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DONT, pronom relatif.
Pronom relatif des deux genres et des deux nombres introduisant une proposition relative à l'intérieur de laquelle il joue le rôle d'un complément prépositionnel introduit par de. Il est l'équivalent de de qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles lorsque l'antécédent, substantif ou pronom, désigne un être animé; de duquel, de laquelle, desquels, desquelles lorsque l'antécédent désigne un inanimé; de de quoi lorsque l'antécédent est un pronom neutre comme ce, cela, rien.
1reSection [Dont pron. en fonction de représentant; précédé d'un antécédent nominal qu'il représente dans la prop. subordonnée relative]
I.− [En constr. de compl. d'un subst. ou d'un adj. avec lequel il forme un syntagme nominal]
A.− [Rapports de sens entre dont et le subst. qui suit : dont marque l'appartenance]
1. [Dont marque la possession, la qualité, la matière : il complète un subst. ou un pron. au sing. ou au plur.]
a) [L'antécédent est un subst.]
α) [animé] Lulu est la maîtresse de Richeterre dont la femme a divorcé pour épouser Vernon (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 250).
β) [inanimé] :
1. Nous aimions à gravir les côteaux ensemble, à voguer sur le lac, à parcourir les bois à la chûte [sic] des feuilles; promenades dont le souvenir remplit encore mon ame [sic] de délices. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 1, 1803, p. 419.
b) [L'antécédent est un pron.] De tous les insectes que j'ai dessinés, voici le plus simple, et celui dont l'étude m'a fait le plus grand plaisir (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 67).
c) [L'antécédent est un groupe nominal] Une cavité fermée de toutes parts, dont une portion, repliée dans l'autre, recouvre immédiatement le cœur et les gros vaisseaux (Cuvier, Anat. comp.,t. 4, 1805, p. 185).
Rem. 1. Dont ne peut être employé lorsque le compl. du verbe n'est pas dans un rapport d'appartenance avec l'antécédent. 2. Dont ne peut entrer en concurrence, dans la prop. subordonnée relative, avec un autre représentant de l'antécédent comme un pron. pers., un adj. poss. ou le pron. pers. en. Cf. infra les constr. pléonastiques rejetées par le bon usage.
Constr. partic.
[L'antécédent peut être disjoint du pron. rel.] :
2. Ainsi l'arrondissement des frontières est un système, dont la base se détruit par elle-même, dont les éléments se combattent, et dont l'exécution, ne reposant que sur la spoliation des plus faibles, rend illégitime la possession des plus forts. Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 157.
[Dont après ponctuation forte] :
3. ... ce royaume, dont les productions, si elles étaient à leur maximum, alimenteraient la moitié de l'Europe; dont les laines suffiraient aux manufactures de France et d'Angleterre; dont les bestiaux, employés en salaison, produiraient un revenu immense; ce royaume, dis-je, ne fait aucun commerce. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 61.
[Le pron. rel. peut introduire des subordonnées juxtaposées et/ou coordonnées]
[à d'autres relatives] :
4. − Croira-t-on qu'il existe dans cette grande capitale une classe assez nombreuse de gens qui ne possèdent pas un sou, qui n'exercent aucune profession, qui n'ont ni parens, ni amis, dont la conduite n'a rien de légalement répréhensible, et qui trouvent cependant le moyen de mener une assez douce vie? Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 203.
[à un adj. déterminatif] Dans les espèces d'animaux privées de doigts, ou dont les doigts sont enveloppés de substances insensibles, ces appendices les remplacent (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 589).
2. [Dont marque le rapport partitif; il complète une loc. partitive, nom de nombre ou indéf. numéral]
a) [La loc. partitive est suj.]
α) [avec un nom de nombre] Il rencontra, le 3 octobre, trois îles, dont une est remarquable par la quantité prodidigieuse d'oiseaux qu'il y trouva (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 84).Il amena deux chevaux dont l'un avait une selle de femme (Flaub., Cœur simple,1877, p. 18):
5. ... mon grand-père, comme tout le monde, avait une femme répondant au nom évangélique de Marie. Il lui fit onze enfants, dont huit survécurent à leur éducation chrétienne. Il lui fit onze enfants parce que les premiers furent six filles, dont quatre devaient embrasser l'état religieux (elles ont choisi la meilleure part) ... H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 19.
