| ![]() ![]() ![]() ![]() ENGRAVER2, verbe trans. A.− [En parlant d'un bateau] Faire échouer (son bateau) sur un banc de sable ou de gravier. (Quasi-) synon. ensabler.Ce batelier maladroit engrava son bateau (Ac.1798-1932). − Surtout au passif. Le lit du Rhin est obstrué de bancs de sable; nous voilà engravés (Hugo, Rhin,1842, p. 283).Des mâts de galères engravées dans le sable (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 408).La petite gare du canal de Suez avec son bureau-vigie, avec son mât et son gréement ressemble à un vaisseau engravé, qui ne partirait jamais (Morand, Route Indes,1936, p. 93). ♦ P. métaph. [En parlant de choses] Les maisons basses sont engravées dans le sable comme des barques échouées (Morand, Air indien,1932, p. 224).[En parlant d'une pers.] Synon. échoué, enlisé.Un élève en diplomatie ne pouvait pas rester engravé dans la situation où il se trouvait (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 271). − Emploi pronom. Notre bateau qui ne tire pas deux pieds d'eau trouve le secret de toucher et de s'engraver un instant (Stendhal, Mém. touriste,t. 3, 1838, p. 57).Le « Latif », bateau égyptien, s'est engravé (Fromentin, Voy. Égypte,1869, p. 121). ♦ P. métaph. [En parlant d'une pers.] :
1. Joli remorqueur qui s'engrave bêtement, car, s'il empruntait pour parvenir, s'il s'endettait pour avoir festoyé des députés, pour obtenir des voix et augmenter son influence, je lui dirais : « Voilà ma bourse, puise, mon ami! » mais payer les folies du papa, des folies que je vous ai prédites!
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 281. − Emploi intrans. [Le suj. désigne le bateau ou son équipage] La chaloupe engrava (Ac.1798-1932).Comme le Nil est maintenant à son plus bas, nous engravons souvent, ce qui n'accélère pas notre voyage (Flaub., Corresp.,1850, p. 212). B.− [En parlant d'un lieu] Couvrir, remplir de gravier, de sable. Synon. ensabler. − Emploi pronom. [En parlant d'un lieu] Être envahi par le sable, le gravier. La digue (...) empêchera le port de s'engraver (Michelet, Journal,1848, p. 267).Le Canal, négligé, s'engrava, les marchandises durent être transportées par caravanes et les chameaux remplacèrent les barques (Morand, Route Indes,1936, p. 117): 2. Ce pauvre port de Dieppe est bien déchu. Il est peut-être le plus amoindri de nos ports de la Manche qui tendent tous à s'engraver.
Hugo, France et Belgique,1885, p. 150. Rem. La docum. atteste l'emploi adj. du part. passé engravé, ée. Elle [la roue] est large et bien engravée mais j'ai encore les dérapages de tout à l'heure dans les fesses (Giono, Gds chemins, 1951, p. 99), Prononc. et Orth. : [ɑ
̃gʀave]. Mais [ɑ] post. comme var. ds Passy 1914. (J')engrave [ɑ
̃gʀa:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. trans. « engager, tirer (un navire) sur le sable » (Sone de Nansai, 3883 ds T.-L.); 2. 1817 « ensabler » (Cappeau, De la comp. des Alpines, etc., Aix, p. 106 ds Littré). Dér. de grève*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 9. |