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ENFUIR (S'), verbe pronom.
A.− [Le suj. désigne un animé] S'éloigner d'un lieu en fuyant, prendre la fuite d'un mouvement généralement rapide :
1. Au commencement d'avril, M. Le Maistre, s'étant brouillé avec le vénérable chapitre d'Annecy, s'enfuit et Jean-Jacques, pour lui rendre service, l'accompagna dans sa fuite. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, préf., p. 56.
Emploi factitif (avec effacement du pron. réfl.) :
2. Lorsque j'y entre, je fais enfuir une bande de moineaux francs qui piaillaient en sautillant. Du Camp, Le Nil,1854, p. 218.
S'enfuir + loc. adv. exprimant la rapidité.S'enfuir au galop, au plus vite, en courant :
3. À l'entrée de la seconde pâture, l'enfant ralentit le pas, hésita, puis prenant brusquement son parti s'enfuit à toutes jambes, disparut. Bernanos, Un Crime,1935, p. 811.
Constr. prépositives
S'enfuir de.[Le compl. prép. indique le lieu que l'on quitte] :
4. Lassé de servir des ingrats, De réussir toujours sans en être plus gras, Il s'enfuit de la cour; dans un bois solitaire Il s'en va trouver son grand-père, (...). Florian, Fables,1792, p. 127.
S'enfuir dans.[Le compl. indique le lieu où l'on va] S'enfuir dans les bois :
5. ... mais il quitta brusquement la chambre, et s'enfuit dans une autre, avec autant de vitesse que si on eût lâché contre lui une bête féroce. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 521.
Rem. Les grammairiens jugent la phrase « ils s'en sont enfuis » au sens de « s'enfuir d'un lieu », comme peu élégante mais non incorrecte. Littré condamnait cet usage : ,,d'aucune façon on ne dira « ils s'en sont enfuis »; c'est une grosse faute``.
B.− P. anal.
1. [Le suj. désigne une chose concr. avec parfois effacement de la notion de rapidité] S'éloigner, disparaître rapidement. Le sifflet d'une locomotive s'enfuyant à travers la nuit (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 120).La giboulée avait, en s'enfuyant au loin, balayé et verni les aveuglants jardins (Jammes, Géorg.,Chant 4, 1911, p. 35).
En partic.
[Le suj. désigne un fluide] S'échapper :
6. Toutes ces chaumières sont construites sur le même plan, (...) : quatre murs et un toit, une porte basse où nous manquions rarement de nous heurter la tête, et deux étroites fenêtres fermées par des volets. De cheminée, point. La fumée s'enfuit par où elle peut. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 183.
[Le suj. désigne le sol] Se dérober :
7. Elle me caressait les cheveux, la nuque, tendrement. Je ne bougeais pas. J'avais la même impression que lorsque le sable s'enfuyait sous moi, au départ d'une vague : ... Sagan, Bonjour tristesse,1956, p. 113.
Spéc., B.-A. Paraître s'éloigner par l'effet de perspective. Des terrasses chargées d'orangers s'enfuyant sans tenir à rien (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 94):
8. ... au delà de la ville, une immense plaine de velours vert frangée de haies vives, sur laquelle le soleil fait reluire les vitres des chaumières comme des sequins d'or, des arbres, des vignes, des routes qui s'enfuient; ... Hugo, Le Rhin,1842, p. 369.
2. [Le suj. désigne une chose abstr.]
a) [Une fraction du temps, ou une chose qui a une durée] Passer, s'écouler rapidement. Année, jeunesse qui s'enfuit. Voici bientôt un mois que je n'ai point travaillé à mon pauvre ouvrage. Ma vie s'enfuit comme de l'eau (Constant, Journaux,1804, p. 177).Les heures, les journées, les semaines, s'enfuyaient ainsi pleines de félicités renaissantes (Balzac, Lys,1836, p. 124).
b) Littér. [La notion de rapidité est parfois estompée] S'éloigner, disparaître. La mort s'enfuit lentement, et murmure de ce que l'on trouble son repos (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 369).[Dante] leva vers les grands cieux et roula dans l'azur Ses yeux, d'où s'enfuyait lentement l'espérance (Banville, Exilés,1874, p. 14).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. enfui, ie. Qui s'est enfui. Elle avait gardé de l'amour une expression suppliante, et un sourire qu'on aurait aimé effacer du doigt, (...), tant il survivait à des pensées enfuies (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 377). Et s'il [Don Juan] regarde quelque chose, ce ne sont pas les fantômes des amours enfuies (Camus, Sisyphe, 1942, p. 105).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃fɥi:ʀ], (je m')enfuis [ɑ ̃fɥi]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. cf. fuir. Étymol. et Hist. 1050 (La Vie de St Alexis, éd. C. Storey, 189 : Ensur[e] nuit s'en fuit de la ciptét). Dér. de fuir*; préf. en-*. Fréq. abs. littér. : 2 445. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 312, b) 4 452; xxes. : a) 3 885, b) 2 844. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 42, 53, 54, 228, 444.