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EMPÂTER, verbe trans.
I.− Couvrir, enduire de pâte ou d'une matière similaire.
A.− Lang. cour. Les abeilles l'empâtèrent [un colimaçon] de miel et de cire (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 115).
Emploi pronom. Leurs bras nus enfarinés s'empâtaient jusqu'aux coudes (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 32).
En partic. Se couvrir de boue, s'enliser, s'embourber. Lorsque la charrue s'empâtait, il en détachait la boue et les herbes (Zola, Terre,1887, p. 436).
B.− Emplois techn.
1. CONSTRUCTION Enduire de plâtre ou d'une matière semblable des éléments pour les unir ou les consolider :
1. ... les architectes de je ne sais quelle époque ont pratiqué deux étages de cabanons pour loger le plus d'accusés possible, en empâtant de plâtre, de grilles et de scellements les chapiteaux, les ogives et les fûts de cette galerie magnifique. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1846, p. 478.
2. GÉOL. [Le suj. désigne gén. une substance malléable, terre glaise, argile; le compl. un minéral, une roche, un fossile] Entourer, recouvrir complètement. Des argiles rouges empâtant des Poudingues de silex s'étalent à la surface des plateaux (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 146).
3. PEINT. Empâter une toile, un tableau. Poser les couleurs directement sur la toile pour les mêler intimement. Les couleurs sont bien empâtées et bien fondues (Stendhal, Hist. peint. Ital.,t. 1, 1817, p. 73).
II.− [Avec une idée d'abondance ou d'excès par rapport à une norme]
A.− Rendre pâteux, plus épais. Au fig. Alourdir, charger d'éléments inutiles.
1. Lang. techn., PEINT. Poser des couches successives de peinture épaisse afin de mettre certaines parties en relief, jouer avec les ombres et les lumières, etc. Tenez (...) empâtez vos premiers plans! Empâtez ferme! (Labiche, Fourchevif,1859, 14, p. 422).Péj. La plupart des peintures de Th. Rousseau, empâtées par une épaisseur excessive de matière (Réau, Art romant.,1930, p. 124).
P. anal., GRAV. Rendre l'effet de l'empâtement des couleurs par l'emploi de tailles et de pointes.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén.
[P. transpos. dans d'autres domaines, littér., mus.] Gén. péj. Il [Hugo] empâte ses vers de mots indéterminés, vagues et vertigineux (Valéry, Variété II,1929, p. 138).Il faut enlever les Flûtes fortes qui soufflent et empâtent l'harmonie (Dupré, Improvis. orgue,1925, p. 14).
2. Usuel
a) [Le compl. désigne gén. la bouche, la langue] Encombrer, surcharger, d'une matière épaisse. L'air qu'on avalait (...) empâtait la bouche, était souillé, épais (Vialar, Odeurs et sons,1953, p. 143).
Emploi pronom. Sa langue s'empâte, ses lèvres pendent et luisent comme la margelle usée d'un vieux puits (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 281).
P. méton. [Appliqué à la voix] Perdre de sa netteté. Sa voix s'empâte, son regard devient fixe (Aymé, Mouche,1957, p. 145).
b) Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps] Gonfler exagérément. Devenir gras, prendre de l'embonpoint. Le menton et le cou s'empâtent. La prise de poids est (...) nette avec une cellulite importante (QuilletMéd.1965, p. 486):
2. Ils s'enfonçaient en pleine vie animale. Ils se portaient fort bien d'ailleurs. Madeleine engraissait; son visage qui s'empâtait, prenait des blancheurs molles de nonne. Elle devenait gourmande, goûtait profondément toutes les jouissances physiques : Zola, Madeleine Férat,1868, p. 228.
P. métaph. Une intelligence qui s'empâte, un corps qui se défait (Sartre, Nausée,1938, p. 95).
B.− Engraisser les volailles en les gavant de pâtée. La fermière (...) serrait entre ses jambes une dinde qu'elle empâtait avec des gobes de farine (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 22).
Rem. On rencontre ds la plupart des dict. (Ac. compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965) le subst. masc. empâteur. Celui qui gave les volailles.
P. anal., fam. [Le compl. désigne une pers.] Nourrir bien et en quantité. Je serais un excellent mari! Je vous soignerais, je vous empâterais (Ségur, Auberge ange gard.,1863, p. 266).Au fig. Procurer une vie d'abondance et de confort. Dans ce nid peu bruyant, on berce, on empâte, on endort les hommes (Gobineau, Pléiades,1874, p. 164).
Rem. À rapprocher de l'expr. coq en pâte (cf. coq A 1 a ex. 3).
Emploi pronom., arg. S'empiffrer. Peut-être bien qu'ils sont dans un coin à s'empâter (Vidocq, Mém.,t. 3, 1828-29, p. 172).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃pɑte], (j')empâte [ɑ ̃pɑ:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1erquart xiiies. intrans. « devenir pâteux [de la bouche] » (Florence de Rome, 4459 ds T.-L.); 1694 « rendre pâteux » (Ac. : Rendre pasteux, et alors il ne se dit guere qu'en parlant de la bouche, de la langue); 2. xiiies. « couvrir, enrober de pâte » (Des dames qui troverent l'anel, éd. A. Montaiglon et G. Raynaud, VI, 2, 59); 3. 1669 peint. (Molière, Val-de-Gr. 315 ds Rob.); 4. 1752 « engraisser des volailles » (Trév.); 5. 1808 pronom. méd. « gonfler » (Cabanis, Rapp. phys. et moral, t. 2, p. 56 : tout le tissu graisseux et cellulaire s'empâte : quelquefois même il s'endurcit au point de gêner toutes les fonctions). Dér. de pâte*; préf. em-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 54. Bbg. Reinheimer-Rîpeanu (S.). Divers types de parasynthétiques. Revue roumaine de linguistique. 1973, t. 18, pp. 437-491.