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DOUBLER, verbe trans.
I.− [L'opération met en jeu un aspect quantitatif ou mesurable de l'objet]
A.− Emploi trans. dir. [Le compl. direct désigne une quantité mesurable]
1. Multiplier par deux. Doubler le montant, le prix de qqc. Lorsque les gens des faubourgs se renfermèrent dans la cité à l'approche des Anglais, le nombre des habitants fut plus que doublé (France, J. Arc,t. 1, 1908, p. 131).Il fallut établir douze cents pilotis de béton. Cela doubla le devis de la bâtisse (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 308).Battez l'air avec une lame vibrante, dix fois la seconde, vous avez une forme rythmique. Doublez la fréquence, vous commencez à avoir un son (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 51):
1. La France ne lui demande pas d'armer les citoyens. Ni de doubler les forces de police, et encore moins d'improviser des tribunaux expéditifs. Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 450.
SYNT. Doubler la surface, l'intensité, la longueur, le volume de qqc.; doubler la mise, le loyer.
Spécialement
Dans le lang. scolaire, vieilli. Doubler une classe. ,,En suivre le cours une seconde année`` (Littré). Synon. mod. redoubler.
,,Doubler l'étape`` (Ac.). Faire deux étapes au lieu d'une dans la même journée (Ac.).
Doubler la garde, le quart. Multiplier par deux l'effectif de la garde. Il n'y avait plus moyen de fermer l'œil. On devait doubler les quarts (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 124).
CHASSE. Doubler une pièce de gibier. La tirer une seconde fois (cf. Duchartre 1973).
2. P. ext. Augmenter beaucoup.
Locutions
Doubler le pas, l'allure. Augmenter le pas. Dom Claude entendit l'officier qui disait à l'écolier : − Tonnerre! doublons le pas (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 329).
MAR. Doubler sur les avirons. Redoubler d'ardeur et de force dans la manœuvre des avirons (d'apr. Bonn.-Paris, 1859).
Au fig. Synon. accroître, redoubler.Puis la conversation devient sérieuse et l'on s'entretient de la force vitale du mal, (...) comme pour le réengendrer en le doublant, ce mal (Goncourt, Journal,1888, p. 846).De le voir si courageux doublait la force des matelots (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 189).
B.− Emploi intrans. Être multiplié par deux. Les salaires ont doublé. On ne construit pas assez vite et le prix des loyers a doublé en peu de temps (Morand, New-York,1930, p. 56).Mais enfin, nous n'allons pas perdre le contrôle de Sonchelles au moment où cette affaire est en plein essor, s'écria-t-il. Le rendement va doubler (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 44):
2. Dans le même temps, la population doublait en Angleterre, triplait en Allemagne et en Italie, quadruplait en Russie, décuplait en Amérique... De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 236.
[Avec un compl. prép. de] Devenir deux fois plus grand, plus important (par son coût, son poids, sa surface, etc.). Les loyers ont doublé de prix :
3. Une sorte de fureur sacrée gonflait Joseph à de tels instants. Son poil se hérissait. Il semblait soudainement doubler de volume, comme certains animaux en posture de combat. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne, 1941, p. 205.
II.− [L'opération de nature concr. ou abstr., met en jeu deux choses dont l'une est ajoutée à l'autre]
A.− [Le suj. est l'agent qui effectue l'opération]
1. [Le double et l'objet doublé sont de nature identique] Mettre en double (en pliant, repliant, etc.). Doubler du fil, de la laine; doubler une feuille de papier, une serviette. Elle [Fanny] baissa le front comme un cheval qui s'encapuchonne, et doubla son menton (Colette, Seconde,1929, p. 224).
Spécialement
CIN. Substituer au dialogue original d'un film un dialogue adapté en une autre langue. Cf. doublage.Au part. passé. Quand j'assiste à la projection d'un film doublé en français, je ne constate pas seulement le désaccord de la parole et de l'image (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 271).
MAR. Doubler les amarres, les cordages, les manœuvres. Les disposer en double pour les rendre plus solides. Vienne la tempête, on double les amarres (Alain, Propos,1935, p. 1274).
