mille figures savantes (Magnane, Bête à concours,1941, p. 236).
Emploi pronom. Le serpent familier (...) vint s'entortiller à ses pieds (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 275).Je sais aussi qu'il est incomparable pour débrouiller le fil téléphonique quand celui-ci s'est entortillé (Montherl., Fils personne,1943, III, 3, p. 323).
P. métaph. et en emploi part. passé adj. [En parlant du style] Embrouillé, emberlificoté, tarabiscoté (fam.). Ce n'est pas avec des mots ronflants et des idées entortillées que l'on gagne les âmes (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1899-1926, p. 69).
B.− [Le compl. désigne une pers.] Tromper, abuser en égarant par des paroles, des comportements incompréhensibles. Elle l'a complètement entortillé. Synon. embobeliner, enjôler, emberlificoter.Réfléchissez bien avant de parler; ils viennent pour nous entortiller (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 339).Pour mieux amadouer et entortiller son monde, il [Sylla] faisait apporter une collation (L. Daudet, Sylla,1922, p. 238):
2. Ah! la comédie, la grosse caisse, le fifre, les galons, les plumets, quelle belle chose pour entortiller les Français! Erckmann-Chatrian, Hist. d'un paysan,t. 2, 1870, p. 454.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. entortilleur, euse, fam. Personne qui entortille les gens. Un entortilleur de première. Ah! vieille ficelle, va!... Entortilleur! (Peter, Debussy, 1931, p. 180). Entortilleur de phrases. Écrivain dont le style est entortillé (cf. Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 306).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃tɔ ʀtije], (j')entortille [ɑ ̃tɔ ʀtij]. Enq. : /ãtoʀtij/ (il) entortille. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 « envelopper quelque chose que l'on tortille pour serrer ou pour fermer » (Renart, éd. M. Roques, br. XI, 12409 : Il en i ot entorteilliez); 2. 1680 entortiller son stile (Rich.); 3. 1831 « circonvenir, séduire quelqu'un » (Balzac, Peau chagr., p. 150 : se serait laissé entortiller dans les pièges d'une intrigue). Étant donnée l'ancienneté du mot et l'existence de l'esp. entortijar (cf. aussi roum. intortochia, cat. entortellar), plutôt issu d'un lat. vulg. *intŏrtĭliare, dér. de l'adj. lat. tŏrtĭlis « tortillé, qui s'enroule », formé sur le supin tortum de torquere « tourner, tordre » que dér. de entort, part. passé du verbe a fr. entordre, chaque correspondant s'étant dans ce cas formé indépendamment dans chacune de ces lang. (v. REW3, no4506). Fréq. abs. littér. : 189. Bbg. Guiraud (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. − Långfors (A.). Notes lexicogr. Neuphilol. Mitt. 1940, t. 41, pp. 97-117. − Prigniel (M.). Entourlouper, entourloupe, entourloupette. Fr. mod. 1971, t. 39, p. 347, 349.