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DRESSER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Mettre dans une position verticale, mettre droit.
1. [Le compl. d'obj. désigne une partie du suj.] Lever. Dresser la tête. Tournant vers moi la face et dressant un bras au-dessus de sa tête, droit comme s'il haussait une torche (Montherl., Olymp.,1924, p. 260).
Au fig. Dresser l'oreille ou plus rarement les oreilles (p. anal. avec l'animal aux aguets, qui dresse ses oreilles, au sens propre). Être soudain attentif. Synon. tendre l'oreille.Au mot « école », il dressa l'oreille et parut songeur (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 436).
[Le suj. désigne un inanimé] Montrer dans une position haute par rapport aux objets environnants. La cathédrale de Bourges dresse sur les plaines du Berry une silhouette plus massive (Hourticq, Hist. art, Fr.,1914, p. 54).D'antiques montagnes se délitent et se découpent toujours plus aiguës, dressant des rocs effrités, portant des glaciers bleuâtres (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 330):
1. Du petit village de Rognes, bâti sur la pente, quelques toitures seules étaient en vue, au pied de l'église, qui dressait en haut son clocher de pierres grises... Zola, La Terre,1887, p. 10.
2. [L'obj. désigne des choses concr.]
a) Placer dans une position verticale ou proche de la verticale. Dresser l'échelle contre le mur. Ces poupées de papier qu'on dresse au coin des étagères (Camus, Chev. Olmedo,1957, 1rejournée, 2, p. 722).
P. anal. [L'obj. désigne un être humain semblable à un obj.] Faire tenir droit, mettre debout :
2. ... on le souleva de nouveau [le paralytique] et on le dressa sur ses jambes en lui donnant ses béquilles, dont il se servit comme de cannes... Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 119.
b) Mettre debout de manière à installer ou à construire, à élever. Dresser un lit; dresser un mur, des statues. Mes hommes d'armes dressaient la tente vide dans le désert (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 606):
3. Vous voyez, représentant, continua le général... vous le vouez [le capitaine d'Auverney] à l'ignominie, moi à la gloire; vous faites dresser un échafaud, moi un trophée... Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 271.
P. métaph. Je dresserais des cathédrales de paroles sous l'œil bleu du mot ciel (Sartre, Mots,1964, p. 152; cf. aussi écran ex. 2).
3. Au fig. Dresser (une personne ou un groupe) contre (une personne ou un groupe). Mettre en opposition. Synon. exciter, soulever, monter (l'un contre l'autre).Les Jacobins répliquaient qu'en dressant les départements contre Paris, la Gironde se rendait coupable (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 78).Deux femmes de même âge qu'une rivalité amoureuse a dressées l'une contre l'autre (Sartre, Mouches,1943, I, 5, p. 38):
4. La révolution pour la justice, par la liberté, finit par les dresser l'une contre l'autre. Il y a ainsi dans chaque révolution (...) une étape où elle suscite elle-même un mouvement de révolte... Camus, L'Homme révolté,1951, p. 355.
B.− P. ext.
1. Préparer, disposer convenablement. Toujours maladroit quand il s'agit de ranger la vaisselle ou de dresser le couvert (Mounier, Traité caract.,1946, p. 200):
5. La table est dressée dans la fraîcheur du bois. Les agneaux, les perdreaux, les coqs de bruyère, les bœufs découpés en quartiers et les vins y abondent. Jammes, Les Robinsons basques,1925, p. 135.
Loc. (gén. fig.). Dresser des embûches, une embuscade, un guet-apens, un piège. Nous marchions prudemment sur un terrain semé de pièges; j'y dressai des embûches à tous les pas (Fromentin, Dominique,1863, p. 185).
Dresser ses batteries. Préparer un plan de bataille, ,,prendre des mesures pour faire réussir un projet`` (Ac. 1835).
Vx. Dresser du linge. Le repasser. Sans bouger du carcan de sa cravate blanche dressée à l'empois (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 200).
Spéc. Aplanir, rendre droit.
