Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ÉCHOUER, verbe.
A.− Emploi trans., vieilli.
1. [L'obj. désigne une embarcation] Jeter un navire, une embarcation, sur le rivage, sur un haut-fond et l'y immobiliser. Le banc de galets où les pêcheurs échouaient leurs barques (Zola, Joie de vivre,1884, p. 841):
1. Je ne croyais pas être exposé au moindre danger, puisqu'en gagnant seulement vingt toises sur l'un ou l'autre bord, nous avions toujours la ressource d'échouer nos canots sur le rivage. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 171.
2. P. anal.
a) [L'obj. désigne un animal marin] Ils échouent la baleine sur la place disposée en talus (Voyage de La Pérouse,t. 4, 1797, p. 78).
b) [L'obj. désigne une chose qui flotte sur l'eau] Le fleuve s'en empare (des arbres déracinés), les pousse au golfe mexicain, les échoue sur des bancs de sable (Chateaubr., Atala,1803, p. 20).
B.− Emploi intrans., usuel
1. [Le suj. désigne un navire, une embarcation] Heurter, par accident ou volontairement, le rivage ou le fond marin et s'y immobiliser, ne plus pouvoir flotter. Synon. se briser, toucher le fond; anton. flotter, se renflouer, voguer :
2. Au-dessus, l'éclatante roue Fait tourner les astres au ciel; Et cependant le vent se joue, Le flot grossit, la barque échoue; Chaque astre revient éternel. Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 91.
P. méton. [Les marins pour le navire] Nous échouâmes sur un banc de sable (Ac.1835-1932).Mon espoir, vous le pensez bien, n'était point d'entrer l'« Orénoque » dans un port (...) je ne demandais qu'à échouer à la côte et à me sauver à la nage (Malot, R. Kalbris,1869, p. 232).
SYNT. a) Échouer + compl. circ. de lieu. Échouer au port, sur un banc, un écueil, des sables. b) Verbe + échouer. Aller, venir échouer.
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un animal marin] On trouva une baleine qui avait échoué à la côte, sur la côte (Ac.1835-1932).
b) [Le suj. désigne une pers.] Un fidèle serviteur de la famille recueille les deux naufragés qui échouent avant que le ballon plane au-dessus de la mer (E. Schneider, Charbon,1945, p. 230).
P. ext., expr. fam. [À propos d'une pers.] Être amené dans un lieu, dans un état que l'on n'a pas choisi et s'y installer. Tu ne te moqueras pas de moi si je déchois, et si j'échoue dans la maladie, l'ivrognerie ou l'abrutissement (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 349).
Péj. Ce bar, où Léontine échouait à présent toutes les nuits, avait pour habitués des débardeurs (...) et quelquefois de vieilles femmes sordides qui se régalaient de vin rouge (Carco, Homme traqué,1922, p. 153).
3. Au fig. [En parlant d'une pers. ou de ce qu'elle a entrepris ou produit] Se heurter à un obstacle social, moral ou intellectuel et ne pas réussir à le surmonter; subir un échec. N'entreprenez pas cette affaire, vous y échouerez (Ac. 1835-1932); échouer au baccalauréat. Les meilleures raisons ont échoué contre ses refus (Lemercier, Pinto,1800, I, 2, p. 34).Telles femmes, pendant la terreur, avoient donné des preuves multipliées d'héroïsme, de qui la vertu est venue depuis échouer contre un bouquet de fleurs, une fête nouvelle (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 286):
3. Voilà comment il se fait qu'après tant de désillusions, l'appétit du bien, la soif d'une conscience de plus en plus étendue ne s'éteignent jamais dans l'humanité. Antistius renaîtra éternellement pour échouer éternellement, et, en définitive, il se trouvera que la totalité de ses échecs vaudra une victoire. Renan, Drames philos.,Prêtre Nemi, 1885, p. 529.
Emploi factitif. Faire échouer un plan. La débâcle russe qui commença au mois de mai fit échouer le plan d'action du grand-duc Nicolas (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 98).