En partic.
[Avec une expr. numérique partitive] Je dirigeai ma route vers cette espèce de village dont une des maisons avait trois cent trente pieds de longueur (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 99).
[Avec une fraction] De deux mille à deux mille quatre cents tonneaux de fer, dont les trois quarts sont convertis en barres, et le reste fondu en boulets, canons, etc. (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 283).Emploi ell. du verbe. La face couturée de cicatrices, dont une profonde qui me coupe encore la lèvre supérieure (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 263).
Rem. Dans ces cas, l'emploi de en est impossible.
β) [Avec un indéf. numéral] Nos pertes sont légères et, depuis le début, ne dépassent pas 150 dont beaucoup sont des blessés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 387).Emploi ell. du verbe être. Les autres, plutôt des hommes âgés, dont beaucoup du service des chemins de fer en campagne (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 284).
b) [La loc. partitive est attribut (ou suj. réel); dans ce cas, l'emploi de dont paraît insolite, venant se superposer à en dans il y a]
Rem. Dont n'est pas considéré comme correct lorsqu'il est compl. d'un numéral régime; certains aut. utilisent cependant ce tour : a) avec un nom de nombre. Puis on répandit devant eux des saphirs dont il fallut choisir quatre (Maupassant, Fort comme la mort, II, 4 cité ds Grev. 1964, § 558); b) avec un indéf. numéral (cf. Grev., op. cit.).
c) [Dont introduit une prop. avec ell. du verbe (tour très fréq., notamment dans la lang. parlée)]
α) [Dans une loc. partitive suj., compl. d'obj. ou compl. circ. du verbe] J'ai donné quatorze enfants à l'Italie, dont huit garçons (Montherl., Malatesta,1946, II, 5, p. 476).Trente jours de prison dont quinze de cellule (Prévert, Paroles,1946, p. 243):
6. − Écoute bien, je suis excellent nageur, j'ai déjà sauvé deux personnes, dont une en mer par gros temps. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 121.
β) [Suivi d'un nom de pers. et plus rarement d'un pron. pers.] Synon. parmi lesquels, entre autres (citons).Ne pas consentir à lâcher prise (il y a d'admirables exemples de cela; dont celui de Guillaumet) (Gide, Journal,1949, p. 334).Les jeunes hégéliens de gauche (dont Marx) (Camus, Homme rév.,1951, p. 84):
7. ... une décision préliminaire d'utiliser l'arme au Japon fut prise le 1erjuin, après la fin de la guerre avec l'Allemagne, par un Comité présidé par le ministre de la Guerre Stimson, conseillé par quelques-uns des savants responsables, dont Compton, Fermi, Lawrence et Oppenheimer. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 57.
P. ext. [Suivi d'un nom propre (de pays, etc.)] Les grandes puissances atomiques occidentales, dont la France (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962p. 149).
Spéc., dans la terminol. jur. et admin. Dont acte (cf. infra).
B.− [Fonction déterminative; dont détermine un subst.]
1. [un subst. ou équivalent de subst. sujet dans la relative] Des questions dont tout autre que lui eût senti l'inconvenance (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 131).Deux fois dans la même semaine, il avait commis la gaucherie de confondre Bernadette Salvail, dont la réputation de beauté s'étendait au-delà de la Grand'Rivière, et la petite maîtresse d'école, d'une laideur de pichou (Guèvremont, Survenant,1945, p. 54).
2. [un subst. attribut dans la relative] Il se souvenoit toujours de Fénelon, dont il avoit été l'hôte (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 178).Tous ceux qui viendront prendre leurs degrés dans l'école dont il aspire à devenir le chef (Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 214).
3. [un subst. compl. d'obj. dans la relative] Son compagnon, dont, avant de mourir, il désiroit contempler les dernières agonies (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 55).Le cénotaphe de Montmorency, dont elle et l'archevêque de Tyr ont seuls la clef (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 160).
