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EMBOUCHER1, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. d'obj. désigne qqc. que l'on met contre ou dans la bouche]
1. MUS. [Le compl. d'obj. désigne un instrument à vent] Porter à sa bouche l'extrémité de cet instrument pour produire des sons. Emboucher une clarinette, sa trompette. Il empoigna son clairon, l'emboucha, sonna au ralliement (Zola, Débâcle,1892, p. 375).Il a embouché le cor de chasse. Il a soufflé dedans un grand coup et puis des rauques crevaisons... encore des couacs et des petits râles!... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 667):
1. Leur cri [des pingouins] est celui d'une trompette mal embouchée, il ressemble aussi au cri du paon, mais est moins aigu, plus creux. Cendrars, Les Confessions de Dan Yack,1929, p. 220.
P. métaph. Il [le vent] embouche le tuyau de la pompe et corne dedans (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 100).
Loc. fig., vieilli. Emboucher la trompette [Dans un récit] Adopter un ton trop élevé ou solennel, grandiloquent. Pourquoi tant d'emphase pour cette science prosaïque, pourquoi emboucher si fort la trompette à propos de l'art de lever le pied? (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 615).
P. méton du suj. Trente journaux d'Europe embouchèrent la trompette pour célébrer ses vertus (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 9).
P. ext., souvent péj., vieilli. Annoncer, divulguer quelque chose à grand bruit; proclamer avec grandiloquence (cf. claironner).Emboucher la trompette épique, emboucher la trompette du pacifisme, emboucher la trompette républicaine, emboucher la trompette en l'honneur de qqn. La critique (...) emboucha sa trompette retentissante des grands jours (Fabre, Le Roman d'un peintre,1878, p. 2):
2. Il suffit qu'une pseudo-élite s'empare de Paris, et embouche la trompette de la publicité, pour que la voix du reste de la France soit étouffée. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 948.
Emboucher la trompette de la Renommée. Personnages pour lesquels la Renommée embouche l'une ou l'autre de ses trompettes (Balzac, Comédiens,1846, p. 304):
3. À la grille du jardin, la Renommée, sur son cheval ailé, embouchait sa trompette éternelle. Les porteurs de journaux criaient la grande victoire de Fleurus. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 277.
Rem. On trouve, dans le même sens : Dans mes jours maussades, je me voyais mourir sur un lit de fer, haï de tous, désespéré, à l'heure même où la gloire embouchait sa trompette (Sartre, Mots, 1964, p. 156).
2. [Le compl. d'obj. désigne l'orifice d'un tuyau, l'embouchure d'un récipient, ou ce tuyau ou ce récipient lui-même] Le porter à (contre ou dans) sa bouche. Emboucher une bouteille. Gondran a embouché le canon de la fontaine. Le tuyau de fer emplit sa bouche; il tette de toutes ses forces pour faire venir l'eau (Giono, Colline,1929, p. 76).
Rem. Lar. Lang. fr. donne le syntagme emboucher une pipe.
B.− [Le compl. d'obj. désigne un être animé dans la bouche duquel on met qqc.]
1. MAN. Emboucher un cheval. Lui mettre dans la bouche le mors qui lui convient. Cet éperonnier s'entend bien à emboucher un cheval (Ac.1835, 1878).
2. Au fig., fam. Emboucher qqn.Lui dicter ce qu'il doit dire. Il l'a bien embouché. On l'a mal embouché (Ac.1835, 1878).
P. ext. Emboucher qqn de qqc.Est-ce qu'il [ton mari] m'a dit un seul mot d'excuse pour les grossièretés dont il m'a embouchée comme une cuisinière (Estaunié, Bonne Dame,1891, p. 152).
II.− Emploi pronom. réfl. S'engager dans quelque chose qui est assimilé à une bouche (cf. supra I B).
A.− Vieilli. [Le suj. désigne un cours d'eau] Se déverser dans un autre cours d'eau ou dans la mer. Cette rivière, après avoir passé le long des murailles de la ville, va s'emboucher dans la mer. La Marne s'embouche dans la Seine, à deux lieues au-dessus de Paris (Ac.1835, 1878) :
4. ... son extrémité occidentale [de l'île] est défendue par le fort Degli Alberonis'embouche le chenal des grands navires. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 396.
B.− MAR. [Le suj. désigne un bâtiment] S'engager dans une bouque*. Synon. plus usité embouquer.
Rem. Attesté ds Ac. 1932, Rob. (Bateau qui s'embouche) et Lar. Lang. fr.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃buʃe], (j') embouche [ɑ ̃buʃ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1330 enbouchier « introduire dans une ouverture » (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 10244 ds T.-L.); B. 1. 1415 mar. emboucher « pénétrer dans une bouche, une embouchure » (Fév., Réglem. gén. pour la jurid. du prév. des march., § 469, Isambert, Rec., VIII, 571 ds Gdf. Compl.); 2. 1680 mar. s'emboucher « se jeter dans (d'un fleuve) » (Rich.); p. anal. 1699 méd. s'emboucher « se déverser dans » (Du Vernay ds Mém. de l'Acad. des sc., p. 229 d'apr. Trév. 1752); C. 1. a) ca 1350 mal enboukiet « endurci, rétif » (G. Le Muisit, Poésies, I, 367 ds T.-L.); 4equart xives. mal enbouquié » (d'un cheval) qui ne cède pas à l'impression du mors » (Froiss., Chron., II, 39, Kerv. ds Gdf.); 1525 emboucher « mettre le mors dans la bouche du cheval » (Cretin, Chants roy., a une dame de Lion, fo174 ro, éd. 1527 ds Gdf. Compl.); b) 1461-67 « mettre dans la bouche de quelqu'un; entretenir bouche à bouche » (J. de Beuil, Le Jouvencel, fo238 voms. Université ds Gdf.) − xvies. ds Gdf. Compl.; xve-xvies. fig. mal embouché « qui parle grossièrement » (Le vray disant Advoc. des dames, p. 13 ds Gdf. Compl.); 1573 (Dupuys); 2. av. 1570 mus. « mettre dans sa bouche un instrument à vent » (J. Grevin, Pastorale, éd. L. Pinvert, p. 223); 1771 (Trév. : Emboucher, en style figuré et Poëtique, faire des vers. Emboucher la trompette d'Homère); 1864 id. « dire qqc. à tout le monde » (Littré). Dér. de bouche*; préf. em-(en-*); dés. -er; l'a. fr. embouchié « de mauvaise qualité mais dont on met le meilleur sur le dessus » (Cart. de Ponthieu, Richel, 1. 10112, fo159 vods Gdf.) − xves. ibid. est peut-être un mot différent, v. FEW t. 1, p. 584b). Fréq. abs. littér. : 48. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 338.