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DISSÉQUER, verbe trans.
A.− ANAT. [Le compl. désigne un corps organisé, hum., animal ou végét.] Dégager et dissocier méthodiquement les éléments anatomiques. Disséquer un cobaye, un muscle, le pistil d'une fleur; pince à disséquer. Synon. partiel autopsier.Il disséqua, décrivit les ovaires de l'abeille (Michelet, Insecte,1857, p. 99).Rabelais, dans l'Hôtel-Dieu de Lyon, disséqua publiquement un pendu (France, Rabelais,1924, p. 30):
1. − Tu en as déjà vu beaucoup, des morts? − Moins que toi sûrement, dit Jacques, toi qui as dû disséquer des cadavres. − Et même des vivants, dit Martine, mais des animaux. − Et des poux tu en as disséqué? − Bien sûr. − Quelquefois je me représente à moi-même en train d'être disséqué. Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 165.
Emploi abs. C'est avec ça [l'écorché] qu'il a appris à disséquer (E. Labiche, Deux papas très bien,1845, I, 5, p. 396).
P. anal. Le cadavre du bijoutier avait dû être entraîné par le courant (...) ou disséqué au fond par les écrevisses (Gautier, Italia,1852, p. 7).
B.− Au fig.
1. Analyser le comportement, les réactions de quelqu'un ou d'un organe, d'une fonction. Quand j'étais jeune, j'aimais beaucoup à disséquer les cœurs humains pour voir ce qu'il y avait dedans (Mérimée, Lettres à Mmede la Rochejacquelein,1870, p. 9).Il [L. de Vinci] dissèque le vol de l'oiseau; il le saisit, avec la prodigieuse vitesse de son regard (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 210):
2. Dubreuilh n'avait pas changé, ni le bureau ni les rites, mais lui n'était plus le même; autrefois on aurait pu l'écorcher, le disséquer sans surprise : maintenant il cachait sous sa peau une tumeur honteuse. Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 485.
Emploi pronom. réfl. Je me scrute et me dissèque Je me compare au poncif (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 100).
2. Analyser (une réalité sociale, historique, un concept). Il y a des grandeurs, voyez-vous, de rois et de royaumes qu'il faut disséquer avec dignité (Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejournée, p. 235).Je voulais commenter l'impérissable loi, pauvre fou que j'étais! Et disséquer la foi : connaître la liqueur en en brisant le vase! (Banville, Cariat.,1842, p. 66).Quelques curieux (...) se feront malgré tout un devoir de rechercher la vérité et de disséquer la morale elle-même (Le Dantec, Savoir!1920, p. 234).
Emploi abs. Papa répondrait, dédaigneux des mélimélos psychologiques de sa fille qui ergote, et dissèque, et joue à la personne compliquée (Colette, Cl. ménage,1902, p. 20).
3. Décomposer (une œuvre, etc.) pour mieux la comprendre ou la faire comprendre. Là, dans la paix des livres chaudement reliés, le père disséquait un vers latin en dactyles et spondées (Aymé, Brûlebois,1926, p. 22).Il serait ridicule de vous parler des héros de son œuvre [de Mmede La Fayette] et de la société dans laquelle ils se meuvent, de disséquer l'intrigue (...) Tout cela vole en rêve (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 269).
Emploi abs. L'action en renforce l'effet, car l'action ne dissèque pas, elle englobe, enjambe, emporte (Mounier, Traité caract.,1946, p. 636).
Emploi pronom. réfl. La philosophie, en produisant l'éclectisme, s'est disséquée de ses propres mains (Proudhon, De la Création de l'ordre dans l'humanité,1843, p. 569).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Disséquant, ante, part. prés. adj., méd. [En parlant de certaines affections] Qui dissèque les tissus. Anévrisme disséquant, tumeur disséquante. P. métaph. Cette voix âpre, hargneuse et disséquante, dont Augustin a palpé le mordant pendant tout le déjeuner, elle se fait entendre adoucie d'amitié (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 102). b) Disséquement, subst. masc., vieilli, pop. Action de disséquer. Je le vends encore [tout cadavre de miséreux mort au Châtelet] cent cinquante, deux cents livres aux carabins (...) C'est une rage que le disséquement (L'Héritier, Mém. Révol. fr., t. 1, 1830, p. 284).
Prononc. et Orth. : [diseke], mais [ss] double ds Land. 1834, Fél. 1851, Littré, DG et facultativement ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 Conjug. Change [e] fermé en [ε] ouvert devant syll. muette : (je) dissèque [dis(s)εk], sauf au fut. et au cond. (je) disséquerai(s) [di(s)sekʀ ε]. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « couper, trancher » (Est.); 1578 dissequer une charongne (R. Le Baillif de La Rivière, Le Demosterion, Rennes, 98 ds R. Ling. rom. t. 35, p. 219); 2. 1787 fig. disséquer le sentiment (Fér. Crit. t. 1). Empr. au lat. class.dissecare « dépecer, découper » de secare « couper ». Fréq. abs. littér. : 123.
DÉR. 1.
Dissécable, adj.,anat. Dont on peut faire la dissection. Cf. Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 410. [disekabl̥]. 1reattest. 1805 id.; du rad. de disséquer, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Disséqueur, euse, subst.,anat. Personne qui dissèque. Synon. dissecteur.Un bon, un habile disséqueur; disséqueur très adroit (Ac. 1835, 1878). P. métaph. Il [le duc] devient (...) disséqueur de conjurations (J. de La Varende, M. le Duc de Saint-Simon et sa Comédie hum.,1955, p. 34). [disekœ:ʀ], fém. [-ø:z], mais [ss] double ds Land. 1834, Fél. 1851, Littré et DG. Le mot est admis ds Ac. 1718-1878, uniquement au masc. 1reattest. 1718 (Ac.) [le mot ne se trouve pas ds J. Fernel, La Méthode générale de guérir les fièvres, 1655, v. Lar. Lang. fr., mais ds Physiologie, 1655, chap. XVI : La manière de la dissection, p. 204 sous la graphie dissecteur]; du rad. de disséquer, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, p. 219. − Rog. 1965, p. 110.