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ÉGALER, verbe trans.
A.− Emploi trans. dir. Être égal à, atteindre l'égalité avec quelqu'un ou quelque chose.
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Être égal quantitativement. Neuf fois, dans ces récits égalant le nombre des muses, je me suis appliqué à donner un visage (...) humain (...) à des opinions assez peu courues de nos jours (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. XXVI).Il arrivera une époque où le jour terrestre égalera le mois lunaire (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 216).
[Avec un compl. prépos. qui indique en quoi une chose est égale à une autre] La condition essentielle d'un produit (...) est d'égaler tout au moins en valeur ses frais de production (Say, Écon. pol.,1832, p. 148).Les victimes d'un coup de grisou égalent à peine en nombre celles d'un petit coup de main que l'on ordonne pour voir, et pour tenir les troupes en haleine (Alain, Propos,1936, p. 1307).
En partic. [Le suj. et l'obj. désignent des grandeurs numériques; abrév. : =] Cinq, multiplié par quatre, égale vingt (Ac.). Celui qui, le premier, exprima par des caractères cette proposition si simple : « deux plus deux égalent quatre » créa les mathématiques (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 52).Étant donné que la quantité du goudron qui reste au piquet égale dix centimètres cubes (Colette, Cl. école,1900, p. 46).
Rem. Dans cet emploi, le verbe est au sing. ou au pluriel.
P. ext. [Le suj. et l'obj. ne désignent pas des grandeurs numériques] L'admirable révolution du christianisme est d'avoir dit : le royaume de Dieu est au-dedans de vous (...). Le christianisme = l'opération intérieure (Gide, Journal,1912, p. 375).Péguy trouvait singulier qu'on habitât Montmartre, comme faisait Bloy, Montmartre égalant « chat noir » dans l'esprit du normalien (Green, Journal,1942, p. 253).
2. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose] Être égal qualitativement, en signification, en valeur. On peut dire à la gloire de Giorgione que Titien l'égala, mais ne le surpassa point (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 49).La rougeur de ses joues égalait l'éclat de la braise (France, Vie fleur,1922, p. 367):
1. Ce chef (...) était brave, audacieux, mais sa cruauté égalait sa valeur. Il n'y avait aucune pitié à attendre de lui. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 104.
Emploi pronom. à sens passif. La Vierge de Vézelay (...) est un chef d'œuvre qui s'égale aux plus grands aussi bien de la Grèce que de l'Italie (Du Bos, Journal,1922, p. 164).Eux seuls [les musiciens et les peintres] sont de vrais artistes (...). Le littérateur est bien loin de s'égaler à eux (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 124).
[Avec un compl. prép. qui indique en quoi une pers. ou une chose est égale à une autre] J'ai voulu m'instruire près du bon vieillard Didyme. Bien qu'il fût aveugle, aucun ne l'égalait dans la connaissance des Écritures (Flaub., Tentation,1874, p. 3).Trois années de ma vie égalent en richesse la vie entière d'un autre homme (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1520).Cf. bravoure I ex.
P. antiphrase. Rien n'égale le palais des postes. Jamais la démence du clocheton n'a sévi de cette manière : du gothique industriel (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 219).
[Avec un compl. prép. qui indique en quoi une pers. ou une chose est égale à une autre] Partout ce sont les élèves de Cabanel et de Bouguereau, qui égalent, s'ils ne dépassent, en nullité, leurs déplorables maîtres (Huysmans, Art mod.,1883, p. 145).
B.− Emploi factitif. Rendre égal (cf. égaliser).
1. [Le compl. d'obj. désigne des choses] Rendre égal quantitativement.
a) [Choses rendues égales] Égaler les parts, les portions (Ac.).
b) [Chose rendue égale à une autre, désignée par un compl. second. introduit par à] :
2. Le prix s'élevant ou s'abaissant, le nombre des firmes dans l'industrie s'élève ou s'abaisse aussi et l'offre est égalée à la demande par une adaptation automatique. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 401.
En partic. [Le compl. d'obj. et le compl. second. désignent des grandeurs numériques] Quand vous égalez le nombre 3 à la somme 1 + 1 + 1, rien ne vous empêche de tenir pour indivisibles les unités qui le composent (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 71).Une relation algébrique obtenue en égalant à zéro un polynôme dont les trois valeurs sont les variables (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 51).
2. [Le compl. d'obj. désigne des pers. ou des choses]
a) Rendre égal qualitativement, en valeur.
[Le compl. d'obj. désigne les pers. ou les choses rendues égales] La mort égale tous les hommes, égale tous les rangs (Ac.). Le riche et le pauvre, le sujet et le prince, instruits ensemble à cette école de la mort qui égale toutes les conditions, offraient les mêmes vœux (Fontanes, Œuvres,La Maison rustique, 1821, p. 258).