4. [deux subst. de fonction différente dans la relative; dont complète à la fois le suj. et le compl. d'obj. dir. dans la relative] Ceux [les cônes membraneux] dont le développement avoit poussé les barbes au dehors (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 606).Ils [les mots] oublient leur fonction première d'exprimer du perçu, du senti, cette fonction dont l'image, à son tour, revendique l'apanage (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 22):
8. Il y a, au seuil de l'église, n'assistant jamais à aucun office, un misérable homme, dont le propriétaire vient de faire enlever la porte et la fenêtre pour une dette de quelques francs. Bloy, Journal,1903, p. 157.
Rem. Dans ces cas, l'emploi d'un poss. dans la relative ferait pléonasme avec dont et le bon usage le rejette. Cf. infra a δ.
Grammaire du « bon » usage.
a) Emplois non admis.
α) [Cas où dont devrait déterminer un compl. prép. dans la prop. rel.; la constr. avec dont est alors remplacée par une constr. où l'antécédent est repris par de qui pour un être animé, duquel, de laquelle, desquels ou desquelles dans les autres cas; le compl. prép., quoique faisant partie de la rel., précède obligatoirement le pron. rel.] « Le garçon à l'avenir de qui (en fr. parlé : duquel) je m'intéresse » (et non : « *Le garçon dont je m'intéresse à l'avenir »). « Le livre à la rédaction duquel je travaille » (et non : « *Le livre dont je travaille à la rédaction »). « Le parc dans les allées duquel je me promène » (et non : « *Le parc dont je me promène dans les allées ») (ds G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj.,Paris, Hachette, 1968, § 398) :
9. Ces représentations, qui m'ont été faites par des personnes dont l'amitié m'est bien chère, et à l'ascendant desquelles je ne sais pas résister, (...) ont vaincu ma répugnance et fait taire toutes mes objections. Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 5.
β) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec un pron. pers. dans la rel.] « Le poète que ses œuvres ont rendu illustre » (et non : « *Le poète dont les œuvres l'ont rendu illustre »). « *Les élèves à qui leur application a valu des succès » (et non : « Les élèves dont l'application leur a valu des succès ») (ds Grev.1975, 10eéd., § 560, rem. 3).
γ) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec en dans la rel. (et lorsque dont ne détermine qu'un mot de la rel.)] « Mes amis dont je connais la fidélité » (et non : « *Mes amis dont j'en connais la fidélité ») (ds Grev.1975, 10eéd., § 560, rem. 4).
δ) [Cas où dont serait employé pléonastiquement avec un adj. poss. dans la rel. (et lorsque dont ne détermine pas le suj. dans la rel.)] « Ce petit livre (...) dont je ne sais plus le titre ni le nom de l'auteur » (Gide, Les Nourr. terr.et les Nouv. Nourr.,p. 293, ds Grev. 1975, 10eéd., § 560, rem. 2, N. B. 1 b(et non : « *Ce petit livre dont je ne sais plus le nom de son auteur »).
Rem. L'emploi d'un adj. poss. dans la relative est possible lorsque dont ne détermine qu'un subst. de la relative et que cet adj. poss. renvoie à un autre nom. M. Pitt doit avoir pour ennemis (...) les hommes dont son rang élevé attire l'envie (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 222). Cependant il est parfois utile a) pour éviter une amphibologie et pour signifier « son propre, sa propre ». Ma vie en vérité commence Le jour où je t'ai rencontrée Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce à ma démence (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 173); b) pour éviter la répétition abusive de l'art. déf. Il fut toujours l'homme sensuel, perspicace et romanesque, dont ses lettres révèlent les facultés contradictoires (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 220); c) lorsque dont est compl. de deux mots différents de la subordonnée relative, il est logique de le reprendre par un poss. (ou un pron.). Ayant épousé mademoiselle Thérèse Montessuy, dont la dot vint soutenir sa fortune politique (France, Lys rouge, 1894, p. 43).
b) Emplois admis.
