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ENFERMER, verbe trans.
I.− Mettre dans un lieu fermé.
A.− [Le compl. désigne des êtres vivants]
1. Emploi trans.
a) [Avec l'idée de faire violence à quelqu'un] Mettre contre leur gré des êtres vivants dans un lieu fermé dont ils ne peuvent sortir. Enfermer un homme dans un cachot, une femme dans un couvent, un enfant dans une maison de correction. Il déchira son cahier et son livre, − (...) en regardant le maître d'un air provocant. On l'enferma au cabinet noir (Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 47).Aux saisons j'enferme ici ma chatte, avec quelque matou. Mais il y en a toujours un des deux qui ne veut rien savoir. Généralement le matou. C'est curieux, la nature (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1139):
1. ... il enferme dans l'arsenal dix mille esclaves et quelques adjudants munis de fouets. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 690.
En partic. Enfermer qqn dans une maison de fous, de santé, dans une prison. On l'enferma dans la prison du bourg (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Gueux, 1884, p. 444):
2. ... la famille l'irrite, l'exaspère, le pousse de parti pris à la folie. On l'enferme non dans une maison de fous, mais dans une maison de santé. Goncourt, Journal,1882, p. 147.
Loc. Il ne faut pas enfermer le loup dans la bergerie*.
P. métaph. « Je n'ai jamais songé à t'enfermer dans notre amour... » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 25).
P. ext. [Le suj. désigne un facteur extérieur] Maintenir quelqu'un dans un lieu. La pluie nous enferma tout le jour (Michelet, Journal,1858, p. 398).Le développement de l'industrie qui enferme les populations dans les villes et crée un immense troupeau de travailleurs (Barrès, Cahiers,t. 14, 1922, p. 74).
b) Au fig. Mettre quelqu'un dans une situation, un rôle, dont il ne peut sortir. Enfermer qqn dans ses actes, dans son métier. Je vous demande donc, messieurs, d'enfermer vos officiers dans leur rôle (...) d'instructeurs et d'éducateurs des cadres (Jaurès, Eur. incert.,1914, p. 296).C'est pourquoi (...) j'enferme la femme dans le mariage et ordonne de lapider l'épouse adultère (Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 515).
2. Emploi pronom. réfl.
a) Se mettre volontairement dans un lieu fermé au monde extérieur. ,,S'enfermer dans un cloître, se faire religieux ou religieuse`` (Ac.). Baccarat rentra chez elle, s'enferma dans son boudoir, se jeta à genoux et fondit en larmes (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 492).Il parle de s'enfermer dans un cloître (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 18).
En partic. S'enfermer (dans une place). Demeurer dans une place forte qui va être assiégée et qu'on veut défendre (d'apr. Ac.).
b) Au fig. Se mettre dans une situation, un rôle, une attitude dont on ne peut ou ne veut sortir. Le seul moyen de n'être pas malheureux c'est de t'enfermer dans l'art (Flaub., Corresp.,1845, p. 172).Le général Cartier de Chalmot rompit le silence dans lequel il s'était enfermé jusque-là (A. France, Anneau améth.,1899, p. 66).
B.− [Le compl. désigne des choses] Mettre à l'abri et en sûreté, dans un lieu fermé. Tous ces hommes (...) avaient bâti au hasard quelques cabanes pour y enfermer leur butin (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 167).J'enferme à clef ce papier-là dans un tiroir (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 450).
Emploi pronom. passif. J'avais bien quinze ans, lorsque les derniers décors [du théâtre de Peau-d'Âne] inachevés s'enfermèrent pour jamais dans les cartons qui leur servent de tranquille sépulture (Loti, Rom. enf.,1890, p. 154).
En partic. et littér.
Cacher, enterrer. Il vit mon père enfermer un dépôt dans la terre (Dumas, père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 675).
Contenir. Une paroi rouge, une grise et deux bleues enfermaient un mobilier disparate (Colette, J. de Carneilhan,1941, p. 7).
Retenir. Cette appétissante ménagère qui enfermait sa chevelure entre deux croissants d'or (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 351).
C.− [Le compl. désigne un sentiment]
1. Tenir caché, dissimuler. La vaillante fille se dépêchait (...) d'enfermer son chagrin dans les dessins capricieux de sa tapisserie (A. Daudet, Nabab,1877, p. 175).
2. Contenir en soi. Le caractère enferme toujours une prétention (Alain, Propos,1924, p. 590):
3. ... l'idée de révolution sociale enfermera en soi une contradiction devant laquelle l'homme ne cessera pas de s'inquiéter et de protester. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 300.
II.− P. ext. Entourer complètement.
A.− Rare. [Le compl. désigne des pers.] Un rempart de gazon enfermait l'armée dans une haute muraille (Flaub., Salammbô,1863, p. 61).Les groupes de ses camarades (...) l'entourèrent [Simon] peu à peu et finirent par l'enfermer tout à fait (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 15).
B.− [Le compl. désigne des parties de l'espace] Une enceinte de murs en pierre calcaire tirée des montagnes voisines enfermait le jardin, les greniers, le cellier et la maison (Gautier, Rom. momie,1858, p. 239).Une très-petite commune perdue (...) enfermée de marais (Fromentin, Dominique,1863, p. 25).
Rare. Il [Nachette] lut en route les lettres, et enferma dans un trait de crayon une vingtaine de passages qu'il copia sur un calepin (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 349).
P. métaph. Michka, sorti précipitamment de la maison, l'[Anthime] enfermait dans un cercle de bonds et de jappements (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 190).
Spéc. [Dans une course] Serrer un concurrent à la corde et l'empêcher de se dégager. Dès le départ, Lovelock est enfermé et doit attendre plus de 400 mètres pour se dégager (L'Auto,18 sept. 1933, p. 4 ds Grubb, Fr. sp. neol., 1937, p. 36).
Au fig. Tenir dans des limites, des bornes étroites. Au sein même du mouvement qui tentait, au XVIesiècle, surtout à Florence, d'enfermer l'art entier dans les cadres trop étroits d'une science statique (Faure, Espr. formes,1927, p. 154):
4. La dernière strophe que nous venons de citer (...) est un essai malheureux d'enfermer en une strophe, en un vers (...) toute l'étendue de la conquête napoléonienne. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo,1910, p. 769.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃fε ʀme], (j')enferme [ɑ ̃fε ʀm̥]. Enq. : /ãfeʀm/ (il) enferme. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « mettre dans un endroit fermé complètement » (M. de France, Lais, éd. J. Rychner, Fresne, 304 : En un cofre les anfermat); en partic. 1656 emploi abs. « mettre quelqu'un dans une maison d'aliénés » (Th. Corn., Geôlier de soi-même, I, 5 ds Littré); 2. a) 1538 « entourer un lieu de tous côtés » (Est.); b) 1640 « cerner quelqu'un de toutes parts » (Corneille, Horace, III, 6); 3. 1635 « comprendre, contenir, renfermer » (Id., Médée, III, 3). Dér. de fermer*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2 602. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 550, b) 4 008; xxes. : a) 4 516, b) 4 024. Bbg. Gilliéron (J.). Les Conséquences d'une collision lexicale et la latinisation des mots fr. In : Cinquantenaire de l'Éc. pratique des hautes ét. Paris, 1921, no230, pp. 65-68. − Gottsch. Redens. 1930, p. 34, 258.