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ÉBLOUIR, verbe trans.
A.− Troubler la vue par un éclat, une luminosité insupportables. La lampe du billard les éblouit et ils clignèrent des yeux (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 64).Il sourit à Josette qui lui sourit d'un air dolent et un éclair de magnésium les éblouit (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 363).
Absol. Les échos des bois pouvoient à peine répéter les éclats du tonnerre; les éclairs éblouissoient (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 10).Le soleil éblouissait. Anna, d'un seul coup ouvrit son ombrelle (Reider, MlleVallantin,1862, p. 171).
B.− Au fig.
1. Frapper la vue, l'esprit d'admiration. Synon. pop. en mettre plein la vue.Quand les économistes se voient trop pressés sur les principes, (...) ils nous éblouissent de citations (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 2, 1846, p. 56).Il ne cherchait pas à briller, celui-là, à éblouir les sots (Flaub., Corresp.,1853, p. 354):
1. Il y a des médecins qui éblouissent leurs clients en leur ordonnant mille choses compliquées. Gibout les éblouissait en ne leur ordonnant rien. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 892.
Emploi pronom. réfl. :
2. On dit que le procureur général Delangle récite déjà aux intimes son morceau d'effet... Le Delangle est d'avance émerveillé de la chose et s'éblouit de lui-même. Hugo, Choses vues,1885, p. 171.
Altérer le jugement. [Bonaparte] sa double adresse consistait dans l'art d'éblouir les masses et de corrompre les individus (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 2).Ces noms de Phèdre, de Consuelo qu'on nous jetait vite aux yeux pour nous éblouir et aveugler dès qu'il s'agissait d'amour (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 131).
2. P. ext., péj. Séduire volontairement ou involontairement jusqu'à tromper ou se laisser tromper :
3. Cette jolie antithèse peut éblouir, sans doute, un esprit étranger à ces sortes de discussions; mais pour tout homme instruit ou averti, il est évident que Condillac prend ici le résultat ou le signe extérieur de la liberté, qui est l'action physique, pour la liberté même, qui est toute morale. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 470.
Emploi pronom. réfl. Se laisser aveugler, fasciner :
4. Le lyrisme de l'auteur [M. Gantillon] semble découvrir le cinéma, nous dénonce ses pompes et ses maléfices, s'éblouit de ses miracles (dans Notre-Dame du cinéma). Colette, La Jumelle noire,1938, p. 108.
Rem. Le part. passé adj. ébloui est fréq. ds l'expr. avoir l'air ébloui. Après le stage dans les ténèbres, il avait l'air ébloui d'un dormeur que l'on vient d'arracher à ses rêves (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 18).
Prononc. et Orth. : [eblui:ʀ], (j') éblouis [eblui]. Ds Ac. dep. 1694. Il n'existe pas la même propension à poser un son de transition intervocalique après [u] qu'après [i], p. ex. dans [patʀijɔt] patriote; personne n'écrit [ebluwi:ʀ]. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 s'esbleuir « être ébloui » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 81) − 1555, Ch. Fontaine ds Gdf. Compl.; b) 1181-90 esbloïr trans. (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4153); 1470 [éd. 1537] esblouyssant « qui trouble la vue par un éclat trop vif » (Le Livre de la discipline d'amour divine f. 100ads R. Ét. rab. t. 9, p. 306); c) 1690 intrans. (Fur.); 2. 1552 « impressionner vivement (de la beauté) » (P. Ronsard, Amours ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 28); 1663 éblouissant « qui impressionne vivement le regard par sa beauté » (Molière, Impromptu de Versailles, 4); 3. 1559 « tromper, séduire (par l'éloquence, etc.) » (Amyot, Mar., 81 ds Littré). Du b. lat. *exblaudire, lui-même d'un verbe b. frq. dér. du rad. germ. *blaup, cf. a. h. all. blôdi « faible (au physique et au moral) » (Karg-Frings), all. blöde « id. ». Fréq. abs. littér. Éblouir : 675. Ébloui : 996. Fréq. rel. littér. Éblouir : xixes. : a) 956, b) 1 270; xxes. : a) 841, b) 867. Ébloui : xixes. : a) 1 270, b) 2 064; xxes. : a) 1 378, b) 1 216. Bbg. Walt. 1885, p. 80.