SYNT. a) Échouer + adv. Échouer complètement, misérablement, souvent, totalement. b) Échouer + subst. compl. d'obj. Faire échouer une attaque, une entreprise, un projet, une tentative; échouer à un examen, dans la/une tentative. c) Verbe semi-auxil. ou subst. abstr. + échouer. Laisser, voir échouer; (la) crainte d'échouer. PARAD. a) (Quasi-)synon. [Le compl. d'obj. désigne une chose]. Avorter, manquer, rater, tomber. [Le suj. désigne une pers.]. Essuyer un échec. b) (Quasi-)anton. gagner, réussir, riompher.
C.− Emploi pronom. à sens passif ou subjectif
1. [Le suj. désigne une embarcation] Se jeter sur le sable du rivage, sur un haut-fond. Haler le navire par l'arrière au cas où son avant viendrait à s'échouer (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 200).Le navire qui suivait la côte de très près à demi-vitesse s'échoua brutalement (Charcot, Mer Groënland,1929, p. 50).
P. métaph. Ces jardins sous l'air bleuissant où la barque du vent s'échoue au cœur des massifs gémissants et où gloussent d'extase perpétuelle les eaux glissantes et retombantes (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 267).
2. P. anal. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Le vaurien jugea raisonnable de se reposer. − Échouons-nous, se dit-il en gagnant la berge opposée à la route de Bougival à Port-Marly. (...) Une fois déshabillé, Rocambole se roula dans le sable et s'y enterra à moitié (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 620).Deux barils (...) solidement attachés à une large caisse qui, soutenue par eux, avait ainsi flotté jusqu'au moment où elle était venue s'échouer sur le rivage (Verne, Île myst.,1874, p. 221).
3. P. ext. [Le suj. désigne des pers.] Arriver dans un lieu inattendu et s'y installer. D'un pas de flânerie, ils descendirent, hésitèrent, s'échouèrent enfin dans un petit café (Zola, Œuvre,1886, p. 145).
P. anal. [En parlant d'animés non humains] ,,Auxiliaire : Le navire a échoué ou est échoué sur un banc de sable en vue des côtes. Avoir marque l'action; être, l'état qui résulte de l'action accomplie. On peut dire aussi s'échouer : Le navire s'est échoué. Au sens figuré, on ne dit pas d'une personne ou d'une entreprise qu'elle est échouée. On dit toujours : a`` (Hanse 1949).
Prononc. et Orth. : [eʃwe], (j')échoue [eʃu]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1559 Galeres ... eschouees (Amyot, Lucull., 23 ds DG); 1573 « toucher le fond et ne plus naviguer » (J. Dupuys, Dict. fr.-lat.); 2. 1596 « mener un bateau à l'échouage » (Hulsius); 3. 1660 « ne pas réussir une action entreprise » (De Retz, éd. A. Régnier, t. 10, lexique). Orig. inc. (FEW t. 23, fasc. 127, p. 109). Un étymon cautes « rocher, écueil » (Diez, 566) est peu probable étant donnée la date tardive d'apparition du mot. Un changement de échoir, d'apr. l'ancienne prononciation ešwęr, en échouer (REW3, no2963) suppose une nouvelle conjugaison avec une répartition immédiate et systématique des formes et des sens difficile à admettre. Une altération des formes norm. escouer, écouer correspondant à l'a. fr. escoudre, escourre « secouer » (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 41, pp. 510-511 et EWFS2) suppose une reconstitution littér. de escouer en échouer difficile à admettre pour un tel mot. Un étymon *exaquare « enlever l'eau, mettre à sec » (Cor., s.v. Enjuagar) supposerait aussi un traitement phonétique propre à une région qui ne fournit pas d'ordinaire de terme de marine. Fréq. abs. littér. : 857. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 070, b) 1 039; xxes. : a) 1 293, b) 1 394. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 264. − La Landelle (G. de). Le lang. des marins. Paris, 1859, p. 323. − Rog. 1965, p. 99. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 269; t. 3 1972 [1930], p. 217.