α) [Après dont le suj. ou le compl. d'obj. dans la rel. forme un nom composé, un groupe nom. ou une loc. subst. quasi-soudée] Un homme dont la force d'esprit est surprenante (Kr. Sandfeld, Syntaxe du français contemporain,t. 2, Les propositions subordonnées, Paris, E. Droz, 1936, p. 190).Vous dont j'ai toujours apprécié la hauteur de vue (Gide, Faux-monn.,1926, p. 939).
β) [Dont est compl. d'une loc. verbale figée appelant la constr. avec de (venir à bout de qqc., être à l'écart de qqc.)] Je me mis à songer plus attentivement à cette singulière colonie de Maremma dont Fabrizio faisait tant de cas (Gracq, Syrtes,1951, p. 60).
Rem. Ne sont pas admises les constr. qui aboutiraient à une prop. rel. se terminant par un compl. prép., sauf si ce compl. prép. forme un syntagme plus ou moins figé avec le subst. ou le verbe dont il est le compl. On trouve ds la docum. un certain nombre de cas où le caractère figé du syntagme est moins net que dans les ex. cités ci-dessus. Tout seul, (...) se dévidait le peloton dont j'avais lesté le bout du fil (Gracq, Syrtes, 1951, p. 242).
c) Emplois controversés. [Dont dépendant à la fois d'un compl. prép. et d'un autre subst. suj. ou compl. d'obj., notamment lorsque le compl. prép. désigne une partie du corps] « Ce garçon (...) dont l'énergie se lisait dans les yeux bleus » (J. et J. Tharaud, Le Passant d'Éthiopie,p. 90 ds Grev. 1975, § 560, rem. 1).« Il y a ceux (...) dont on lit la pensée dans les yeux » (A. Dumas f.,Le Fils nat.,Prologue, 5,ds Grev. 1975, § 560, rem. 1).
II.− [Dépendant directement du verbe sub. (actif, passif, pronom.) avec lequel il forme un syntagme verbal]
A.− [Rapports de sens entre dont et le verbe]
1. Arch. et littér. [Dont marque la provenance, l'éloignement, l'extraction] Synon. de où.
a) Au sens physique. [Dont marque le point de départ d'un mouvement] Le perdreau, (...) traînant encore l'œuf dont il vient de sortir (Cabanis, Rapp. phys. mor., t. 2, 1808, p. 321).Des trottoirs dont il fallait descendre chaque fois qu'on croisait un passant (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 7):
10. ... le Carrefour, propriété de famille aux environs de Pont-l'Évêque, dont il ne bougeait plus, où il se ferait plaisir de me recevoir et de mettre à ma disposition ses papiers, sa bibliothèque et son érudition... Gide, Isabelle,1911, p. 603.
Rem. 1. Dont ne peut avoir pour antécédent un adv. de lieu. 2. Cet emploi arch. que les grammairiens condamnent est assez répandu chez les aut. mod. avec les verbes qui demandent la prép. de (cf. Grev., § 562).
b) Au fig.
[L'antécédent désigne un point de départ réel] Il dit que le procès est une faute, une impasse dont ils ne pourront sortir (Goncourt, Journal,1883, p. 226):
11. ... puis, tournant le front vers la vitre, il se réfugia dans un silence somnolent, dont il sembla bientôt ne plus vouloir, ne plus pouvoir sortir. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1268.
[L'antécédent désigne un point de départ fig. pour marquer un mouvement logique, une conséquence] Les questionnaires oraux, dont elle part, donnent habituellement, il est vrai, des résultats assez décevants (Mounier, Traité caract.,1946, p. 26):
12. Ainsi la passion retourne contre la raison dont elle est issue les forces que la raison avait libérées dans l'homme. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 214.
