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DÉMONSTRATIF, IVE, adj.
A.−
1. Vieilli. [En parlant d'une chose] Qui montre, qui est destiné à montrer :
1. L'Empereur (...) expliquait ses idées de machines (...). Il tirait un crayon de sa poche et faisait des figures démonstratives sur les dessins de mon père... A. France, Le Lys rouge,1894, p. 294.
2. Domaine de l'expr.
a) RHÉT. Le (genre) démonstratif. Genre d'éloquence qui loue ou blâme, dans un discours d'apparat, dans une oraison funèbre, en montrant la vie, les actions de tel personnage. Ceux [les discours] qui traitaient des faits présents, étaient classés dans le genre démonstratif (Wicart, Puissances voc.,Orateur, t. 1, 1936, p. 295).
Rem. Dans l'ex. suivant cependant, « le (genre) démonstratif » signifie « genre d'éloquence qui vise à démontrer, qui utilise la démonstration* » (cf. infra. B). Je laisse le démonstratif à l'éloquence, pour les raisons que j'ai dites. Je prie seulement que l'on remarque que, dans le langage écrit, la démonstration est toujours pédante (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 313).
b) GRAMM. Adjectif, pronom démonstratif. [Selon la grammaire traditionnelle] adjectif, pronom déictique, servant à « montrer », comme avec un geste d'indication les êtres ou les objets impliqués dans le discours, ou simplement à noter que l'être ou l'objet dont on parle est connu parce qu'il en a déjà été question, ou parce que, pour diverses raisons, il est présent à l'esprit du destinataire; [selon la grammaire structurale et générative] déterminant de même nature que l'article, commutable avec lui, ou bien préarticle qui, en structure profonde, est suivi d'un article défini (d'apr. Ling. 1972) :
2. ... Il s'épanche en sombres et impersonnelles conjonctures, émaillées de démonstratifs venimeux. Sa maison est devenue cette maison, où règne ce désordre, où ces enfants « de basse extraction » professent le mépris du papier imprimé, encouragés d'ailleurs par cette femme... Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 27.
3. [En parlant d'une pers., de sa nature, ou de ses sentiments] Qui manifeste ses sentiments/qui se manifeste par des signes extérieurs, qui est expansif. Fort en paroles, en gestes, démonstratif (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 255).Son affectivité est « vissée au moi », tout intérieure, peu démonstrative. Elle cherche l'intensité, non l'extension (Mounier, Traité caract.,1946, p. 331):
3. ... l'objet de cette démonstrative affection, obligé de se soumettre aux marques qui lui en étaient données en public, ne se retenait pas d'un agacement qui parfois confinait à la mauvaise humeur. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 134.
B.− Domaine de la pensée.[Parfois suivi d'un subst. introd. par de] Qui démontre, qui établit d'une manière évidente et rigoureuse la vérité de quelque chose; qui est destiné à démontrer. (Avoir) une valeur démonstrative. Ces raisons prétendues démonstratives n'ont nullement la vertu de convaincre tous les esprits (Cournot, Fondem. connaiss.,1851, p. 575).Ce qui me paraît démonstratif de la nature divine de l'amour, c'est sa spontanéité (Renan, Feuilles détach.,1892, p. 13).Monstrueusement l'art s'est ramené à des théories dont l'œuvre devenait l'application démonstrative (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 38):
4. ... beaucoup d'artistes catholiques ne sont que des moralistes religieux : leurs œuvres sont catholiques par les conclusions, par tout ce qu'il y a d'apologétique, de démonstratif, en elles, mais non dans le principe créateur. Massis, Jugements,1923, p. 270.
[Plus rare, en parlant d'une pers.] :
5. ... ce grand controversiste [Arnauld] qu'on relit aujourd'hui avec peine parce qu'il est sérieux, clair et démonstratif outre mesure, logicien sans pitié, et qu'on le voit venir du bout d'une page à l'autre... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 256.
Emploi subst., faisant fonction de neutre. Séparer le superficiel du démonstratif, le casuel du nécessaire. Quelle noble ambition (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 197).
Spéc., LOG. Qui utilise la démonstration* :
6. Il y a deux formes de raisonnement : 1ola forme investigative ou interrogative qu'emploie l'homme qui ne sait pas et qui veut s'instruire; 2ola forme démonstrative, ou affirmative qu'emploie l'homme qui sait ou croit savoir et qui veut instruire les autres. C. Bernard, Introd. ét. méd., exp.,1865, p. 71.
Allus. littér. (cf. Le Bourgeois gentilhomme, II, 2).Par raison démonstrative. En prenant appui sur le raisonnement. Faire la guerre par raison démonstrative (Courier, Pamphlets pol.,Au réd. « Censeur », 1820, p. 46).C'est un fort méchant homme, celui-là (...) vicieux par principe, par raison démonstrative (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 180).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Démonstrativement, adv. D'une manière démonstrative. [De] la réponse de Daniel (...) il résultait démonstrativement que mes inductions philosophiques n'étaient ni plus ni moins inintelligibles pour lui que le langage des esquimaux du capitaine Parry (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 62). b) Le néol. démonstrativité, subst. fém. [En parlant d'une pers.] Fait d'être démonstratif. La démonstrativité exigeant plus d'activité que de vantardise (Mounier, Traité caract., 1946, p. 488).
Prononc. et Orth. : [demɔ ̃stʀatif], fém. [-i:v]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 demonstratif et evident (Oresme, Ethique, éd. A.-D. Menut, p. 355, p. 10); 2. 1393 « qui sert à montrer » le doit demonstratif [l'index] (Ménagier, 322 ds T.-L.); 1541 ce mot demonstratif : cecy (J. Calvin, Institution de la religion chrétienne, éd. J.-D. Benoît, t. IV, p. 398); 1690 rhét. (Fur.); 3. 1789 au fig. « expansif, qui manifeste ouvertement ses sentiments » (Staël, Lettres jeun., p. 155). Empr. au lat. demonstrativus, dér. de demonstrare, v. demontrer, attesté aux sens répertoriés supra sous 2. Fréq. abs. littér. : 116. Bbg. Quem. 2es. t. 3 1972.