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DÉTRUIRE, verbe trans.
Défaire la structure de ce qui est organisé de manière à en modifier l'aspect général. Anton. construire.
A.−
1.
a) Mettre à bas un édifice ou un ouvrage d'art réalisé selon un plan déterminé (cf. démolir, raser). Détruire un bâtiment, une construction, un échafaudage, un édifice, un monument, un ouvrage d'art. Détruire un escalier (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 192):
1. Il a dit qu'il détruirait le temple, Seigneur, et qu'en trois jours il le rebâtirait. Hugo, La Fin de Satan,Le Gibet de Jésus-Christ, 1885, p. 860.
Emploi pronom. passif. Ces bâtiments se détruisent tous les jours faute de réparation (Ac.1932).
b) P. méton. Détruire [une ville]. Démolir entièrement (cf. dévaster, ravager). Un affreux cataclysme détruisit Saint-Pierre (Radiguet, Bal,1923, p. 19).
2. P. anal. Modifier l'aspect d'une personne ou d'une chose de manière à ce qu'on ne puisse plus la reconnaître. La route d'Angers est hideuse. D'interminables haies détruisent l'horizon (H. Bazin, Vipère,1948, p. 141):
2. La vie de province et la mise un peu négligée à laquelle Séverine se laissait aller depuis dix ans donnaient je ne sais quoi de commun à ce beau profil et l'embonpoint avait détruit ce corps si magnifique... Balzac, Le Député d'Arcis,1847, p. 334.
Emploi pronom. :
3. Le médecin, assez anatomiste pour reconnaître une taille délicieuse, comprit tout ce que les Arts perdraient si ce charmant modèle se détruisait au travail des champs. Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 390.
Détruire la santé. Ruiner progressivement la santé. La mystique peut modifier les besoins du corps, sans, pour cela, par trop altérer la santé ou la détruire (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 147).
Emploi pronom. Se détruire la santé. Elle aimait mieux se détruire toute seule la santé (Zola, Terre,1887, p. 136).
3. P. ext. Faire disparaître de manière à ce qu'il n'y ait plus de traces.
a) [L'objet désigne une chose] Où donc sont-elles, ces mystérieuses mitrailleuses que notre artillerie ne parvient pas à détruire? (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 265):
4. J'ai la bonne habitude, dit la marquise à ces deux hommes, de ne détruire jamais aucun papier, et bien m'en prend; voici neuf lettres que la Sanseverina m'a écrites en différentes occasions. Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 244.
Emploi pronom. passif. L'épaisseur [de la larme batavique] résiste au marteau, et se laisse entamer par la lime sans se détruire (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 215).
b) [L'obj. désigne une pers. ou un animal] Un niais possédé du démon de la haine ou de la cupidité, qui a un ennemi à détruire ou un grand-parent à annihiler (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 759).Il faut détruire tout le gibier comme funeste à l'agriculture (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 177).Aider l'Angleterre à détruire la marine espagnole (BainvilleHist. Fr.,t. 1, 1924, p. 272).
Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Supprimer sa vie (cf. se suicider, se tuer). Ma pensée était de me détruire. À plusieurs reprises, je me dirigeai vers la Seine (Nerval, Aurélia,1885, p. 324).
Emploi pronom. réciproque. Se faire périr mutuellement :
5. Le crime est rare; je veux dire le crime qualifié, authentique, tombant sous le coup de la loi. Les hommes se détruisent par des moyens qui leur ressemblent, médiocres comme eux. Ils s'usent sournoisement. Et les crimes d'usure, Monsieur, ça ne regarde pas les juges! ... Bernanos, Un Crime,1935, p. 787.