[Cas intermédiaires entre l'éloignement et l'éloignement fig.] Il rêvait d'un combat héroïque, d'une longue tuerie dont il sortirait parfait et pur (Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 34).
c) Spéc. [Pour marquer l'origine familiale ou sociale, la descendance, l'extraction; l'antécédent est du type animé (être issu, descendre de)] Sem en eut cinq : chacun eut au moins une épouse, dont il eut maint enfant (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, III, 2, p. 67).Le peuple dont tu sors (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 738):
13. Quel miracle − pas d'autre mot − que l'apparition de cet enfant à l'instant précis où les deux lignées dont il sort, Fontanin et Thibault, allaient s'éteindre sans avoir rien donné qui vaille! Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 920.
2. [Dont marque la cause (avec les verbes demandant la prép. de au sens causal)]
a) [L'antécédent est un subst. ou un pron.] Il ne trouvait rien là dont il eût honte et gêne (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 324):
14. À l'âge de neuf ans, il [Nodier] s'avisa de faire une déclaration d'amour à une femme de Besançon... Il lui avait donné rendez-vous dans un lieu écarté. Elle vint et lui donna le fouet, dont il pensa crever de rage et de honte. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,1870, p. 93.
b) [L'antécédent est toute une prop., plus rarement une phrase : (ce) dont en appos. (cf. infra)] . Vieilli, rare. Ellipse de ce. Je n'ai vu mademoiselle Molica qu'une fois, je suis trop grand pour aller chez elle, dont bien me fâche (Stendhal, Corresp.,t. 3, 1800-42, p. 272).Sa femme Giuseppa lui avait donné d'abord trois filles (dont il enrageait) et enfin un fils (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 5).
3. [Dont marque d'autres circonstances verbales]
a) [Compl. d'agent d'un verbe à la voix passive]
Synon. duquel..., par lequel, par qui (dont insiste davantage sur la nature du rapport)
[L'antécédent est un être animé] Quoi cependant de plus digne d'envie, que le sort d'un homme uni à la femme qu'il aime, et dont il est aimé! (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 370).L'un aime sans oser le dire à celui dont il ne se croit pas aimé (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 166).
[L'antécédent est un inanimé] Mandel me parla sur un ton de gravité et de résolution dont je fus impressionné (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 58).On est déconcerté par ces détails sans importance dont ils paraissent avoir été surtout frappés, qu'ils semblent avoir surtout retenus (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 128).
b) [Compl. circ. de moyen, d'instrument; l'antécédent désigne un inanimé] Synon. par lequel, avec lequel.Son jeune disciple lui apporte la flûte dont il avoit coutume de jouer (Staël, Allemagne,t. 3, 1810, p. 135).Un rasoir dans la [main] droite dont il s'est coupé le cou (Mérimée, Lettres à M. Panizzi,1870, p. 135):
15. ... Madame Gide a fait confectionner de grandes housses en forme, dont on couvre les bibliothèques du palier, le matin, pendant l'heure du ménage... Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1385.
En partic. [Moyen de subsistance] D'où venait le goût si particulier des petits pois dont ils déjeunèrent (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 330).
c) [Compl. circ. de manière; l'antécédent est un subst. désignant la manière] (À, de) la façon, la manière dont... du train dont il va (Nouv. Lar. ill.). Synon. par lequel, avec lequel.Du train dont va le monde (cf. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1227).Presque du ton dont il eût dit : « Allez réviser votre cours de tactique » (Abellio, Pacifiques,1946, p. 131):
16. ... j'invitai les deux diplomates à faire savoir de ma part, respectivement à MM. Roosevelt et Churchill, que, s'ils devaient un jour modifier leur position, j'attendais d'eux qu'ils nous en avertissent avec la même diligence dont j'usais à leur égard. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 72.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un sens vieilli de dont = dans laquelle. Vous ne sauriez croire la joie dont je suis (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1789-1824, p. 204). 2. De la façon dont, du train dont vont les choses n'est pas une constr. pléonastique. De la façon dont vont les choses, elle pourrait bien avoir parlé pour rien (Camus, Peste, 1947, p. 1446).
d) [Compl. circ. de matière, et, p. ext., dont marque le point de départ d'une transformation (de = à partir de)] Le caoutchouc dont sont faits les ballons et les balles qui figurent les mamelles (Apoll., Tirésias,1918, p. 867).Cet homme était de la pâte dont sont faits les prophètes (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 305):
17. ... la matière dont il était fait ne semblait pas de la chair humaine, mais bien quelque substance éthérée, quelque paraffine translucide et nacrée, quelque pulpe immatérielle; on eût dit une chair d'hostie. Gide, Journal,1949, p. 336.
