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ENGLUER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Rare
a) [Le compl. d'obj. désigne un obj.] Enduire de glu. La Bioque avait englué quelques bâtonnets et les ayant mis au chaud sur le rocher plein de soleil, elle avait pris six alouettes (Giono, Eau vive,1943, p. 280).
b) [Le compl. d'obj. désigne un animal] Prendre à la glu. Moi qui ai englué des chardonnerets par centaines (Fabre, Norine,1889, p. 230).
2. P. ext.
a) [Constr. avec un compl. instrumental, introduit par de ou avec; le suj. désigne l'agent de l'action] Enduire d'une matière gluante. Par adjonction de paille, de foin englué avec de la poix ou de la résine, le nouveau matériau pressé dans un moule de métal se laissait scier, polir, limer (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 163):
1. Une nuit durant, cette femme avide (...) le serra dans ses bras, (...) lui couvrant le visage de baisers qu'il ne rendait pas, l'engluant de sa sueur... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 834.
Rare. [Constr. avec un compl. introduit par dans] Mettre dans une matière gluante. Le corps n'avait pas été englué et durci dans ce bitume noir qui pétrifie les cadavres vulgaires (Gautier, Roman momie,1858, p. 182).
b) [Sans compl. prép.; le suj. désigne ce qui englue]
Recouvrir en rendant gluant. Synon. poisser.Beaucoup de sang coulait et lui engluait les doigts (Zola, Débâcle,1892, p. 345).Une petite pluie engluait le bitume, exaltant l'âcre odeur de légumes pourris qui est l'haleine même de ce quartier (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 145).
P. ext. Recouvrir en rendant empâté. Brongniart se mettait à appliquer à sa porcelaine naturelle cette couverte (...) qui empâte et englue le modelage du décor (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 195).
[P. anal. avec 1 b] Retenir en recouvrant d'une matière gluante. La terre meuble, et mouillée par les pluies d'hiver, engluait les roues et alourdissait la marche (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 659).
c) P. métaph. [Au passif, avec un compl. introduit par dans] Être pris (dans une situation compliquée ou fâcheuse). Le moment venu, leurs hommes d'affaires soi-disant réalistes seront englués dans cette chose monstrueuse, cet inconcevable amas d'hypocrisie (Abellio, Pacifiques,1946, p. 264).Englués dans un monde de complications juridiques auquel rien ne vous avait préparés (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 64).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois fig. ou métaph. des accept. 2 a et b. Il me pateline de la voix, du geste et, m'engluant de paroles, m'enfile dans la discusion de ses corrections une à une (Goncourt, Journal, 1858, p. 457). Une seule chose domine tout : cette laideur (...) qui englue tout, les murs, les objets et les êtres (Vialar, Hallali, 1953, p. 218).
3. Au fig., vieilli. [Le suj. et le compl. d'obj. désignent une pers.] Tromper, duper (quelqu'un) en usant de ruse, d'un piège. Synon. enjôler :
2. − Sire, un prétendu Flamans m'a si bien entortillé, dit Cornélius. − Il doit être bien rusé celui-là, fit Louis XI en hochant la tête. − Oh! oui, répondit l'argentier. Mais je ne sais s'il ne vous engluerait pas vous-même. Balzac, Maître Cornélius,1831, p. 236.
B.− Emploi pronom. à sens passif
1. [Le suj. désigne un animal] Être pris à la glu, dans la glu, dans une matière gluante. Une mouche étourdie qui cherchait le soleil de mars vint se jeter à travers ce filet et s'y englua (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 323):
3. ... sans même essuyer ses doigts salis d'écume où s'engluaient des mouches, il reprit entre ses lèvres son bout de cigarette. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 647.
2. P. ext. [Le suj. désigne un inanimé] Être pris, retenu dans une matière gluante. (Quasi-)synon. s'enliser.Le nageur sent de plus en plus s'engluer ses pieds dans une vase bitumineuse qui l'attire à elle (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 166).Il sembla qu'elle [une locomotive] s'engluait, prise par toutes ses roues, de plus en plus serrée, hors d'haleine. (...) C'était fait, la neige la tenait, impuissante (Zola, Bête hum.,1890, p. 149).
3. P. métaph. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Constr. avec un compl. introduit par dans, désignant une situation fâcheuse ou complexe] S'empêtrer, s'enliser dans. La France s'englua dans des complications italiennes (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 141).Cependant, une rencontre inattendue allait tirer don Luis de la sombre atonie où il s'engluait tous les jours davantage (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 219).
b) [Constr. avec un compl. introduit par à] Être pris au piège de. Elles étaient bien des victimes, celles qui (...) s'engluaient aux pièges de cette âme sèche et dure (Bourget, Irrépar.,1884, p. 39):
4. Ainsi mon cœur, qui s'englue À la beauté superflue, S'en va par monts et par vaux Loin de la route voulue. Bouilhet, Dernières chansons,1869, p. 275.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. une attest. de s'engluer au sens de « se couvrir d'une matière gluante ». Le figuier (...) s'englue au soleil de midi (Noailles, Éblouiss., 1907, p. 225). 2. On rencontre qq. attest. du part. prés. engluant employé comme adj. Heidegger est (...) persuadé que le « Je pense » de Husserl est un piège aux alouettes fascinant et engluant (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 108).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃glye], (j')englue [ɑ ̃gly]. Conjug. L'e intérieur ne se fait pas entendre dans le fut. et le cond. prés. engluerai(s) [ɑ ̃glyʀ ε]. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. « coller, souiller (comme avec de la glu) » (Psautier Cambridge, 13, 4 ds T.-L. : corrumput sunt ...; Tuit se desevrerent, ensembleement englüet sunt; nen est chi facet bien); 2. ca 1180 « enduire de glu » (Fierabas, 24, ibid.); 3. ca 1223 « prendre avec de la glu » fig. (G. de Coincy, éd. Kœnig, 1 Chast. 10, 168); 1330 « prendre (un oiseau) avec de la glu » (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 7029 ds T.-L.). De glu*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 121.