HORTICULTURE :
6. ... lorsque le mot dresser s'applique à un terrain, il indique les diverses préparations qu'on lui fait subir avant de le planter ou de l'ensemencer; dresser une plate-bande, une planche de terre, etc., c'est la tirer au rateau et y faire des rayons; dresser un terrain, c'est en niveler la surface. Carrière, Encyclop. hortic.,1862, p. 170.
MENUIS. ,,Dégrossir et corroyer une planche`` (Chabat 1881). (Quasi-)synon. dégauchir, équarrir.
2. En partic. Préparer (un document écrit) en respectant certaines formes. Dresser un bilan, une carte, un catalogue, un inventaire, une liste. Dressant chapitre par chapitre, avec sa minutie habituelle, le plan de son livre (Bernanos, Imposture,1927, p. 448):
7. ... Jean, soucieux de battre des records, se vantait de dresser à la minute même une bibliographie complète sur le premier sujet proposé, ... Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 391.
[Style admin.] Rédiger. L'acte de décès sera dressé par l'officier de l'état civil, sur la déclaration de deux témoins (Code civil,1804, art. 77, p. 17).
Rem. Emploi fréq. sans art. Dresser contravention, procès-verbal. Un sergent de ville dressant constat d'accident (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 193).
C.− [Former de façon à faire contracter l'habitude de certains comportements]
1. [L'obj. désigne un animal] Dresser pour la chasse; dresser à mordre; dresser à la pêche des noyés. Souvent encore il dressait les chevaux rétifs (Gide, Thésée,1946, p. 449):
8. M. de Vivaut le trouve [M. du Laudier] au milieu des perdreaux et des cailles qu'il élevait dans sa chambre en train de dresser un merle à siffler un air de chasse. Tharaud, La Ville et les champs,1907, p. 89.
2. [L'obj. désigne un être humain] L'instituteur dressait ces jeunes sauvages (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 415).J'écarte de la femme le souci des tentations et par mes larges dégoûts je la dresse à ces langueurs où s'énerveront les courages, à l'infernal désœuvrement des oisivetés rêveuses (Flaub., Tentation,1849, p. 322):
9. ... vous êtes trop jeune, don Juan, et vous ne savez pas dresser vos maîtresses. Une femme, voyez-vous, est comme un cheval : si vous lui laissez prendre de mauvaises habitudes... jamais vous n'en pourrez rien obtenir. Mérimée, Les Âmes du Purgatoire,1837, p. 340.
Emploi pronom. à sens passif. Pouvoir être dressé. Les araignées s'apprivoisent mais ne se dressent pas (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 69).
Proverbe. Un bon oiseau se dresse de lui-même. ,,Pour signifier que lorsqu'on est né avec des dispositions, l'instruction est moins pénible`` (Hautel t. 1 1972).
Arg., pop. Se faire dresser le poil. ,,Être obligé d'obéir, de suivre le règlement`` (Carabelli, [Lang. milit.]).
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne une pers. ou une partie de la pers.] Passer à une position plus proche de la verticale que la position antérieure. Se dresser dans son lit, se dresser sur son séant; se dresser brusquement. Le Général se dressant comme mu par un ressort (Feydeau, Dame Maxim's,1914, III, 17, p. 70).Le patron [d'une ferme] m'écoutait sans se dresser s'il était assis. Il y avait toujours une sorte de royauté mais qui restait amicale (Giono, Poids du ciel,1938, p. 261).
Loc. Les cheveux se dressent (sur la tête), faire dresser les cheveux (sur la tête). Pour marquer qu'un événement cause de la frayeur. Je sentais soudain mes cheveux se dresser sur ma tête (Guéhenno, Journal« Révol. », 1937, p. 94).Quelque chose de foudroyant qui vous fait dresser les cheveux sur la tête (Claudel, Visages radieux,1947, p. 761).
Rem. 1. La docum. atteste des var. de cette loc. : les cheveux me dressent à la tête, les cheveux m'en dressent sur la tête,dresser serait employé intransitivement. 2. Dans la constr. faire dresser les cheveux (sur la tête) il y a ell. de se.
