Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ÉMOI, subst. masc.
A.− Domaine phys.
1. Trouble, agitation vive. L'émoi des abeilles, des feuilles, de la fourmilière; fauvettes, passereaux en émoi. Quel contraste entre ce lieu mort [le Carmel] et ce chemin de fer, toujours en émoi, qui le longe (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 356).Un émoi très spécial que les apiculteurs appellent le soleil d'artifice (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 168).
2. P. ext. Alarme, effervescence due au saisissement de la surprise, de la peur. Émoi général; la ville est en émoi. Chatillon avait pris la fuite. L'émoi, la surprise étaient partout (France, Île ping.,1908, p. 240).C'est une grande nerveuse, toujours tendue, toujours en émoi, une de ces femmes qui passent leur vie à épier la catastrophe (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 90):
1. Comme il [Salvat] l'avait pensé, dès l'aube, la battue venait d'être organisée, on le traquait. Son cœur battit à grands coups, il eut l'émoi du gibier que cernent les chasseurs. Zola, Paris,t. 2, 1897, p. 4.
B.− Domaine affectif.Émotion, trouble émotif vécu affectivement.
1. Sur le mode de l'inquiétude, de la tristesse ou de la douleur. L'émoi du départ. Aujourd'hui, rien de l'émoi douloureux, de la tristesse de ces deux derniers jours (Goncourt, Journal,1870, p. 624).Un meurtre est commis sous ses fenêtres. Sa femme a pensé en mourir d'émoi et lui paraît très affecté de l'état où elle a été (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1900, p. 376):
2. Il attendait ce moment, sans émoi et sans trouble, avec une confiance tranquille, comme on attend un bonheur dont on est sûr. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 213.
2. Sur le mode agréable de la sensualité, du sentiment ou de l'esthétique. Émoi charnel, divin, ineffable; un émoi délicieux; l'émoi du cœur; l'émoi du printemps, des rendez-vous; ravir qqn d'émoi. La marquise entre. Émoi (Lorrain, Modern.,1885, p. 82).La vue de ces mains lui donnait un émoi délicieux, la tête lui tournait presque (Lacretelle, Hts ponts,t. 3, 1935, p. 21):
3. Il se sentait dans une atmosphère de contes de fées; et dans son cœur montait un émoi mystérieux. Le rêve de l'humanité l'enveloppait, − les fleurs étranges de l'âme... Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 803.
4. ... chez Fouquet, chez Chardin, chez Corot, on retrouve cette joie à avouer un émoi charmant, un émoi d'enfant toujours émerveillé de sa découverte du monde... Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 133.
SYNT. Être pâle, rose, rouge d'émoi; mettre en émoi; semer l'émoi chez qqn; palpiter, trembler, tressaillir d'émoi; revenir de son émoi; surmonter son émoi; ne manifester, ne ressentir aucun émoi; en émoi, en grand émoi, avec émoi.
Rem. Émoi, cité comme vx par l'Ac. 1798, a été remis en usage par les romantiques et les symbolistes.
Prononc. et Orth. : [emwa]. Ds Ac. 1694-1932. Les éd. de 1694 et de 1718 écrivent encore esmoy. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 esmai « trouble, agitation causé par la crainte, l'inquiétude » (B. de Ste-Maure, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 7013); fin du xiiies. [var. ms. C] esmoi (Rutebeuf, De frère Denise, 228 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 289); 2. 1835 « trouble émotif agréable, d'ordre sentimental ou esthétique » (Ac.). Déverbal de l'a. fr. esmaier « inquiéter, effrayer » (ca 1100 ds T.-L.), du b. lat. *exmagare, proprement « priver (quelqu'un) de ses forces », d'orig. germ., cf. gotique, a. h. all. magan « avoir la force de, pouvoir » (Feist; Graff t. 2, col. 604); -ai devenu -oi par infl. de la labiale précédente. Sens 2 sous l'infl. de émouvoir*. Fréq. abs. littér. : 507. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 214, b) 476; xxes. : a) 1 265, b) 957. Bbg. Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 476. − Gohin 1903, p. 313. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 235.