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* Dans l'article "DÉCOLLER2,, verbe."
DÉCOLLER2, verbe.
A.− Emploi trans.
1. Détacher une chose qui était collée. Décoller un papier, une image, une vignette, une affiche :
1. calchas, regardant la lettre. − Le timbre de Cythère! (...) De Vénus (...) c'est bien de Vénus! ... Il mouille le timbre, le décolle et le met dans une petite boîte. Meilhac, Halévy, La Belle Hélène,1865, I, 7, p. 186.
En emploi pronom. Cesser d'être collé avec quelque chose. Enveloppe, placage qui se décolle. Il y a aux murs du papier qui se décolle (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 57).
2. P. anal. [Le plus souvent avec un compl. indir. prép. de marquant la séparation]
a) Séparer ce qui était en contact. Décoller l'écorce du bois, des ventouses. Décoller son dos de la muraille (cf. Zola, Terre,1887p. 420):
2. L'ébéniste, silencieux, roulait autour de lui des regards interrogateurs; et, pour décoller le mégot fixé à sa lèvre, il remuait la bouche comme un poisson. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 505.
P. métaph. Décoller les yeux de qqc. :
3. Je te remercie bien de ma blague, elle est magnifique, on ne peut décoller ses yeux de dessus; je suis sûr qu'elle excitera l'enthousiasme et l'envie partout où je la porterai. Flaubert, Correspondance,1843, p. 17.
Spéc., JEUX. (billard). Décoller une bille. Détacher une bille de la bande contre laquelle elle était collée.
b) En emploi pronom. [Le compl. prép. exprime une matière qui adhère] S'en détacher. Se décoller de la glu, de la boue. Une couche visqueuse d'où le pied se décolle (Barbusse, Feu,1916, p. 11).
[En parlant d'un tissu organique] Qui se sépare d'un autre auquel il adhérait. Rétine, bourgeon qui se décolle. Les greffes se décollèrent (Flaubert, Bouvard t. 1, 1880, p. 31).Se décoller un muscle du bras (cf. A. France, Révolte anges,1914, p. 392).
P. anal., fam. Se décoller de son siège. En sortir difficilement. Les deux compères livides se levèrent, ou mieux se décollèrent de leurs sièges (L. Daudet, Ariane,1936, p. 175).
Pop. [En parlant de deux pers. vivant maritalement sans être mariées] Rompre leur liaison. Ils [les amoureux du Quartier Latin] se collaient et se décollaient, se mariaient et divorçaient, sans la moindre raison apparente (Magnane, Bête à concours,1941, p. 359).
B.− Emploi intrans.
1. AVIAT. [En parlant d'un avion, d'un hydravion, d'un hélicoptère, d'une fusée, etc.] Quitter le sol, le pont d'envol d'un porte-avions, la surface de l'eau. Bombardier qui décolle; hélicoptère prêt à décoller; autorisation, ordre de décoller; décoller rapidement; décoller de Port-Étienne. En bas, les lumières qui s'éteignent, les avions de chasse qui décollent (Malraux, Espoir,1937, p. 664):
4. Les secrétaires, convoqués pour une heure du matin, avaient regagné leurs bureaux. Ils apprenaient là, mystérieusement, que, peut-être, on suspendrait les vols de nuit, et que le courrier d'Europe lui-même ne décollerait plus qu'au jour. Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 117.
Rare et p. ext. [En parlant d'autres moyens de transport] Partir, appareiller. Le train décolla (R. Martin du Gard, Thib.,Sorell., 1928, p. 1247).Quatre remorqueurs décollèrent (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 29).
Fam. Ne pas décoller d'un lieu. S'incruster, se rendre importun :
5. Il a fallu longuement attendre la correspondance. Juliette, appuyée contre un poteau, attendait. « Qu'est-ce que vous payez le lapin, mademoiselle? » Cette femme commençait à l'embêter, elle ne décollait plus. Il faisait froid, de plus en plus froid... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 31.
Rem. On rencontre parfois décoller avec un sens factitif. Des solliciteurs difficiles à décoller (Arnoux, Nuit St-Avertin, 1942, p. 81).
2. P. métaph. ou au fig.
a) Domaine de la vie intellectuelle ou morale
S'élever intellectuellement ou socialement. Décoller des bas-fonds; décoller de son état. Décoller d'une situation pour prendre un point de vue sur elle (Sartre, Sit. III,1949, p. 194).
Quitter le domaine de la réalité pour celui de la fiction et vice versa. (Se) décoller du rêve (cf. Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 117).Décoller de ce monde (Beauvoir, Mém. jeune fille,1958, p. 46).
b) ÉCON. [En parlant d'un pays en voie de développement, d'une branche d'activité] Sortir de la stagnation (cf. également décollage). La production a décollé : + 8 1/2 % cette année (L'Express,6 oct. 1969ds Gilb. 1971).Si la télévision en couleurs ne « décolle pas » c'est que l'O.R.T.F. n'organise pas sa promotion (L'Express,16 mars 1970ds Gilb. 1971).
C) SP. Se détacher du peloton.
[En parlant d'un athlète ou d'un cycliste] S'échapper du peloton pour prendre de l'avance, démarrer :
6. Dominique regretta de s'être mise sur les talons de la Kestner. Il lui fallait reprendre sa ligne, la fin de la course approchait; en la sentant « décoller », Kestner n'allait-elle pas s'échapper, de crainte d'être surprise? Montherlant, Le songe,1922, p. 35.
Péj. Ne plus suivre le rythme de la course, rétrograder par rapport à ses adversaires. Sentir son rival décoller.
Pop. Maigrir considérablement, dépérir. Ce pauvre Charles décolle de plus en plus (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 544).
Prononc. et Orth. : [dekɔle], (je) décolle [dekɔl]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1382-85 (Bréard, Comptes du clos des galées de Rouen, 109 ds Barb. Misc. 15, no17 : Pavois vieux et rompus, tous descollés et les couvient tous recoler); 2. a) 1866 « s'en aller » (Delvau, p. 109); b) [1907 d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1918 aviat. « quitter le sol » (Proust, Filles en fleurs, p. 555). Dér. de coller*; préf. dé-*.
STAT. − Décoller1 et 2. Fréq. abs. littér. : 172.
DÉR.
Décollable, adj.Qu'on peut décoller. Vignette pharmaceutique facilement décollable (Rob.Suppl.1970).P. ext., méd. Zone décollable (de la dure-mère) (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p. 373). 1reattest. 1912 id.; de décoller2, suff. -able*.