Rem. On rencontre le composé s'entre-détruire. L'Europe se couvre de soldats, régiments embusqués derrière les vieilles haines, les vieux préjugés, les vieilles ambitions, comme les survivants d'une épidémie derrière les tombeaux d'un cimetière où ils achèveraient de s'entre-détruire en se fusillant sur les morts de la veille (De Vogüé, Morts, 1899, p. 11).
c) Emploi abs. Besoin, envie, frénésie, fureur, instinct de détruire. Créer, détruire, ce sont les deux ravissements de l'enfance : créer est long; détruire est court, facile (Michelet, Oiseau,1856, p. 307).
B.− Au fig.
1. Défaire entièrement ce qui est organisé selon une structure déterminée. Détruire une institution, un régime, un système (philosophique, politique, religieux); détruire la famille, la société; détruire une œuvre, un ouvrage. La religion est un tout auquel on ne touche pas. Retrancher quelque chose à ces pratiques séculaires, c'est les détruire (Renan, Drames philos.,Prêtre Nemi, 1888, I, 4, p. 539).
2. P. ext. Faire disparaître complètement. Détruire un argument, une certitude, une conviction, une croyance; détruire l'amour, le charme. C'était moi la preuve, la preuve qu'on avait cachée d'abord, espéré détruire ensuite (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Parricide, 1884, p. 478).Pour une promesse enfantine que tu lui as faite, tu es en train de détruire ton bonheur (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 293).
Emploi pronom. réfl. L'émotion se développe pour se détruire et triompher d'elle-même, mais n'y parvient jamais (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 273).
Emploi pronom. réciproque. Des détails se détruisaient les uns les autres (Estaunié, 1896, p. 233).Les coutumes se superposent sans se détruire (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 223).
Rem. On rencontre avec le même sens le composé s'entre-détruire. Il faut, (...) accueillir toutes les négations qui s'entre-détruisent (Blondel, Action, 1893, p. XXI).
3. Ruiner moralement. Détruire une personne. Recette pour détruire les philosophes (Valéry, Tel quel I,1941, p. 207):
6. Cette douloureuse aventure du père... était jetée à la face du fils... On espérait, par ce coup de massue inattendu, frapper Delbos en plein cœur, l'assassiner moralement, le discréditer..., le détruire... Zola, Vérité,1902, p. 120.
Détruire une personne dans l'esprit de qqn (Ac. 1932). Décréditer entièrement une personne auprès de quelqu'un.
Emploi pronom. réfl. Se perdre. C'est que formé du même sang que Lucile, j'étais né comme elle pour me tourmenter et me détruire (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 727).On sentait qu'il mettait à se critiquer, à se détruire lui-même, un acharnement féroce (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 84).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. détruisant, ante. Qui détruit. Des forces détruisantes (Bataille, Exp. int., 1943, p. 151).
Prononc. et Orth. : [detʀ ɥi:ʀ], (je) détruis [detʀ ɥi]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. destruire; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 destruire « défaire une construction » (Alexis, éd. Chr. Storey, 143); 2. ca 1100 « anéantir, faire disparaître » (Roland, éd. J. Bédier, 835); spéc. 1648 se détruire « avoir une action contraire, se combattre » (Corneille, Polyeucte, III, 1); 3. 1135 « supprimer un être vivant » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1919); 1784 pronom. « se suicider » (Bernardin de Saint-Pierre ds Lar. Lang. fr.); 4. 1172-74 « défaire entièrement ce qui était établi, organisé » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2377); 5. fin xiiies. soi destruire « se nuire à soi-même » (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea [ms. Arsenal 2986], Appendix I, 504 [9440]); 6. xiiies. « discréditer quelqu'un dans l'esprit d'autrui » (Récits d'un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, p. 33, § 63). Du lat. pop. *destrugere, lat. class. destruere, « démolir une construction; porter atteinte à; anéantir ce qui était établi ». Fréq. abs. littér. : 3 347 (détruisant : 160). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 388, b) 3 635; xxes. : a) 4 007, b) 4 424. Bbg. De Gorog (R.). The concept to destroy in Old French and the question of synonymy. Linguistics. 1972, t. 93, pp. 27-43.