Au fig. [P. réf. à l'attitude du coq] Se dresser sur ses ergots. Avoir une attitude hautaine. Au moindre mot, leur orgueil se dresse sur les ergots, et ils ne peuvent, comme les vilains, digérer l'insulte (Gautier, Fracasse,1863, p. 222).
GÉOL. Se soulever. Le plissement hercynien s'est dressé vers la fin du primaire (carbonifère) (Combaluzier, Introd. géol.,1969, p. 138).
B.− Être posé verticalement, dans une position dominante.
1. Au sens physique. Sur la table, les fruits se dressaient en pyramides, et les gâteaux s'élevaient en monuments (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 398).En face la sierra se dressait haute et sombre (Heredia, Trophées,1893, p. 203):
10. ... nous sommes devant New York. ... là-bas, en face, une sorte de colosse de Rhodes, une femme exaltée se dresse sur le ciel, le bras tendu dans un geste magnifique. Loti, Quelques aspects du vertige mondial,1917, p. 171.
P. métaph. La face auguste de la Mère se dresse au-dessus des enfants qui s'entre-tuent (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 437).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Apparaître soudain, surgir. Synon. se présenter.Telle est la question qui se dressera dans une foule d'esprits (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 378).Les calamités sans nombre et sans nom, qu'il voit se dresser devant lui (Gide, Journal,1914, p. 447).
b) [Avec une idée d'oppos.] Apparaître. Un front national se dressait face à l'occupant (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 75).Une sociologie nouvelle se dresse donc. Qui attaque son aînée (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 115).Quand nous voulons aller à Dieu, il y a toujours des non, parce que formidables qui se dressent sur la route (Green, Journal,1955-58, p. 61):
11. Nous verrons bien si la nation se dressera, folle de colère, ou si elle consentira à redevenir cette demi-morte en proie aux homoncules, et si elle cèdera de nouveau à la torpeur du désespoir. Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 143.
c) Se dresser contre (qqn ou qqc.). S'opposer à. C'est lui qui devrait déjà s'être dressé contre l'assassin (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 568):
12. ... les quelques dames qui avaient résisté ou seulement tardé furent de la part du baron l'objet de terribles représailles, soit afin qu'elles servissent d'exemple, soit parce qu'elles avaient éveillé sa fureur et s'étaient dressées contre ses entreprises de domination. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 630.
Prononc. et Orth. : [dʀese] ou p. harmonis. vocalique [dʀese], (je) dresse [dʀ εs]. Fait partie des mots dans lesquels s double provient de c en anc. fr. et dont la prononc. a hésité entre [ə] muet et [ε] (cf. Buben 1935, § 49, 50 et caresser). Enq. : /dʀes/ (il) dresse. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « tenir droit, lever » drecent lur sigle (St Alexis, éd. Ch. Storey, 79); ca 1100 pronom. sur piez se drecer (Roland, éd. J. Bédier, 2234); ca 1140 « faire tenir droit, élever, ériger » furches drescer (Gaimar, Hist. des Anglais, 5813 ds T.-L.); 1179 drescier l'oreille (Renart, éd. M. Roques, 2323); 2. ca 1200 « disposer comme il le faut; installer » le mangier ... drechier (Aiol, éd. J. Normand et G. Raynaud, 5892); 3. 1172-74 au fig. pronom. « s'opposer » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 4982 ds T.-L.); 4. 1169 techn. « tenir droit et plat » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 7317); 5. mil. xvies. « dompter » (Amyot, Thém. 3 ds Littré); 1580 « former, éduquer » (Montaigne, Essais, I, XIV, éd. Thibaudet, p. 69). Du b. lat. *directiare « redresser, mettre droit », dér. de directus « droit ». Fréq. abs. littér. : 4 279. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 284, b) 7 613; xxes. : a) 7 725, b) 6 670. Bbg. Archit. 1972, p. 45. − Darm. Vie. 1932, p. 97. − Gottsch. Redens. 1930, passim.La Charité (R.). The Concept of judgment in Montaigne. The Hague, 1968, passim.La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 65, 406.