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ENLISER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance.
a) [Le suj. désigne une pers.] Enliser une voiture dans une ornière. Marthe, excitée, se penche sur son volant, et enlise deux roues de l'auto (Coletteds Lar. Lang. fr.).
Au passif [Le suj. désigne un véhicule] Des chevaux de gros trait boulonnais ou flamands (...) capables (...) de désembourber une charrette enlisée jusqu'au moyen (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 168).
b) [Le suj. désigne un élément naturel] Faire s'enfoncer dans un sol sans consistance. La campagne n'est qu'un désert de neige, qui a failli enliser nos chevaux (Montherl., Maître Sant.,1947, III, 3, p. 646).
Emploi abs. :
1. C'était un de ces jours redoutables où la grève, plus mobile et plus avide encore que de coutume, dévore le voyageur imprudent qui se confie au sol sans le sonder. Le sable enlisait, comme on dit communément, et le glas du clocher avait annoncé déjà deux ou trois accidents. Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 89.
2. P. métaph. ou au fig. Mettre et maintenir dans un état d'inertie. (Quasi-)synon. paralyser.L'on vous assure qu'elle [Susannah Jackson] est pareille aux sables mouvants : elle enlise le système nerveux (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 134).Les républicains espagnols enlisés dans le réformisme (Abellio, Pacifiques,1946, p. 35).Le même parti pris de renoncement enlisait l'escadre française d'Alexandrie (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 150).
B.− Emploi pronom. à sens passif
1. S'enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance. Une grande partie du doublage en cuivre put être arrachée, de la coque, qui, chaque jour, s'enlisait davantage (Verne, Île myst.,1874, p. 459).Le sable s'enfonçait sous les pieds. On s'y enlisait jusqu'aux chevilles (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 143).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se laisser aller dans, persévérer dans quelque chose. (Quasi-)synon. patauger, s'empêtrer.Il n'a, pour triompher d'eux, qu'à laisser, un jour encore, les politiciens protecteurs du Uhlan s'enliser dans leurs propres fourberies (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 103).Je m'enlisais dans les contradictions (Beauvoir, Mém. jeune fille,1958, p. 133):
2. ... si Sturel n'est pas content de lui-même, ne réussit pas, et s'enlise en de déprimants échecs politiques, vous pensez bien que ce n'est pas sa faute, mais, comme dans le métier militaire, celle de on. Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 179.
b) [Le suj. désigne une situation, une activité] Ne pas, ne plus progresser. Malgré ces avantages, la bataille de la Somme, en dépit de mes efforts, s'enlisait insensiblement (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 260).Parfois (...) sous l'effet d'un fléchissement inexplicable, son raisonnement semblait soudain s'enliser (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. LXXX).
Rem. 1. La docum. atteste a) L'emploi adj. du part. prés. gén. dans des cont. fig. ou métaph. Cet amour d'un en-soi enlisant et louche (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 706). b) L'emploi subst. du part. passé. « Au marri! au marri! » comme crient les malheureux enlisés dans les congères sous la tourmente (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 225). 2. La docum. atteste le syntagme corde d'enlise. Corde lancée à quelqu'un qui s'enlise pour l'aider à sortir du sol mouvant qui le retient. À l'instant où j'eus lancé la corde d'enlise (...) sur le point du gouffre où j'avais vu disparaître cette créature infortunée (...), elle ne pouvait plus s'en emparer (Nodier, Fée miettes, 1831, p. 90).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃lize], (j')enlise [ɑ ̃li:z]. Étymol. et Hist. 1458-66 norm., ici pronom. (G. Gruel, Chron. d'A. de Richemont, 52 ds Gdf. Compl.), rare av. 1831 (Nodier, loc. cit.). Dér. de lise* « sable mouvant » (FEW t. 5, p. 332a, s.v. *ligitia); préf. en-*; dés. -er. Mot répandu surtout en Normandie. Fréq. abs. littér. : 148. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 136.