[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose rendue égale à une autre, désignée par un compl. second. introduit par à] La chevelure inondée par les flammes matinales (...) reçoit une beauté qui l'égale à la chevelure de Diane (M. de Guérin, Poèmes,1839, p. 13).Me voici à tes pieds, tremblant de la terreur de n'avoir pas égalé mon zèle à ta magnanimité (Arnoux, Rêv. policier,1945, p. 40):
3. Je n'étais plus auprès de mes chefs un employé entêté et vaniteux, mon succès m'avait presque égalé à un sous-chef. Dumas père, Napoléon Bonaparte,1831, préf., p. 2.
Emploi pronom. réfl. Le crime de Satan, qui voulut s'égaler à Dieu (Renan, Drames philos.,Caliban, 1878, IV, 5, p. 427).Un amour s'égale-t-il à la beauté de son objet lorsqu'il entretient l'idée d'une joie qu'on lui refuse? (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 216).
b) P. ext. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose comparée à une autre désignée par un compl. second. introduit par à] Considérer comme égal. J'ai de la continuité de la vie une notion trop instable pour égaler aux meilleures mes minutes de dépression, de faiblesse (Breton, Manif. Surréal.,1ermanifeste, 1924, p. 20):
4. Orberose noua longtemps ses généreux bras au cou des bouviers et des pâtres qu'elle égalait aux dieux. Et quand elle ne fut plus belle, elle se consacra au Seigneur. France, L'Île des pingouins,1908, p. 123.
3. P. ext. [Le compl. d'obj. désigne une étendue] Synon. rare de égaliser.Cette allée est raboteuse, il faut l'égaler (Ac.).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. égalable. Qui peut être égalé. Tabidzé, Iachvilli, Léonidzé, etc. − équipe poétique difficilement égalable (Arts et litt., 1936, p. 5601).
Prononc. et Orth. : [egale], (j')égale [egal]. Ds Ac. 1694-1932. Dans l'expr. d'une égalité dont le 1ermembre est une pluralité, on peut accorder le verbe mais on peut aussi le laisser au sing. Ex. cinq plus trois égale huit, cinq moins trois égale deux. L'accord se faisant avec nombre ou cela qui sont sous-entendus : cinq plus trois, cela égale huit. Cependant si l'on a et dans le 1ermembre ou s'il s'agit de nombres concr., l'accord est préférable. Ex. cinq et trois égalent huit, cinq francs plus trois francs égalent huit francs (cf. Grev. 1964, § 820). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 soi egailler à (qqn) « se rendre ou se prétendre égal à » (Pean Gatineau, St Martin, 7867 ds T.-L.); b) 1643 égaler qqn, qqc. « lui être égal en mérite, en qualité, en valeur, etc. » (Corneille, Cinna, III, 4 : égaler un citoyen romain); 2. a. fin xves. [ms.] « rendre égal, uni » egaler le chemin (Anc. des Juifs, Ars. 5082, fo257a ds Gdf. Compl.); 1470 « rendre égales entre elles des choses » ici « répartir équitablement » (Lettres de Louis XI, IV, 91 ds Bartzsch, p. 100); b) 1558 « mettre sur le même rang deux personnes » (Marg. de Nav[arre], Heptam., 42 ds Hug.); 1651 « considérer deux personnes, deux choses comme égales en qualité, en mérites » (Corneille, Nicomède, I, 2); c) 1824 « (d'une chose) élever une personne, une chose au même degré d'estime, d'honneur qu'une autre » (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, p. 185 : son rang et sa puissance ne l'égalaient point aux autres). Dér. de égal*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 996 (égalé : 98). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 942, b) 1 039; xxes. : a) 1 582, b) 1 067.
DÉR.
Également, subst. masc.,dr. anc. Égalisation des parts des cohéritiers, compte tenu des avancements d'hoirie; p. méton. biens dont la valeur est égale aux avancements d'hoirie. Donner à ceux qui ont reçu moins un également tel qu'ils aient autant que celui qui a reçu le plus (Ac.). [egalmɑ ̃]. Ds Ac. 1762-1932. 1resattest. 1509 egalement « action d'égaliser » (Calepin, Dict. des lang. lat., ital., etc. ds Gdf.); 1520 « distribution préalable faite entre héritiers » esgalement de rentes (Coustumes du Pays de Bordeaux, chap. 8, LXXXIV ds Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. Bourdot de Richebourg, t. 4, p. 898), qualifié de ,,T. de Jurispr. ancienne`` dep. Ac. 1835; du rad. de égaler, suff. -(e)ment1*.
BBG. − Quem. 2es. t. 1 1970.