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ÉLEVER1, verbe trans.
I.− [La notion dominante est celle d'une hauteur bien en vue ou d'un accroissement de valeur] Faire monter quelque chose, ou plus rarement quelqu'un, d'un niveau à un autre situé plus haut, de manière qu'elle soit bien ou mieux en vue ou qu'elle acquière une valeur supérieure.
A.− [La montée est physique]
1. [Le point de départ exclut l'idée de degré ou ne se situe pas déjà à une certaine hauteur]
a) [Avec une idée de mouvement] Mettre, porter vers le haut. Élever les mains, la tête, les yeux. Il éleva sa bougie pour vérifier la pancarte (Huymans, Oblat,t. 1, 1903, p. 240).Les roues ruisselantes qui tournent, (...) au fil du fleuve pour en élever l'eau bienfaisante (Barrès, Jard. Oronte,1922, p. 1):
1. Heureux cet homme [Siméon] qui prit l'enfant Jésus dans ses bras, qui l'éleva dans ses deux mains, le petit enfant Jésus, comme on prend, comme on élève un enfant ordinaire... Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 44.
[Souvent avec un compl. de direction ou de but indiquant jusqu'où, vers quoi un objet est élevé] Cette noble crapule élevait les bras vers le ciel (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 7, p. 87).[Il] éleva le bougeoir au-dessus de sa tête (Bernanos, Imposture,1927, p. 518):
2. ... et quand le wagon s'arrêta, elles [mes amies] me poussèrent, elles me hissèrent sans trop pleurer, comme si elles m'élevaient simplement à la hauteur où la vitesse de la terre n'emporte plus ... Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 25.
Emploi pronom. réfl. S'élever en l'air, dans les airs. Les goëlands s'élèvent à perte de vue (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 114).Grimper par ruse au lieu de s'élever par force (E. Rostand, Cyrano,1898, II, 8, p. 92).
MAR., loc. verbales. [Le suj. désigne une embarcation] S'élever à la lame. Céder facilement à l'action de la lame qui soulève le navire. Il [le Pourquoi-Pas?] s'élève admirablement à la lame (J.-B. Charcot, «Pourquoi-Pas?» 1910, p. 363).S'élever en latitude, en longitude. S'écarter de l'équateur, du premier méridien. La première [frégate] s'élèvera jusqu'au parallèle intermédiaire entre 16 et 17 degrés (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 17).S'élever au/ dans le vent. Avancer dans la direction d'où souffle le vent. Notre beau navire (...) se mit (...) à tirer des bordées pour s'élever dans le vent (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 174).
En partic. [L'objet désigne une construction] Faire monter à partir du sol. Élever un autel, un échafaud, une statue, un temple; élever autel contre autel*. Synon. bâtir, construire, dresser, ériger.Élever une belle petite maison chaude et solide (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 189).
Les habitants d'Oberkalbach ont promis d'élever un monument sur la tombe de notre camarade (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 196).
Emploi pronom. à sens passif. Maintenant, les murs s'élevaient au premier étage (Zola, Bonh. dames,1883, p. 596).Sur la table, les fruits se dressaient en pyramides, et les gâteaux s'élevaient en monuments (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 398).
GÉOM. Élever une perpendiculaire. La tracer, à partir d'un point donné, perpendiculairement à une droite ou à un plan. Le parallélisme supposé de toutes les perpendiculaires élevées de la surface terrestre (Proudhon, Propriété?1840, p. 138).
Rem. Quand la notion d'aspect progressif-perfectif de « bien en vue » est absente, le verbe est p. ex. lever (Lever les bras/élever les bras) ou construire (élever une statue/construire une cabane). Quand il s'agit d'objets à soulever, ,,élever suppose plus d'efforts et une opération plus difficile [que lever]`` (Laf. 1878).
b) Littér. [Le mouvement est fictif]
Dresser à partir du sol :
3. Par les temps clairs et tempérés, nous poussions jusqu'au Jardin des plantes ou jusqu'au Trocadéro qui élevait alors, au bord de la Seine, dans la solitude, sa colline verte et fleurie. France, Le Petit Pierre,1918, p. 101.
