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ÉMETTRE, verbe trans.
A.− [Le suj. désigne un objet matériel] Produire en envoyant hors de soi. Émettre de la lumière, un gaz. On sait que les phares émettent des feux différents pour permettre aux navigateurs de reconnaître exactement leur situation (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 318).La durée des sons émis par les cordes peut être triplée (Arts et litt.,1935, p. 3802).L'anhydride sulfureux émis par des cheminées d'usines (Maurain, Météor.,1950, p. 237):
1. Je crains donc qu'il ne faille voir Phèdre des mêmes yeux impitoyables de l'esprit que Rembrandt a vu la Putiphar, quand il l'a gravée sur le cuivre, (...). La femelle biblique, tout le ventre exposé, nu, gras, éclatant de blancheur, se cramponne au manteau de Joseph (...). Ce bas-ventre en délire porte, absorbe et émet toute la puissance lumineuse de la composition. Valéry, Variété V,1944, p. 190.
[Dans un cont. méd.; l'obj. désigne un liquide] L'injection d'extraits de lobe postérieur d'hypophyse diminue la quantité d'urine émise par 24 heures (QuilletMéd.1965, p. 489).
Spéc., PHYS. [En parlant des ondes ou des particules provenant d'une source] Émettre une, des radiation(s), un rayonnement; émettre un courant électrique, une onde, une fréquence. Anton. absorber.Un photon est émis ou absorbé, ce processus pouvant être répété (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 387).L'énergie émise par cette source était évaluée en valeur absolue à l'aide d'une pile thermo-électrique par comparaison avec l'énergie émise par une lampe étalon Hefner (M. Curie, Luminescence,1934, p. 49):
2. Rutherford avait déjà eu en 1919 l'idée d'utiliser les grains de matière émis à grande vitesse par des radioéléments naturels, comme projectiles lancés contre des noyaux d'autres atomes, dans le but de provoquer des transmutations; ... Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 19.
P. anal., ANAT., BOT. [Sans idée de séparation] Produire par la croissance. La tige du haricot porte à la naissance des cotylédons un bourrelet qui émet très facilement des racines (Gressent, Potager mod.,1863, p. 765).Le centriole antérieur émet vers l'avant un flagelle rigide, c'est le stéréocil (Husson, Graf, Biol. gén.,1965, p. 44).
B.− P. ext.
1. [Le suj. désigne un être animé] Faire sortir de soi (un son). Émettre un cri. Synon. pousser.Philippe émit un léger grognement et son corps se détendit (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 125).Voyons. (Il émit le heueueu des attentes)... Chapitre 8 de la deuxième partie. Paragraphe 13 (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 316).
SYNT. Émettre un rugissement, un gémissement, un sifflement, un hurlement; émettre une plainte, des jurons; émettre une note, un chant.
2. [Le suj. désigne gén. une pers.] Spéc. Produire une suite de sons articulés appartenant au langage.
a) Exprimer, prononcer, proposer.
[Dans des cont. connotant une idée de pédantisme ou d'incertitude] Ce De Rodays, l'esprit le plus borné de la terre, émettant des idées bêtes dans des phrases supérieures (Goncourt, Journal,1895, p. 748).Le sens commun n'émet guère que de basses sottises (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 44):
3. ... la psychologie descriptive accomplissait réellement l'analyse réflexive. Mais les prétentions ontologiques qu'elle n'a cessé d'émettre demeurent sans fondement; ... J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 8.
[Sans connotation préj.] Pour émettre un jugement d'existence, il faut repérer par prédicats (Marcel, Journal,1923, p. 156).Le Sénat émettait le 21 décembre, sans discussion, un vote favorable (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 168).
Spéc., RELIG. Émettre des vœux. S'engager dans la vie religieuse. [La postulante] (...) émit ses vœux de clôture perpétuelle et fut menée, en procession, (...) jusqu'à sa cellule (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 178).
SYNT. Émettre un doute, une objection, des réserves, des soupçons; émettre un avis, une critique, un pronostic, une remarque, un souhait; émettre une affirmation, des conjectures, une maxime, une pensée, un principe, une (des) théorie(s); émettre un mot, une parole, une phrase.
b) [Construit avec un nom régissant une subordonnée] Émettre l'idée, l'hypothèse, le souhait, la proposition, le vœu, le désir que... Le tripier (...) terrifia le quartier en émettant l'opinion que « ce brigand avait peut-être été mordu par un chien enragé » (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1113).Poggiale vient d'émettre l'opinion que la sagesse est actuellement de n'en pas avoir sur la génération spontanée (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 158).