P. ext. [Point de départ d'une transformation] Tel insecte dont elle fera sa nourriture (Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 312).Celle dont il entend faire une vicomtesse de Clérambard (Aymé, Cléramb.,1950, p. 159).
e) [Compl. circ. de propos] Synon. au sujet duquel, à propos duquel (de qui, de quoi).Cet homme, en particulier, dont il est question maintenant, ne sent, pour ainsi dire, que lorsqu'il se meut (Cabanis, Rapp. phys. mor.,t. 1, 1808, p. 395).J'avais alors ma fillette malade dont je ne savais plus rien (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 119).Cet art dont vous avez si bien écrit (Montherl., Malatesta,1946, I, 7, p. 451):
18. J'emploie constamment les mots de matière et de forme. On peut se demander ce dont il s'agit exactement. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 50.
Rem. 1. Dans bien des cas, on peut aussi considérer ce compl. comme un compl. d'obj. indir. (obj. second) d'un verbe trans. à double constr. d'obj. C'est ce dont je vous plains. Je n'ai fait aucune chose dont vous ayez lieu de vous plaindre (Claudel, Raviss. Scapin, 1952, p. 1327). Blum considérait sous la seule optique socialiste le grand problème national dont je l'avais entretenu (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 260). 2. Ce dont peut introduire une subordonnée interr. indir. Synon. de quoi. Sais-tu ce dont je parle? (Camus, Justes, 1950, IV, p. 361). Savez-vous ce dont j'ai rêvé (Id., Chute, 1956, p. 1543).
B.− [Rapports gramm.]
1. [Dont introduit un compl. d'obj. indir. (obj. premier)]
a) [d'un verbe trans. indir. ou pronom. construit avec de] Débarrasser le marchand des objets dont il désespérait de se défaire (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 239).Il y eut un petit silence dont Henri profita pour se lever (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 243).
Rem. Dont suivi d'un inf. (rare). Le ministre (...) n'a point trouvé, dans son domaine, (...) une seule occasion dont user (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 941).
b) [d'une loc. verbale construite avec de] Fais ce dont tu as envie (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 574).L'expérience des illusions − des révélations − dont il a été le jouet (Durry, Nerval,1956, p. 123):
19. Poussées par de solides bras de vent, les giboulées giflaient interminablement le Craonnais avec la même constance dont Folcoche savait faire preuve à notre égard. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 73.
Rem. Certains verbes admettent un compl. circ. de propos. Les cinq dont je viens de parler (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 155).
2. [Dont introduit un compl. d'obj. indir. (obj. second) d'un verbe trans. dir. et indir. (à constr. double)]
a) [L'antécédent est un subst. ou un groupe nominal] Élans sublimes de la nature, expressions des plus beaux sentiments dont elle ait orné le cœur de l'homme! (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 91).
b) [Le compl. d'obj. dir. est un pron. pers.] Dans l'attente du sourire dont elle m'aurait récompensé (Gide, Journal,1943, p. 170).L'ultimatum dont je vous ai menacé (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 379):
20. ... tout ce dont vous m'accusez est pure invention et calomnie. On m'accuse de ce que j'ai fait, de ce que je n'ai pas fait, et aussi des mêmes actes pour lesquels on ne blâme pas les autres, quand ce sont eux qui les font, et pour lesquels même il arrive qu'on les loue. Montherlant, Malatesta,1946, II, 5, p. 476.
3. [Dont introduit un compl. d'adj.] Répondit-il, avec toute la simplicité dont il était capable (Abellio, Pacifiques,1946, p. 132).Cette phrase étonnante, inexplicable, dont je me sens encore à peine responsable (Gracq, Beau tén.,1945, p. 31).En voilà un dont je ne suis pas fière! (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1030).
4. [Dont introduit une prop. ell. du verbe] Cf. supra le rapport partitif.
