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DIVINEMENT, adv.
D'une manière divine.
I.− [Correspond à divin I] Est-ce Hercule qui inspire divinement les archontes de Crotone et leur dicte en toute circonstance ce qu'ils ont à faire (Claudel, Rempart Ath.,1927, p. 1131).
II.− [Correspond à divin II]
A.− Comme le ferait Dieu, de la manière propre à Dieu :
1. Jésus a prêché; Jésus a prié; Jésus a souffert. Nous devons l'imiter dans toute la mesure de nos forces. Oh! nous ne pouvons pas prêcher divinement; nous ne pouvons pas prier divinement; et nous n'aurons jamais la souffrance infinie. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc,1910, p. 157.
B.− Par la grâce, la volonté, la puissance, l'action de Dieu; par Dieu. L'assistance divine assurée à l'exécution d'un dessein divinement inspiré (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 102).Divinement conduits, Bérulle et ses disciples font à leur tour progresser la religion du monde (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 94):
2. Ce bien éternel et surnaturel, auquel la grâce nous donne part dès ici-bas, ce bien spirituel (c'est-à-dire qui procède de l'union au Saint-Esprit) est la fin propre de cette société divinement instituée, et supérieure à toute société humaine, qu'est l'Église, corps mystique du Christ. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 219.
C.− Conformément à sa condition divine (cf. divin II B 3 b p. ext.).L'exigence d'exister divinement (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 242).
III.− [Correspond à divin IV] Par hyperbole
A.− [P. oppos. au caractère imparfait qui est gén. attaché à tout ce qui est humain ou terrestre; correspond à divin IV A]
1. [Au plan de l'esthétique dans le sens gén. « science du beau »] À la perfection, excellemment, merveilleusement.
a) Dans le domaine artistique et intellectuel.Boîte divinement sculptée, colonnades divinement ouvragées; parler divinement une langue, coudre divinement. Tous ces autres détails si divinement peints au premier livre des annales (Chénier, Amérique,1794, p. 131).Tous les poètes ont aimé les chats. Baudelaire les a divinement chantés (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Chats, 1886, p. 1061).
b) [À propos de l'aspect phys. de qqn; dans le lang. galant, en parlant d'une femme, de sa beauté, de ses attraits, de sa mise] Femme divinement élancée et jeune; corps jeune, divinement frais; bras divinement fait, épaule ronde et divinement blanche. Elle se mouvait si divinement que je croyais voir un bel astre (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 132).Des femmes divinement mises et divinement belles (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 178):
3. ... elle (...) se coiffait avec des anglaises pour cacher sa figure qui était complètement de travers, très laide et fanée. Mais elle s'habillait divinement. Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1927, p. 213.
2. [Au plan de l'esthétique dans le sens étymol. « science du sentiment »]
a) [À propos de certaines qualités de cœur ou d'esprit] D'une manière digne de Dieu ou des dieux :
4. ... le jugement défavorable sur Camille avait été unanime et le pressentiment divinement juste. Et cela en dépit de la bonne impression que, derrière vitres et rideaux, on avait eu de M. et MmeLe Pesnel... Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 144.
b) [En parlant de certains sentiments ou de jouissances très diverses] D'une manière tellement parfaite, tellement pure, tellement intense, que cela ne paraît plus naturel mais surnaturel. Là, je fus divinement bercé dans les bras blancs et doux de la sainte amitié (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 97).La beauté merveilleuse, inexplicable, divinement ingénue de la princesse à quatorze ans (Goncourt, Journal,1864, p. 45):
5. ... la voix ardente et sombre S'en allait si blessée, et si triste dans l'ombre, Oh! si divinement triste que l'on eût dit Une larme sur le visage de la nuit! ... Samain, Le Chariot d'or,1900, p. 16.
3. [Pour exprimer l'excellence, perçue au seul plan sensoriel, de certaines choses]
a) Dans le domaine de la gustation.Elle [la liqueur] était fine divinement, chaude encore, et moelleuse, sucrée (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 107).
Rem. À noter la postposition de l'adv. divinement dans cet ex. alors qu'on le rencontre gén. antéposé.
b) [Dans le domaine des conditions atmosphériques en tant qu'elles produisent une impression sur l'homme] Faire divinement beau (DG).
Rem. Également enregistré ds Rob.
B.− P. ext. [P. oppos. au caractère rationnel et naturel que l'on attache à ce que l'on connaît et s'explique; à propos de qqc. d'inconnu et de mystérieux que l'on s'explique mal ou pas du tout, et que l'on tend de ce fait à attribuer à quelque cause surnaturelle; correspond à divin IV B] Car, né sur les coteaux, mon âme s'est liée d'une douce amitié divinement nouée avec les champs, les bois, les ondes, le soleil (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 128).Les feuillages (...) contenaient dans leur substance divinement rajeunie par la nuit, des odeurs végétales entièrement neuves (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 57).
Prononc. et Orth. : [divinmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. xives. « par l'action de Dieu » (Bâtard de Bouillon, éd. R.-F. Cook, 1378); 2. 1540 « merveilleusement » (N. Herberay des Essars, Amadis, éd. H. Vaganay, 336). Dér. de divin*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 169. Bbg. Duch. Beauté. 1960, p. 109. − Quem. 2es. t. 3, 1972. − Tracc. 1907, p. 136.