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ENRAGER, verbe.
A.− Emploi intrans.
1. Vx. Avoir la rage. Cet homme a été mordu d'un chien, et il court le risque d'enrager s'il ne fait pas des remèdes (Ac.1798-1878).
2. Au fig. Enrager de
a) Vx. Être tourmenté d'un violent désir. Comme je fus (...) à table jusqu'au ventre, pendant que les excellences, altesses, majestés enrageaient de faim (Courier, Lettres Fr. et It.,1808, p. 761).
b) Éprouver un vif déplaisir, un violent dépit de quelque chose. Enrager de jalousie. Synon. bisquer, écumer, fulminer, fumer, râler (pop.), rager :
1. En vain il faisait belle jambe, se rengorgeait comme un pigeon pattu, tournait du doigt les boucles de sa perruque, montrait son solitaire et découvrait ses dents jusqu'aux gencives; il ne produisait plus d'effet, et il eût pensé enrager de dépit, si « la dama tapada » n'eût été à son poste, le couvant du regard, répondant aux clins d'yeux qu'il lui adressait par de petits coups d'éventail sur le bord de la loge et autres signes d'intelligence amoureuse. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 252.
Emploi abs. Lorsqu'un de nous enrage, il a du moins la ressource d'envoyer au diable celui qui l'irrite (Hugo, Rhin,1842, p. 198).
En périphrase factitive. (Quasi-)synon. fâcher, tourmenter.Une petite fille (...) que Léonce taquinait beaucoup. (...) Léonce lui disait qu'elle était laide, pour la faire enrager, et elle enrageait si bien qu'elle pleurait de colère (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 329).Le vilain! il fait enrager son papa! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 62).
B.− Emploi trans. [Le suj. désigne gén. un inanimé abstr.]
1. Mettre (quelqu'un) en rage, en colère. Enrager le/ son monde. J'avais gardé mon sang-froid, mais tant de misères m'enragent! (Borel, Champavert,1833, p. 240):
2. Edwige Légaré s'était attaqué seul à une souche; une main contre le tronc, de l'autre il avait saisi une racine comme on saisit dans une lutte la jambe d'un adversaire colossal, et il se battait contre l'inertie alliée du bois et de la terre en ennemi plein de haine que la résistance enrage. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 67.
Emploi pronom. à valeur subjective. On se tait, mais on s'enrage devant ce patriotisme menteur prêché par des dilettantes qui, par respect de leur propre intellectualité, ont commencé par se soustraire au devoir militaire (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 336).
P. métaph. De gros obus s'enragent à gauche contre un fragile moulin de bois. Ils éventrent la prairie jusqu'au fond noir des eaux (Giono, Gd troupeau,1931, p. 242).
2. P. ext. Exciter au plus haut point. Des réponses discrètes et mystérieuses propres à tourner la cervelle et à enrager la curiosité de ces jeunes veaux (Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863p. 184).
En partic., dans le domaine sensuel :
3. Les soirs humides, lorsque Paris mouillé exhalait une odeur fade de grande alcôve mal tenue, elle savait que ce temps mou, cette fétidité des coins louches enrageaient les hommes. (...). C'était comme un coup de folie charnelle passant sur la ville. Zola, Nana,1880, p. 1313.
Emploi pronom. à sens passif. Elle refusait, elle refusait encore! C'était pour lui une stupeur, une lutte où son désir s'enrageait (Zola, Bonh. dames,1883, p. 706).Le père, à partir de cinq heures, s'enrageait au lit (Zola, Germinal,1885, p. 1259).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. enrageant, ante, en emploi adj., fam. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui met en rage, en colère. Synon. agaçant, lancinant, rageant. Peu de choses sont plus enrageantes que la recherche inutile d'un objet égaré (Amiel, Journal, 1866, p. 256). Enrageant obstacle que celui des êtres! (Montherl., Reine morte, 1942, III, 4, p. 211).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃ ʀaʒe], (j')enrage [ɑ ̃ ʀa:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend un e devant a et o pour conserver la prononc. de : j'enrageai(s), nous enrageons. Étymol. et Hist. 1160 « devenir enragé; perdre le sens » (Eneas, 5800 ds T.-L.). Dér. de rage*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 386. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 343, b) 539; xxes. : a) 1 060, b) 421.