Dans le lang. milit. ,,Doubler les rangs`` (Ac.). Mettre un seul rang sur deux (Ac.).
MUS. Doubler une note, une partie. La faire répéter à l'unisson ou à l'octave supérieure. On double quelquefois la quinte, mais il faut faire toujours la tierce (Masson, Nouv. traité règles compos., s. d.).
VÉN. [En parlant du cerf] Doubler ses voies. Parcourir deux fois les mêmes voies, revenir sur ses pas, pour tromper ses poursuivants (cf. Duchartre 1973).
Emploi pronom. à sens passif. Devenir double. Les transepts [des églises gothiques anglaises] se doublent quelquefois vers le chœur (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 211).Et l'étoile se double au flot de la fontaine (Régnier, Poèmes anc.,1890, p. 82).
2. [Le double et l'objet doublé sont de nature différente]
a) Emploi trans.
α) [Avec un compl. prép. de ou avec] Associer (une chose à une autre) dans une forme et une dimension égales, de manière à garnir, orner, renforcer. Doubler une porte d'une tenture; doubler un mur d'une haie. Le bruit assourdissant des charpentiers doublant la coque des navires avec de grandes plaques de cuivre (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 51).
P. ext. Associer (une chose complémentaire à une autre). Possédant (...) un talent sans rival pour les conserves de fruits elle [Ursule] s'avisa de doubler la librairie d'une épicerie mystérieuse ouverte aux seuls initiés (Estaunié, MmeClapain,1932, p. 2).Les émissions radiophoniques secrètes (...) doivent être doublées d'un service de distribution de tracts, de journaux (De Gaulle, Mém.,1954, p. 626).
♦ Dans le domaine abstr.Il y a ici deux erreurs à éviter : (...) l'autre est de doubler ce contenu manifeste d'un contenu latent (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 196).
β) [Sans compl. prép.]
JEUX (billard). ,,Doubler la bande. Frapper la bande avant de frapper la bille`` (Ac. 1932).
COUT. Garnir d'une doublure. Doubler un manteau, une jupe, une veste. Je doublai la pochette avec du satin cerise (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 121).
Rem. Ac. enregistre aussi les syntagmes doubler de soie, de toile, de taffetas.
MAR. Doubler un navire. ,,Lui faire un doublage de feuilles de cuivre ou de planches`` (Ac. 1835, 1878).
b) Emploi pronom. à sens passif. Se doubler de + subst.
α) [Le suj. désigne une chose] Être associé à (une autre chose plus ou moins semblable ou complémentaire). La mission secrète dont s'était doublée à Dresde la mission ostensible du duc de Richelieu (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 11, 1863-69, p. 97).La nuit se doublait d'une buée humide (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 304):
4. ... les interdits alimentaires et vestimentaires se doublent même de prescriptions rigoureuses concernant la liberté des mouvements. J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 250.
β) [Le suj. désigne une pers.] Être en outre, en même temps. Chez Denys Belgrand, l'archéologue se double d'un poète à la Michelet (Bourget, Conflits int.,1925, p. 6).
B.− [Le suj. désigne ce ou celui qui est en double]
1. [Le suj. et le compl. désignent des choses] Constituer le double, la doublure (de quelque chose) :
5. Le côté « africain » aussi l'a frappée : (...) impression fortifiée par les haies de figuiers de Barbarie qui doublent les murs de pierre sèche. Larbaud,Journal,1932,p. 272.
− Domaine abstr.Nos images mentales doubleraient inutilement notre organisme (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 161).L'univers des lois causales vient doubler l'univers des lois empiriques (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 98).
2. [Le suj. et le compl. désignent des pers.] CIN., THÉÂTRE. Remplacer un acteur dans un rôle. Doubler un acteur, une vedette. Je téléphonai aussitôt au théâtre pour qu'on me doublât (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 341).
[Avec l'idée de duplicité]
Pop. Doubler qqn.Le tromper, l'induire en erreur pour en tirer profit. Où qu't'as caché la came? [= Est-ce bien dans cette misérable chambre que tu as caché pour cinq millions de cocaïne?] T'essaie pas de nous doubler, des fois? (Le Breton, Razzia,1954, p. 67).
