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DESTINER, verbe trans.
Déterminer le destin, la destinée, la destination de quelqu'un ou quelque chose.
I. − Destiner à qqn.
A. − [Le suj. désigne le destin, une puissance suprême] Fixer d'avance les événements qui régiront inéluctablement l'existence de quelqu'un. Synon. prédestiner, promettre.Confiant dans le sort que le ciel me destine, Je me souvins d'un oncle à la cour de Christine (Dumas père, Christine,1830, prol., p. 201).Sans nous préoccuper de ce que nous destine Le Sort, nous marcherons pourtant du même pas (Verlaine, Œuvres compl.,t. 1, Bonne chans., 1870, p. 132).
Rem. On rencontre un emploi plus ou moins adj. au sens de « marqué, choisi par le destin ». Que la privation, l'absence, les années, Ne font qu'éprouver mieux les âmes destinées (Sainte-Beuve, Livre d'am., 1843, p. 36). Mon roi est venu trois fois, ô terre antique, ô terre destinée (Péguy, Myst. Sts Innoc., 1912, p. 202).
B.− [Le suj. désigne gén. une pers.] Projeter d'unir une personne à une autre par les liens du mariage. Je sais que, depuis notre enfance, on nous avait destinés l'un à l'autre (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 241):
1. Ainsi donc, l'épouse que vous destine votre père, celle dont il entend faire une vicomtesse De Clérambard, serait cette fille publique? Ah! je comprends que la comtesse ait eu honte de nous la nommer. Mais pourquoi veut-il que son fils épouse une catin? Aymé, Clérambard,1950, III, 5, p. 159.
C.− [Le suj. désigne une pers.] Réserver, préparer quelque chose à l'intention de quelqu'un pour le lui offrir. Synon. attribuer.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose concr., une offrande, un cadeau] La fortune que vous destine votre tante (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 241).Des antiquités destinées aux voyageurs (Du Camp, Nil,1854, p. 78).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr., une situation, un traitement particulier] M. de Staël est employé diplomatiquement à Copenhague, mais j'espère qu'on lui destine une autre mission (Staël, Lettres div., t. 2, 1794, p. 607).Le rôle que je vous destine peut avoir des dangers (Stendhal, Lamiel,1842, p. 206):
2. Les pensées que je ne leur [aux hommes] destinais pas expressément, je n'arrivais pas à les détacher de moi, à les formuler; elles demeuraient en moi comme de légers mouvements organiques. Sartre, Le Mur,1939, p. 82.
P. iron. [Le compl. désigne un mauvais traitement] Sans attendre la correction que je lui destinais (Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 232).Je commence à comprendre le genre de supplice que vous me destinez. Je vais périr par immersion? (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 476).
Rem. On rencontre parfois la constr. vieillie : destiner pour qqn. Aucun savant, aucun artiste, ne pourra réserver pour lui-même ou pour d'autres, aucune des pièces d'histoire naturelle, ou d'autres objets, que le Sieur de La Pérouse aura jugés mériter d'être compris dans la collection destinée pour sa majesté (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 50). Ces roses pour moi destinées Par le choix de sa main (Toulet, Contre-rimes, 1920, p. 10).
II. − Destiner à qqc.
A.− [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Synon. affecter à.
1. Réserver à quelqu'un une situation, un emploi d'une certaine durée.
a) [Le suj. désigne le destin, la fatalité] Vouer quelqu'un à un avenir plus ou moins favorable. La masse de notre espèce étant évidemment destinée, d'après une insurmontable fatalité, à rester indéfiniment composée d'hommes vivant d'une manière plus ou moins précaire (Comte, Philos. posit.,t. 4, 1839-42, p. 162).
b) [Le suj. désigne une pers.] (Avoir l'intention de) consacrer, préparer une personne à une carrière. La carrière à laquelle ma famille me destine m'épargnera, j'espère, le désagrément de voyager en coucou (Balzac, Début vie,1842, p. 381).Ses parents ne le [Rembrandt] destinaient pas à la carrière artistique mais ne mirent pas d'opposition à ce qu'il suivît le penchant qui l'entraînait (Ménard, Hist. B.-A.,1882, p. 210).
Emploi pronom. réfl. Madame Beaudeloche (...) (avec dignité). Edgar, songe que tu te destines au notariat (Labiche, Edgar,1852, 2, p. 207).Trois grands fils (...) qui se destinaient au barreau (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 273).
c) P. ext. [Le suj. désigne une qualité physique ou morale, une chose abstraite, etc.] Cette énergie nécessaire à la compagne d'un homme que sa carrière destine aux orages de la vie politique (Balzac, Lys,1836, p. 321).Elle [une fillette] montre une grâce, une rapidité dans la course, qui la destinent à la lutte et à la danse (Colette, Pays connu,1949, p. 161).
P. anal. :
3. Fabre, lorsqu'il a décrit l'application que met le scarabée sacré à malaxer la pilule où il enfermera son œuf, ajoute curieusement que les organes de cet insecte semblaient le destiner à une tout autre activité. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 160.
2. [Le suj. désigne une pers.] Mettre en réserve quelqu'un pour l'utiliser à un usage occasionnel. L'homme devrait n'avoir plus aucun rapport de société avec celles des femmes jeunes qu'il ne destine pas à son lit (Montherl., J. filles,1936, p. 978):
4. ... le commandant en chef m'assura que, sans pouvoir fixer encore une date précise, il donnerait avant peu l'ordre de marcher sur Paris et que c'était la division Leclerc qu'il destinait à l'opération. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 296.
Rem. On rencontre parfois la constr. vieillie destiner qqn pour + nom de lieu avec le sens de « envoyer à ». Ces personnes (...) seraient toujours incapables de faire ce travail loin des lieux pour lesquels on les destinerait (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 290). [Les forçats arrivants] sont soumis à l'examen des médecins et chirurgiens en chef qui, sur la plus légère apparence de maladie les destinent pour l'hôpital (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 4, 1828-29, p. 29).
B.− [Le compl. d'obj. dir. désigne un obj.] Attribuer un usage, une utilisation déterminée à un objet. La laine destinée à la confection des vêtements d'hiver (Verne, Île myst.,1874, p. 286).J'ai trouvé aussi des clefs, qu'il destinait certainement à mes serrures (H. Bazin, Vipère,1948, p. 166):
5. ... l'impôt reçoit son caractère de la société même où il fonctionne et au profit de laquelle il fonctionne. Il est destiné surtout à assurer le maintien et l'exercice des puissances sociales dominantes. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 175.
Prononc. et Orth. : [dεstine], (je) destine [dεstin]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1155 « annoncer » (Wace, Brut, 12414 ds Keller, p. 83a); ca 1170 « réserver tel ou tel sort, présager » [vostre biautez ... buene avanture vos destine] (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4664); 2. ca 1160 « déterminer, décider, fixer » (Eneas, 525 ds T.-L.); 1168-90 soi destiner « se fixer pour tâche, pour but de » (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 7686). Empr. au lat. class.destinare « fixer, assujettir; affecter à; décider ». Fréq. abs. littér. : 3 920. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 152, b) 4 817; xxes. : a) 3 745, b) 4 023.