2eSection [Dont en fonction d'élément d'un nominal sans valeur de représentant; précédé d'un dém. à valeur déterminative d'art. (cela dont..., ce dont...) avec lequel il forme un syntagme subst. fonctionnant comme un mot simple à l'intérieur de la prop. princ.; en fonction anaphorique]
I.− [de reprise, de renvoi]
A.− Ce dont, en appos. (après virgule, parfois après un point)
1. [Pour reprendre un syntagme entier, une prop. ou même une phrase] Les carnivores, (...) sont (...) beaucoup moins favorisés quant au sens du toucher : ce dont ils sont en général compensés par celui de l'odorat (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 583):
21. Il souhaite que s'il y a une guerre civile, ce dont il doute un peu, on ne le battra pas comme l'ont battu les Allemands qui l'ont presque tué à coups de bâton. Green, Journal,1946, p. 22.
2. [Pour reprendre, en incise, une prop. qui va suivre (par anticipation)] :
22. Cependant cela était bon à observer pour vous faire remarquer, ce dont vous verrez de fréquentes preuves dans toutes vos études, que toutes ces classifications que font les hommes pour mettre de l'ordre dans leurs idées, sont très-imparfaites; et qu'il faut s'en servir parce qu'elles sont commodes, ... Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 34.
3. En partic. [Dans la terminol. jur. et admin.] Dont acte. Acte est pris de ce qui vient d'être dit (cf. acte II C).
P. anal. Dont ci-joint copie. Par lettre d'aujourd'hui, dont ci-joint copie, j'en avertis le général Eisenhower (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 476).
B.− Cela dont; c'est ce dont..., voilà ce dont... C'est ce dont = c'est de cela que = c'est de quoi. Allons! C'est bien cela dont il est question! (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, IV, 3, p. 98):
23. − Alors vous avez une idée de ce qui nous arrivera quand nous aurons fait cadeau de l'Europe à Staline. − Ce n'est pas de ça qu'il s'agit, dis-je. − C'est exactement ce dont il s'agit. Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 69.
C.− Voilà ce dont. C'est donc ça? Ce n'est que ça? Voilà ce dont tu me juges capable? (Sartre, Mains sales,1948, 2etabl., 4, p. 54).
II.− [d'annonce] Le tour présentatif ce dont..., c'est de (ce dont en tête de phrase, suj., annonce ce qui va suivre et le met en relief). Ce dont ils ont le plus peur, c'est de passer pour réactionnaires (Camus, Possédés,1959, 2etabl., p. 1038):
24. Quand vous vous présenterez devant la Cour suprême, ce dont vous aurez besoin, ce n'est pas d'une vérité que personne ne croira, c'est d'une bonne déclaration sous la foi du serment, d'une déclaration qu'aucun tribunal ne puisse contester. Camus, Requiem pour une nonne,1956, 3etabl., p. 850.
La chose dont..., c'est que; il y a une chose dont..., c'est que. Tu comprends, reprit-il avec animation, il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il n'y a que les communistes qui font du travail utile (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 287).
Il est une chose dont. Des êtres organisés comme nous, peuvent prononcer avec assurance qu'il est une chose dont ils sont complètement certains (Destutt de Tr., Idéol.,Logique, 1805, p. 192).
Il y a... dont... : c'est :
25. Dans les domaines de phénoménologie poétique que nous étudions, il y a un adjectif dont le métaphysicien de l'imagination doit se méfier : c'est l'adjectif ancestral. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 171.
III.− [Dont en fonction de subordination (dans la subordination en chaîne); pour introduire une prop. subordonnée relative suivie d'une prop. subordonnée conj. complétive ou interr. (dont est subordonnant pur, dépourvu de sens); dont signifie au sujet de qui, de quoi, mais le sens s'affaiblit au profit de la fonction de subordination (cette double constr. grammaticalement correcte est d'un emploi fréq.)]