Arg. Doubler une femme. La tromper en prenant une maîtresse. Avec qui il [ton homme] t'a doublée [trompée]? − Avec la femme de ton ami Riton, Josy l'ordure! (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 124).
III.− P. ext. [Avec l'idée de mouvement] Dépasser en contournant. Doubler un cortège, une file, une voiture. Elle doubla deux tramways, l'omnibus du Panthéon, enfila le nouveau boulevard Raspail (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 369).
Emploi abs. Dépasser un véhicule automobile en mouvement. Il est interdit de doubler en haut d'une côte (Lar. Lang. fr.).
MAR. Doubler un cap. Aller au-delà, en passant au large :
6. Jamais fiancés n'ont été plus proches de leur fiancée que les marins bretons du xviesiècle, quand ils doublaient le cap Horn et vieillissaient contre le mur des vents contraires. Saint-Exupéry, Lettre à un otage,1943, p. 392.
Au fig. Aller au-delà de; triompher (d'une difficulté). Oberman, âgé de vingt-sept ans, traverse la crise antérieure à toute maturité, et double, pour ainsi dire, le cap périlleux de la vie (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 1, 1846-69, p. 168).De 1898 à 1905 on a doublé le cap d'un monde politique nouveau (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 515).
Prononc. et Orth. : [duble], (je) double [dubl̥]. Cf. l'observation sous double. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. a) Ca 1100 « garnir d'une doublure » (Roland, éd. J. Bédier, 995); b) 1517 orfèvr. adj. (E. Coyecque, Recueil d'actes notariés..., I, 19 ds IGLF : une chayne d'or doublé); 1770 (Mercure, avr. ds Havard, s.v. doublé : vaiselle de cuivre doublé d'argent fin); 1838 subst. (Ac. Compl. 1842). B. 1. Ca 1135 trans. « mettre en double, plier » (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 837 : les paveillons deublerent); 2. a) 1160-70 trans. « multiplier par deux » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1771); 1165-76 intrans. « devenir double » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1882); b) 1690 doubler une bille (au billard) (Fur.); [1755 doublet (Encyclop.)]; 1798 doublé (Ac.); c) 1750 man. doubler large, doubler étroit inf. subst. (La Guérinière, École de cavalerie, p. 73 ds IGLF); 1900 doublé part. passé subst. (Nouv. Lar. ill.); d) 1900 doublé vén. part. passé subst. (ibid.); 3. 2emoitié du xiies. trans. « augmenter » (Livre de Job, éd. Le Roux de Lincy ds Les Quatre livres des rois, p. 509), C. 1. 1529 mar. « franchir (un cap, une île, etc.) » (J. du voyage de J. Parmentier ds Jal : le vent nous estoit escars, et ne la savions Doubler [l'île]); 2. a) 1628 arg. « voler » (O. Chéreau, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p. 30); b) 1670 « tromper » (Montfleury, s. réf. ds Esn.); 3. 1845 « dépasser (un vaisseau) » (Besch.); 1900 « dépasser (un véhicule) » (Nouv. Lar. ill.). D. 1. a) 1718 doubler un rôle « faire apprendre un même rôle par deux personnes » (Ac.); 1752 doubler un acteur (Trév.); b) 1929 cin. doubler un film (Lar. 20e); 1938 part. passé adj. (Queneau, Enf. du limon, p. 307 : deux grands films, un français et un doublé); 1939 part. passé subst. (Gide, Journal, p. 1313 : [les] plus mauvais doublés du cinéma); 2. a) 1843 part. passé adj. « accompagné de » (Balzac, Illus. perdues, p. 307 : il n'y a pas une vertu qui ne soit doublée d'un vice); b) 1847 doublé de « qui est aussi » (Balzac, Cous. Pons., p. 37 : un chef d'œuvre doublé d'un Normand). Du b. lat. duplare trans. « doubler ». Fréq. abs. littér. : 960. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 469, b) 1 682; xxes. : a) 1 144, b) 1 237. Bbg. Gouvernement du Québec. Vocab. techn. des quilles. 1972, p. 12. − Guiraud (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 93, 108. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 170. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 208.