[Au passif; avec ell. du nom, le suj. désignant le contenu de la prop. émise] L'avance très probable des USA sur l'URSS dans ce domaine a été émise comme prétexte (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 203).
[En incise] « Ce que vous dites est assez rassurant », émit-il, songeur (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 355).
C.− Emplois spéc.
1. TÉLÉCOMM. [Le suj. désigne un dispositif techn.; le sens dérive de A spéc., phys.] Transmettre ou faire transmettre (de l'information) au moyen des ondes électromagnétiques. Ces dispositifs ont permis la réception des signaux de télévision émis par la station d'Andover dès le premier passage en visibilité mutuelle de France et des États-Unis (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 281).
P. ext., absol. Diffuser des émissions :
4. La modulation BF. Elle se diffuserait dans l'espace sous forme d'onde radioélectrique occupant la même bande de fréquences que les fréquences sonores, soit 15-20000 HZ. Inconvénient majeur : toutes les antennes émettant sur les mêmes fréquences, il serait impossible d'obtenir sur un poste récepteur autre chose qu'un seul programme. Matras, Radiodiffusion et télév.,1958, p. 26.
P. anal. [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers.] Produire un message selon un certain code. Tout ce qui se communique par signes émane à proprement parler d'une source. Je reçois des signaux : je me demande nécessairement qui les émet − d'où ils viennent. Or tout renseignement implique des signes (Marcel, Journal,1923, p. 174).
2. FIN. [L'obj. désigne une valeur monétaire ou boursière] Mettre en circulation. Émettre des actions, un emprunt. Dix ans plus tard une troisième refonte fut ordonnée, le louis d'or étant émis à 15 livres et le louis d'argent à 4 livres (Shaw, Hist. monnaie,1896, p. 131).Le mont-de-piété émet des billets à ordre ou au porteur aux échéances de trois mois, six mois, neuf mois ou un an, et comportant l'intérêt ajouté au capital (Dumont, Organ. monts-de-piété,1905, p. 25):
5. ... plus les emprunts de l'état fédéral et ses quarante-huits états s'accroissaient et plus il y avait de bons d'emprunts, plus on pouvait en dépenser entre les mains du gouvernement et plus il pouvait émettre de billets de banque. Lesourd, Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,1968, p. 50.
P. anal. Émettre un timbre-poste. Le premier timbre français a été émis en 1849 (Admin. P. et T., 1964, p. 23).
Rem. 1. Les dict. attestent une acception jur. non attestée ds la docum. Émettre appel comme d'abus (Rob. 1955). Synon. interjeter. 2. On rencontre dans les cont. théol. qq. attest. étymol. de émettre au sens de « envoyer ». Il [le grand prêtre] l'émettra [un bouc] par un homme préparé dans le désert (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 54). 3. On rencontre aussi ds la docum. émettant, ante employé comme adj. Synon. de émissif. Une substance matérielle émettante et absorbante (L. de Broglie, Théorie quanta, 1959, p. 79).
Prononc. et Orth. : [emε:tʀ ̥], (j')émets [emε]. Enq. : /eme, (D)/ (il) émet. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. 1477, 14 mars dr. « interjecter » (Ord., XVIII ds Gdf. Compl. : emict et interjecta certaine appellation), attest. isolée; à nouv. ds Trév. 1732; qualifié de ,,vieilli`` par DG; 2. 1790 « mettre en circulation, en partic. de l'argent » (Bergasse refuté, 23 ds Quem. Fichier : en émettant ... une quantité considérable de billets); 3. 1798 Emettre un appel (Schwan, Suppl. au dict. de la lang. all. et fr.); 1798 emettre son opinion (Id., ibid.); 4. 1800 « produire » (Boiste); 5. [1933-52] absol. (Vocab. radiophonique [journaux] : les postes récepteur et émetteur ont fait des progrès techniques leur permettant d'émettre et de recevoir au-delà des mers). Empr. au lat. class.emittere « envoyer dehors; produire » (< mittere « envoyer » et e(x) « hors de »). Fréq. abs. littér. : 677. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 596, b) 657; xxes. : a) 1 066, b) 1 372. Bbg. Clédat (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et de l'« usage ». R. de Philol. fr. 1915/16 t. 29, p. 176.