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DÉLECTATION, subst. fém.
A.− Plaisir sensible ou d'ordre intellectuel que l'on savoure pleinement. Grande délectation; boire, manger avec délectation. Synon. bonheur, délice, ivresse, jouissance, ravissement, volupté; anton. dégoût.La délectation de son esprit et la joie de ses yeux (Huysmans, À rebours,1884, p. 70).Délectations et transports de l'époux qui vient sans être attendu (Bloy, Journal,1894, p. 119).Lire Homère dans le texte, ce qui était sa quotidienne délectation le soir (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 32).Les continuelles délectations que je trouvais dans ma vie (Camus, Chute,1956, p. 1485):
1. ... toutes les fois que vous faites naître en moi l'idée du beau, vous me procurez un sentiment particulier, une jouissance intérieure et exquise, une délectation de l'âme ineffable et certaine, toujours suivie d'un sentiment d'amour pour l'objet qui l'aura causée. Cousin, Cours d'hist. de la philos. mod.,t. 2, 1847, p. 138.
[L'obj. est jugé bas ou méprisable] Elle [Béatrice] éprouvait une délectation perverse à sentir les êtres dépendre d'elle (Druon, Roi de fer,1955, p. 255).
[L'obj. n'est habituellement pas considéré comme une source de plaisir] Je méditerais, avec une délectation triste, le désaccord que sentent les modernes entre la vie et la pensée (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 245).Plaisir humain, humaine délectation d'assister à des catastrophes (Colette, Ces plais.,1932, p. 43).Il éprouvait à se juger, à juger ceux de sa race, et surtout dans les petites choses, une amère délectation qui se muait en dépit pour peu qu'on vînt à l'approuver (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 55).Elle savourait avec une délectation morbide l'ivresse de se sentir incomprise (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 661).
SYNT. a) Délectation exquise, infinie, profonde, rare, sans bornes, secrète, suave, subtile, vive, voluptueuse; fébrile, paisible; sadique; charnelle, contemplative, esthétique, mystique, sensuelle, visuelle. b) Délectation de l'esprit, du regard, des sens. c) S'abandonner à, éprouver, goûter, sentir une délectation.
B.− THÉOL. Attrait incitant la volonté à agir, plaisir qu'on ressent à faire quelque chose. Deux « délectations » nous tirent en sens contraire, celle du mal, et celle du bien (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 567).Cette étoffe serrée de nos vouloirs et de nos délectations s'élargit (...), s'amplifie à mesure que nous vivons (Mauriac, Journal 1,1934, p. 56).
Délectation morose. Complaisance avec laquelle on s'attarde à la représentation imaginaire d'une faute, qu'elle soit passée ou à venir :
2. ... où commence la faute quand la tentation sévit? La repousse-t-on assez vite? N'y cède-t-on pas toujours un peu? N'y a-t-il pas au moins un soupçon de délectation morose, alors même que l'on regimbe sous l'aiguillon? Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 157.
P. ell. de l'adj. Ce désir de la culpabilité et cette délectation à se savoir porteur d'un péché secret (Béguin, Âme romant.,1939, p. 19).
P. ext. Cultivant le malheur, y trouvant une délectation morose (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 72).Méditer à longueur de temps sur de lointains malheurs auxquels on ne peut pas remédier, c'est de la délectation morose (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 546).
Délectation victorieuse. Attrait vers le bien éprouvé par la volonté fortifiée par la grâce. Ce n'est pas blasphémer que de rapprocher de la délectation victorieuse de la grâce ce ravissement que tous les mozartiens connaissent (Mauriac, Journal 3,1940, p. 230).
Prononc. et Orth. : [delεktasjɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1remoitié xiies. delectatiun (Ps. d'Oxford, éd. Fr. Michel, XV, 11). Empr. au lat. class. delectatio « plaisir, amusement »; également en a. fr. delitacion (xiiies. ds T.-L.), dér. de delitier, v. délectable. Fréq. abs. littér. : 164. Bbg. Brunet (L.). À propos d'un contresens sacré, ou d'un sacré contresens. Vie Lang. 1968, pp. 648-651.