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DISCUTER, verbe.
A.− Emploi trans.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose]
a) Procéder à l'examen contradictoire d'une question; en débattre. Discuter une affaire. Discuter quelques projets (Cf. Verne, Île myst., 1874, p. 271). La Chambre de 1906 n'aura pas discuté cette loi (Barrès, Cahiers,t. 8, 1909-11, p. 116):
1. Orso aimait mieux discuter cette question de physique, que d'argumenter avec le licencié sur la moralité de son action. Mérimée, Columba,1840, p. 89.
Fam. Discuter le coup. S'entretenir librement, bavarder. Deux personnages peu définis entrèrent et se partagèrent une chopine en discutant le coup (Queneau, Pierrot,1942, p. 165).
Spéc., DR. Discuter les biens d'un débiteur et p. ext. discuter un débiteur (cf. discussion).
b) Mettre en doute; contester. Discuter les ordres. Il [Planche] ne parlait jamais de lui-même, permettait fort bien qu'on discutât son mérite (Vallès, Réfract.,1865, p. 129).Je ne discute pas cette thèse (Barrès, Cahiers,t. 8, 1909-11, p. 168):
2. Ainsi un certain goût de la poésie hermétique avait promu tout naturellement Jacques chef de bordée, interdisant qu'on discutât ses choix de disques de jazz, ses idées en matière d'élégance de cravates. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 44.
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Mettre en doute la valeur, la compétence de quelqu'un. Charles-Louis Philippe a été discuté de son vivant (Larbaud, Vice impuni,1941, p. 222):
3. Ses amis [d'Edouard VII] les plus intimes étaient, avec des diplomates comme Soveral et Mensdorff, des financiers... Il ne permettait pas que l'on discutât ses amis. Maurois, Édouard VII et son temps,1933, p. 280.
Rem. Noter l'emploi passif dans ce sens (supra Larbaud).
B.− Emploi trans. indir.
Discuter de. Débattre de; s'entretenir de. Discuter d'une affaire. On discuta jadis de la conviction et de l'honorabilité des directeurs de journaux (Maurras, Avenir intellig.,1905, p. 88):
4. De loin en loin, un village français, avec des maisons en ruine, des champs sans culture, des sauterelles enragées, qui mangent jusqu'aux rideaux des fenêtres, et tous les colons dans les cafés, en train de boire de l'absinthe en discutant des projets de réforme et de constitution. A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 120.
Elliptiquement. Discuter politique, affaires, etc. Je ne discuterai pas politique avec vous (Proust, Sodome,1922, p. 677).
C.− Emploi intrans.
1. En emploi abs.
a) Soutenir une discussion :
5. Et, à cet instant, Séverine eut une brusque inspiration. Elle ne raisonna plus, ne discuta pas : cela lui arrivait comme une impulsion instinctive, des profondeurs obscures de son intelligence et de son cœur; car, si elle avait discuté, elle n'aurait rien dit. Zola, La Bête humaine,1890, p. 110.
6. Ainsi, pour abattre une opinion en soi-même, il faut le vouloir expressément, et y revenir, et s'obtiner. Et remarquez-le bien, là où un nigaud discute, souvent un vieux routier change la conversation. Alain, Propos,1913, p. 169.
b) Protester, contester. Obéir sans discuter. Cette fois-ci, Monsieur Carlos, il n'y a plus à discuter : il faut venir avec vous (Bourdet, Sexe faible,1931, p. 316):
7. Il faut croire que le Patagon lui donna d'excellentes raisons, car, après avoir pendant quelque temps « discuté », Thaouka se rendit à ses arguments et obéit, non sans ronger son frein. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 169.
2. Avec prép.
a) Discuter avec. Mener une discussion, négocier. Discuter avec l'ennemi :
8. Il lui était resté un besoin de discuter avec elle-même et avec les autres les choses de foi, qui renaissait tous les jours malgré sa volonté systématique de croire ce qu'elle s'imposait comme autorité divine. Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 69.
b) Discuter sur. Examiner le pour et le contre. Discuter sur la valeur de qqn. M. Royer Collard et Bérenger ont discuté sur une question importante de droit public (Maine de Biran, Journal,1817, p. 51).Inutile de discuter encore sur Rimbaud : Rimbaud s'est trompé, Rimbaud a voulu nous tromper (Breton, Manif. surréal.,2emanifeste, 1930, p. 96).
D.− Emploi pronom. à sens passif. Cela se discute. Être une occasion d'échange d'arguments contradictoires :
9. le docteur. − Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit! knock, tandis qu'il s'essuie les mains. − Cela se discuterait. Romains, Knock,1923, III, 6, p. 18.
Rem. 1. Par cette expr. on laisse gén. entendre son désaccord avec ce qu'avance son interlocuteur. 2. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. discutant, ante. Qui a le goût de la discussion. Une certaine manie discutante s'est emparée de la jeunesse et l'enlève à l'amour (Stendhal, Amour, 1822, p. 256).
Prononc. et Orth. : [diskyte], (je) discute [diskyt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1318 trans. « examiner le pour et le contre de quelque chose » (A.N. K 10, pièce 23 ds Gdf. Compl.); 2. av. 1564 discuter si « contester le fait que » (Calvin, 157 ds Littré); 1789 intrans. « manifester une opinion différente » (Sieyès, Tiers état, p. 91 : je ne veux point discuter, si, même entre particuliers, une conduite franche n'est...); p. ext. 1817 « parler avec d'autres en échangeant des idées » (Maine de Biran, Journal, p. 86 : m'empêchent de donner mon attention aux choses qu'on discute devant moi, d'être à la conversation); 3. 1690 terme de dr. (Fur. : Il faut plusieurs années pour discuter une personne, pour peu qu'elle ait d'adresse & de crédit); 4. 1836 « soumettre quelqu'un à un examen critique » (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 65). Empr. au b. lat.discutere (dequatere « secouer ») « examiner, rechercher, discuter », en lat. class. « dissiper, écarter, éclaircir ». Fréq. abs. littér. : 2 410. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 973, b) 2 984; xxes. : a) 4 339, b) 4 356. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 9. − Gohin 1903, p. 334. − Gottsch. Redens. 1930, p. 175.