Souvent en emploi pronom. [Souvent suivi d'un compl. de direction ou de but indiquant jusqu'où, vers quoi l'objet s'élève] Se dresser de toute sa hauteur. Le mont Hymète s'élevoit à l'orient comme revêtu d'une robe d'or (Chateaubr., Martyrs,t. 2, 1810, p. 221).D'énormes rochers arides et perlés qui s'élevaient jusqu'aux nues (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 151).Du milieu de ces rocailles s'élevait un pin noir et tors (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 35).
P. anal. [Le suj. désigne un végétal ou un inanimé concr.] Tenir à une certaine hauteur. Cyprès qui élèvent leurs têtes pyramidales au-dessus des portiques de la mosquée El-Aksa (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 454).Les cyprès élèveront leurs branches entre ces falots agrandis (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 135).
Emploi pronom. à sens passif. L'ombrelle rouge de la femme s'élevait dans les feuillages avec un mouvement altier (Chardonne, Épithal.,1921, p. 253).
2. [Le point de départ est déjà situé à une certaine hauteur ou sur un objet comportant des degrés; le verbe est gén. suivi d'un compl. de mesure indiquant de combien de degrés est monté l'objet] Faire monter plus haut. Synon. exhausser, surélever.La tour carrée qu'il a fallu élever d'un étage au-dessus du toit de la maison (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 392).Il faudrait élever la barricade de cinquante centimètres (Malraux, Espoir,1937, p. 537).
B.− Au fig. [La montée concerne des valeurs]
1. [Valeurs physiques ou financières, correspondant à des réalités comptables, mesurables; le point de départ est déjà situé à une certaine hauteur] Augmenter. Élever le prix, le taux, la température. Je ne puis pourtant élever les salaires, sans faire faillite (Zola, Terre,1887, p. 369).On a élevé le prix du pain et, demain sans doute, on sera forcé de l'augmenter encore (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 40).Le produit transféré permet à l'emprunteur d'élever son produit réel global (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 381).
[Avec un compl. prép. de mesure indiquant à combien est élevé l'objet] On avait élevé ses appointements à neuf mille francs (Zola, Bonh. dames,1883, p. 655).L'Allemagne élevait le même budget de 85 à 137 millions (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 166).
ALG. Élever un nombre à la seconde, à la troisième puissance. ,,Le carrer, le cuber`` (Ac. 1835-1932). Élever un nombre au carré.
P. métaph. Il [Mallarmé] a essayé, pensai-je, d'élever enfin une page à la puissance du ciel étoilé (Valéry, Variété II,1929, p. 181).J'ai élevé la géométrie et l'algèbre à une puissance inconnue, inespérée (Arnoux, Seigneur,1955, p. 113).
2. [Valeurs mor.; le point de départ exclut l'idée de degré ou ne se situe pas déjà à une certaine hauteur]
a) Élaborer progressivement, mettre sur pied. Synon. bâtir, construire.Il [Lamennais] est fort tranquille à La Chênaie, élevant son grand ouvrage, l'immense pyramide sous laquelle il veut se coucher (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 174).La religion qui, dans l'enfance de l'humanité, a élevé l'édifice de la morale (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 336).
b) [Avec une idée d'hostilité] Chaque seconde élevait un mur entre lui et moi (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 119).Élever une barrière infranchissable entre le monde des phénomènes (...) et celui des choses en soi (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 180).
P. ext. Faire surgir, faire naître dans un esprit d'opposition. Élever des soupçons. Élever des difficultés relativement à des retards (Balzac, Corresp.,1840, p. 44).Il était impossible d'élever le moindre doute (Benoit, Atlant.,1919, p. 234).
3. [Valeurs mor.; l'obj. est déjà à un certain degré de valeur, de noblesse]
a) [Le suj. et l'obj. désignent une pers.]
[Gén. suivi d'un compl. prép. indiquant à quoi la pers. est élevée] Porter dans un haut rang, dans un rang supérieur. Élever sur le trône, aux charges, aux honneurs, au plus haut rang. Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois (Flaub., Corresp.,1871, p. 287).Nous mettrons Eugénie à la porte, à moins que nous ne l'élevions à la dignité d'intendante générale de la maison (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 83).