A.− [Une relative avec dont suivie d'une complétive d'obj. avec que (dont... que, cas très fréq.)] :
26. ... les philosophes et les historiens discuteront plus tard des motifs de cet acharnement, qui mène à la ruine complète un grand peuple, coupable, certes, et dont la justice exige qu'il soit châtié, mais dont la raison supérieure de l'Europe déplorerait qu'il fût détruit. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 157.
B.− [Une relative avec dont suivie d'une interr. indir. (dont... si, dont... combien, dont... comment, etc.)] Ainsi de l'homme et de mon peuple dont j'ignore où il va (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 907).Je reste un peu gêné par « jean-foutre », dont je ne sais comment marquer le pluriel (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1195):
27. Au moment de leur départ, je pus joindre à l'équipe un quatrième, dont l'avenir devait montrer combien il était efficient. C'était le capitaine de Hauteclocque. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 93.
28. Il descendait vers le fleuve frais, sous la pluie impalpable. Il écoutait toujours ce grand bruit spacieux qu'il n'avait cessé d'entendre depuis son arrivée, et dont on ne pouvait dire s'il était fait du froissement des eaux ou des arbres. Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 1665.
C.− [Une relative avec dont suivie d'une seconde relative (avec il y a... qui)] :
29. ... elle a soin de me raconter chaque matin, (...) tous les propos d'antichambre qu'elle a recueillis la veille, et qu'elle commente avec un instinct de malignité dont il n'y a pas de journaliste qui ne se fît honneur. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 63.
Rem. 1. Cette constr. évite une suite de relatives dépendant d'un même antécédent. 2. Des tours de substitution sont employés par de nombreux écrivains : a) « Des coquillages dont on sait qu'il est friand ⇒ des coquillages dont elle le sait friand ⇒ des coquillages pour lui qui, elle le sait, en est friand »; b) La prop. inf. : ,,L'homme dont on sait qu'il est allé ⇒ l'homme qu'on croit être allé`` (cité ds G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, § 401 bis, note 3).
D.− [Une relative avec dont suivie d'une subordonnée interr. indir. suivie elle-même d'une complétive d'obj. dir. (dont... si... que, triple constr., rare)] ,,Notre table dont j'eusse été bien étonné si l'on m'avait dit qu'elle était raffinée`` (cité ds Sandf., p. 206).
Prononc. et Orth. : [dɔ ̃]. En liaison : [dɔ ̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2emoitié ixes. Il li enortet − dont lei nonque chielt − Qued elle fuiet lo nom christiien (Séquence de Ste Eulalie, 13 ds Henry Chrestomathie, p. 3). Du lat. vulg. de unde « d'où » [interr.], cf. dont interr. en a. fr. ca 1119 Sire niés dont venez? (Philippe de Thaon, Comput, 2895 ds T.-L.) unde ayant joué dès le lat. class. le rôle du pron. rel., équivalent à a, ex, de quo, qua, quibus (Vään., 2, § 287) cet emploi s'étant encore étendu à basse époque (cf. Löfstedt, pp. 180-181). Fréq. abs. littér. : 100 375. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 172 434, b) 128 278; xxes. : a) 133 670, b) 130 616. Bbg. À travers la presse du lang. Déf. Lang. fr. 1965, no26, pp. 38-40. − Cohen 1946, p. 54. − De Boer (C.). Dont conj. R. Ling. rom. 1927, t. 3, pp. 295-301. −Foulet (L.). L'effacement des adv. de lieu. Romania. 1960, t. 81, pp. 433-482; Pour le commentaire de Commynes... Romania. 1937, t. 63, pp. 507-511. − Gaatone (D.). Note sur une relativisation complexe en fr. Z. rom. Philol. 1972, t. 88, pp. 126-132. −Henkel (W.), Muller (Ch.). Dont − duquel − de laquelle. Praxis. 1972, t. 19, p. 221. − Rothe (W.). Zur Struktur und Funktion des sog. Relativpronomens. Tübingen, 1971, pp. 304-311. −Tilander (G.). De sa fame ne voit mie ... Romania. 1963, t. 84, pp. 289-291. − Tobler (A.). Mél. de gramm. fr. Z. rom. Philol. 1881, t. 5, p. 181.