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ÉCHINER, ÉCHIGNER, verbe trans.
[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un animal]
A.− Vx. Rompre l'échine de. Il lui a donné sur les reins un coup de bâton qui l'a échiné (Ac.1932).
B.− P. ext., usuel
1. Frapper jusqu'à ce que mort s'en suive, rosser. Je tombe dans une patrouille... on m'a pas mal échigné pour commencer... (...) on me mène au poste à coups de crosse (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 128).
Emploi abs. Ces gens qui sont tous coups d'épée, qui ne parlent que d'échiner, et ne font pas plus de conscience de tuer un homme que d'avaler un verre de vin (Claudel, Raviss. Scapin,1952, p. 1329).
Emploi pronom. réciproque. Se battre violemment. Ils se sont échignés en conscience. Quand on montait l'escalier, on les entendait se bûcher (Zola, Assommoir,1877, p. 549).
2. P. hyberb. Fatiguer à l'excès. (Quasi-)synon. esquinter, éreinter, harasser.Moi qui ai échigné mon cheval pour arriver avant 4 heures et qui n'en ai pas dormi de la nuit (Flaub., Corresp.,1850, p. 107).Malheureux orphelins, que les autres échinent et ne nourrissent pas, en abusant comme de meurt-de-faim (Goncourt, Journal,1859, p. 639).
a) [Le compl. d'obj. désigne l'attribut d'une pers.] Amuse-toi bien, mais pas trop et n'échine ni ta santé ni ton travail (Sand, Corresp.,t. 3, 1812-76, p. 366).
b) Emploi pronom. réfl. Se fatiguer à l'excès, se donner beaucoup de peine. (Quasi-)synon. s'esquinter, se crever (fam.).Tout le monde doit s'échiner pour lui, (...) il n'en a jamais assez (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 102).Pendant vingt ans, on s'échine autour de ces demoiselles, on se met sur la paille pour en faire des femmes distinguées, et elles ne vous donnent seulement pas la satisfaction de les marier à votre goût (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 34):
1. Pendant que je tourne, que je m'échigne là-bas toute seule! que je me tue pour l'entretenir! pour faire face aux échéances... épargner sur toutes les bougies... Monsieur, lui, disperse! Il sème! Il arrose n'importe quelle pelouse! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 489.
Emploi pronom. réfl. indir. [Avec un compl. d'obj. désignant une partie ou un aspect du corps] S'échiner, s'échigner les yeux. À quoi bon (...) nous échigner le tempérament (Flaub., Corresp.,1853, p. 117).
[Avec un compl. prép. à l'inf. introduit par à] [Le] maître des finances (...) s'est évertué, échiné et égosillé à débiter des patenôtres pour votre salut (Jarry, Ubu,1895, IV, 6, p. 78).Toute l'année il s'était échiné à défendre l'espoir contre les pressions gaullistes (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 461).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. attest. de échiner construit avec un compl. désignant une chose. Merci de vos Stanhope (...) qui vous échinent la lettre par leur défaut d'élasticité (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 14).
3. Au fig., vieilli. [Le compl. désigne une pers. ou une œuvre] Critiquer violemment. (Quasi-)synon. Éreinter, esquinter, maltraiter.Son livre devait être échiné, selon le mot classique (Balzac, Illus. perdues,1843,p. 510).Ne faut-il pas faire mousser les uns, échigner les autres? (Flaub., Corresp.,1853, p. 146):
2. Elle [Manette] est d'une jalousie (...) et éreinteuse! Je t'assure que c'est amusant de l'entendre abîmer ses petites camarades (...). Jusqu'à des noms de muscles qu'elle a retenus pour les échigner! ... Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 187.
Rem. 1. La forme échigner qui ne figure pas ds l'Ac., est considérée par les dict. gén. comme pop. 2. La docum. atteste : a) Des emplois adj. du part. prés. échinant, échignant. α) Qui fatigue excessivement. Il subit, énervé jusqu'à crier, le laborieux supplice des échinantes dragues (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 151). β) Qui critique violemment. Loue tout mon œuvre... avec des phrases échignantes comme celles que je viens de citer (Goncourt, Journal, 1889, p. 975). b) Le subst. masc. échignement. α) Action de fatiguer, de se fatiguer excessivement. Que de mal j'aurai eu, mon Dieu! que de mal! que d'échignement et de découragement! (Flaub., Corresp., 1854, p. 52). β) Action de critiquer violemment, critique violente. Un découragement produit par cette hostilité sans trêve et sans merci de la critique et ses forcenés échignements de tout ce que je fais (Goncourt, Journal, 1890, p. 1137).
Prononc. et Orth. : [eʃine], (j')échine [eʃin]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. eschiner ou eschigner; ds Ac. 1740, s.v. échiner ou échigner; ds Ac. 1762-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1225 eschiner « mettre à mal, éreinter » (Hist. G. le Maréchal, éd. P. Meyer, 8074), très rare av. le xvies. [cf. lat. médiév. eschinare (1364 ds Du Cange)]; 2. 1775 « critiquer vivement (un auteur, etc.) » (Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Préf. ds Œuvres complètes, [éd. 1809], t. 1, p. 367); 3. 1785 s'échiner « se fatiguer, se donner de la peine » (Id., Le Mariage de Figaro, I, 2). B. 1. 1660 eschigner « briser l'échine (à quelqu'un); mettre à mal » (Oudin Esp.-Fr., s.v. descaderar), qualifié de pop. dep. 1771 (Trév.); 2. 1852 trans. « critiquer » (Flaub., Corresp., p. 61); 3. 1853 s'échigner « se donner de la peine » (Id., ibid., p. 173). A dér. de échine1*; dés. -er. B var. de échiner, créée peut-être sous l'infl. d'eschigner, rechigner* (EWFS2). Fréq. abs. littér. Échigner : 49. Échiner : 24.