Emploi pronom. Je n'aurais pas désiré m'élever au rang de profès (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 265).[Ils] avaient mis cent ans à s'élever au trône (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 51).V. ambition ex 2.
Attribuer la supériorité, l'avantage sur les autres. Élever quelqu'un au-dessus des autres (Ac.1798-1932).
P. exagér. Élever qqn aux nues. En faire un éloge excessif. Emploi pronom. Un danseur qui, en Italie, s'était élevé jusqu'aux nues (Berlioz, Grotesques mus.,1869, p. 40).
P. métaph., emploi pronom. Se mettre au-dessus des autres par orgueil. Synon. s'enorgueillir :
4. ... je cessai de m'élever dans mon orgueil au-dessus de mes compagnons d'infortune, je m'humiliai devant Dieu et j'acceptai de lui l'abaissement où j'étais réduit en vivant parmi eux. Sand, Lélia,1839, p. 372.
Emploi pronom. réfl. Faire en sorte qu'on soit placé à un niveau social plus haut, plus important, dans une société hiérarchisée. M'élever au-dessus de ma condition princière et sortir du néant et du Gotha (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 307).Il faut toujours à l'homme, pour s'élever parmi ses semblables, une petite chance supplémentaire (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 112):
5. Je n'ai plus le courage de m'élever au-dessus de la classe médiocre ou infime dans laquelle je suis rangé par l'opinion des hommes avec qui je suis en rapport. J'ai dans la société comme dans les conseils un ton timide, un air humble qui tend à me ravaler de plus en plus. Maine de Biran, Journal,1818, p. 141.
b) [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne un inanimé] Accorder une place bien en vue, une importance nouvelle à. Élever la boulangerie à la hauteur d'une institution nationale (Renard, Journal,1887, p. 7).Élever en quelque sorte la brique à la dignité de la pierre (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 162).Élever au rang d'idoles le rond de cuir du bureaucrate (Faure, Esprit formes,1927, p. 263).
Emploi pronom. à sens passif. Les tragédies en prose qui s'élèvent au-dessus du genre du drame (Staël, Allemagne,t. 3, 1810, p. 172).Le dessin ne peut s'élever au portrait (Alain, Beaux-Arts,1920, p. 292).
c) [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne une faculté ou une attitude de cette pers.] Porter plus haut dans l'ordre intellectuel, moral ou spirituel. Le vin (...) élevait son âme au-dessus des élans de passion qu'il avait (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 242).Leconte de Lisle éleva le niveau de l'intelligence artistique (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 269):
6. Je veux que ceux qui suivent mon cours emportent, de leur bref contact avec moi, autre chose que quelques connaissances exactes; je fais le rêve d'élever leur niveau moral, d'exalter leurs personnalités, de marquer à jamais ces âmes qui s'offrent à l'empreinte : et vraiment je crois obtenir un résultat qui n'est pas indigne de tout mon effort. Martin du Gard, Jean Barois,1915, p. 263.
[Avec un compl. indiquant le but] Élever son cœur, son esprit, son âme à Dieu, vers Dieu. ,,Porter ses pensées, ses désirs vers Dieu`` (Ac. 1798-1932).
Emploi pronom. réfl. [Suivi d'un compl. prép. indiquant au-dessus de quoi, jusqu'où, vers quoi la pers. s'élève] Elle est incapable de s'élever jusqu'à comprendre Wilfrid (Gobineau, Pléiades,1874, p. 264).Ils s'élevèrent à des considérations sur l'origine du monde (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 90).Voyons, il faudrait s'élever au-dessus de cela, tâcher de planer un peu, se débarrasser des contingences (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1908, p. 325).
P. anal. [Le suj. désigne une forme d'expr.] Haydn lui paraissait [à Chenavard] avoir le style comique, le style de la comédie; il s'élève rarement jusqu'au pathétique (Delacroix, Journal,1854, p. 160).
Emploi pronom. à sens passif. Devenir moralement plus grand. Au lieu de s'élever par elle [la beauté], il [le voluptueux] jouit de la rabaisser aux amours lascives (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 88).Par la foi l'homme veut s'élever et s'élève en effet (Alain, Beaux-arts,1920, p. 95).
d) [Le suj. désigne un inanimé abstr.; l'obj. désigne une pers. ou un aspect de cette pers.] Porter à des sentiments plus élevés. Élever l'esprit. Synon. ennoblir, fortifier.Nobles textes qui élèvent l'âme (Montherl., Malatesta,1946, IV, 9, p. 533).
Emploi pronom. J'ai senti mon âme s'élever au contact de la vôtre (Sand, Lélia,1839, p. 464).Il faut se rendre digne. Il faut s'élever! Il faut s'ennoblir (Dupanloup, Journal,1876, p. 97):
7. Les souffrances que lui cause [à l'amour] l'objet aimé le font grandir et s'élever tant qu'il peut s'élever et grandir encore, mais lorsque, émanant tous ses parfums, riche de fleurs, profond de racines et large d'ombrage, il est monté jusqu'à la hauteur où Dieu lui a permis d'atteindre... Flaubert, 1reÉducation sentimentale,1845, p. 202.
8. ... il n'y a rien au monde qui s'embellisse plus aisément qu'une âme. Il n'y a rien au monde qui s'élève plus naturellement et s'ennoblisse plus promptement. Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 251.
Rem. On rencontre ds la docum. élevant, ante en emploi adj. Qui élève. L'action élevante et illuminante du Christ (Teilhard de Ch., Milieu divin, 1955, p. 182).
C.− Emplois pronom. spécifiques
1. [La montée est celle de réalités sensibles]
a) [Avec une idée de mouvement; souvent accompagné d'un compl. avec prép. de marquant l'orig.] Monter. La flamme, la fumée s'élève. Une fine poussière s'élevait des planchers (Zola, Bonh. dames,1883, p. 631).Les vapeurs violettes de l'aube s'élevaient des rues silencieuses (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 163):
9. Quand la nuit vient, sous le hangar, une buée embrasée commence à s'élever, un brouillard qui s'exhale des rangs des briques, filtre le long des murs, quelque chose de rouge qui danse au-dessus de la bouche du four comme la brume du soleil sur l'aire. Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 200.
10. Les deux femmes, levées tôt, commençaient de préparer le petit repas du matin. L'odeur du pain rôti et du café s'élevait d'un étage à l'autre, passait sous les portes mal jointes et tourmentait les dormeurs. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 100.
[À propos d'un ciel découvert ou dans lequel les nuages sont hauts] Le temps s'élève. Le temps s'éclaircit, se met au beau. Synon. le temps se dégage, se lève.Le temps s'élevait un peu. On eût dit que le soleil allait se montrer (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 197).
b) [Le mouvement est fictif] Commencer à se manifester. Un bruit, un chant, une clameur s'élève; s'élever brusquement, confusément. Synon. naître, surgir, survenir.Le soir, un fort coup de vent s'éleva (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 67).Le rire d'Aristide s'éleva de nouveau (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 79).
Au fig. Une colère, une protestation s'élève. Une effroyable jalousie s'élevoit dans son cœur (Balzac, Annette,t. 2, 1824, p. 66).Des murmures désapprobateurs s'élevèrent contre l'oblat (Barrès, Colline insp.,1913, p. 178).Aucune menace ne s'élevait plus contre mon bonheur (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 581).
[Avec un suj. apparent] Il s'élève une discussion, une dispute. Il s'élevait en lui violemment, mille imaginations, mille désirs (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 145).Il s'élevait des controverses sans fin (Rolland, J. Chr., Adolesc., 1905, p. 233).
2. P. anal. [La montée est celle d'un prix, d'une quantité comptable ou non; gén. suivi d'un compl. prép. indiquant à combien s'élève la chose] Atteindre une certaine somme, un certain chiffre. Synon. se monter à.Les profits (...) s'élevèrent à 60 millions (Say, Écon. pol.,1832, p. 510).Autrefois, à la bibliothèque nationale, les demandes de livres, qui ne s'élevaient pas au delà de deux à trois cents, étaient montées depuis dix ans à dix-sept cents (Goncourt, Journal,1893, p. 400).La température s'élevait brusquement à 39,5 degrés (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 887).Les pertes s'élevèrent à plus de 3 000 tués, blessés, disparus (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 45).
II.− [La notion dominante est celle d'une progression en intensité, de manière que ce qui monte soit bien ou mieux perçu]
A.− [Intensité physique; le suj. désigne une pers., l'obj. désigne son expr. orale]
1. Élever le ton, la voix
a) Prendre la parole. Un des interprètes éleva la voix et dit : « Où est le soleil? » (Chateaubr., Natchez,1826, p. 109).
b) Parler plus haut, plus fort. MmePaloque perdit toute mesure; elle éleva le ton, elle cria (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1078).Avec le plus grand calme, sans élever ni baisser la voix (Bernanos, Joie,1929, p. 540).Il fit une pause, puis reprit, sans élever le ton (Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1259).
c) MUS. Élever le ton d'un morceau. ,,Transposer un morceau pour qu'il soit exécuté sur un ton plus haut que celui dans lequel il a été composé`` (Ac. 1835-1932).
2. Emploi pronom. Prendre de l'ampleur, faire plus de bruit. Quelques rires éclatèrent, le murmure augmenta, les voix s'élevèrent (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 68).
B.− Au fig. [Intensité morale]
1.
a) Élever le ton, la voix. Parler avec suffisance ou autorité. Il ne vous convient pas d'élever ici la voix (Ac.1835-1932).
Emploi pronom. Même sens. Il enfle le ton, veut s'élever (Barrès, Cahiers,t. 5, 1906-07, p. 33).
b) Élever une protestation, la voix contre, pour, en faveur de qqn ou de qqc. Prendre hautement parti pour ou contre. Loin de moi la pensée d'élever la voix sur des points qui échappent à ma compétence (Gide, Voy. Congo,1927, p. 744).
Emploi pronom. S'élever pour, contre
[Le suj. désigne une pers.] Même sens. Les victimes dont la voix s'élevait contre toi (Sand, Lélia,1833, p. 294).Le procureur s'est élevé avec violence contre cette question (Camus, Étranger,1942, p. 1187).
[Le suj. désigne un inanimé abstr.] Porter témoignage pour, contre. Les preuves qui s'élèvent contre l'accusé (Ac.1835-1932).
2. Élever son cri, sa plainte, sa prière vers. Faire monter vers. Élever au Seigneur une courte prière d'actions de grâces (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 21).
Emploi pronom. Mes cris t'éveilleront, et mon humble prière s'élèvera vers toi, comme l'encens du soir (Lamart., Médit.,1820, p. 201).
3. Élever le niveau, le ton d'un débat, d'une discussion. Leur donner plus de dignité, leur donner un tour plus noble. Une manière d'élever le débat à la fin de ses discours (Camus, Homme rév.,1951, p. 222).
Prononc. et Orth. : [elve], (j')élève [elε:v], ou bien, avec harmonie vocalique, [elve] et [εlε:v], ou bien, d'apr. la syllabation manifeste, [εlve] (et, indifféremment, [elε:v] ou [εlε:v]). Dans [elve] et [εlve] les 2 principes s'appliquent l'un aux dépens de l'autre, au profit de l'harmonie dans le premier, de la syllabation dans le second. Cette situation est compatible avec la discussion ds Buben 1935, § 14, qui admet, en ce qui concerne le rôle de la syllabation, l'hésitation (cas gén.; dans le cas partic. de élever il prononce [elve], sans qu'on puisse considérer qu'il donne le pas à l'harmonisation vocalique). Grammont Prononc. 1958, p. 41, en revanche, n'envisage pas d'exception à la règle d'harmonisation (voir les formes [εlve] et [elε:v] contraires à la règle). [elve], forme « lente », proche de [eləve], p. oppos. à [εlve], forme « rapide », éloignée de [eləve], répond par là-même à un style plus soutenu. Enq. : /elev/ (il) élève. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Cf. élever2. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 2, 9, 313, 348.