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DÉSARÇONNER, verbe trans.
A.− Jeter un cavalier hors de la selle, le faire tomber de sa monture (en général du cheval). Lancé au galop avec ces mouvements de bascule qui désarçonnent souvent les meilleurs cavaliers (Du Camp, Nil,1854, p. 277):
1. Quand tout le monde fut bien placé dans la voiture, il vérifia les sangles de la selle; puis, s'enlevant sur un étrier, il retomba sur l'animal, qui se mit à danser sous la charge et faillit désarçonner son cavalier. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, À cheval, 1883, p. 399.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi pronom. réfl. vieilli. Vider les arçons. Il voulut se jeter en bas de son cheval. Au mouvement qu'il fit pour se désarçonner, il se sentit étreindre les pieds comme par deux mains de fer (Hugo, Rhin, 1842, p. 211).
P. anal. [Appliqué à un obj. faisant office de monture] Faire tomber, déséquilibrer. D'immenses voiles (...) qui (...) se cabrent comme par fureur, pour vous désarçonner, pour vous désagripper (Loti, Vertige mond.,1917, p. 57).
Emploi pronom. à sens passif. La table fut bousculée par tous nos genoux qui se désarçonnaient du banc (Giono, Triomphe vie,1941, p. 178).
B.− Au fig.
1. [Le compl. désigne une pers.] Faire perdre pied à quelqu'un, lui ôter de son assurance par des propos ou des actes déconcertants. Synon. décontenancer, confondre, désappointer.Un paysan robuste comme vous l'êtes ne se laisse pas désarçonner pour si peu (F. Fabre, Rom. peintre,1878, p. 253).
Spéc. Désarçonner un orateur. Le mettre à bout d'arguments. L'auditoire s'emporte, et rue jusqu'à ce qu'il ait désarçonné l'orateur (Hugo, Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 157).
2. [Le compl. désigne un inanimé abstr. en rapport avec une pers.] Mettre dans l'impossibilité de s'exercer, détruire, anéantir, neutraliser. Il [l'hôte du désert] annihile le bon officier, le fonctionnaire timoré, désarçonne son souci des responsabilités (Benoit, Atlant.,1919, p. 97).
3. Cour. Être désarçonné.Être privé de tout moyen de défense, être dans un état d'instabilité morale. Synon. être décontenancé, déconcerté, confondu.Je crois du reste qu'il sera comme moi, un peu désarçonné un moment (Flaub., Corresp.,1853, p. 201):
2. Contre la glace au-dessus de la cheminée, une photographie qui la représente et, la désignant du doigt : − Vous avez là, mon oncle, le portrait d'une petite fille qui n'est pas non plus joli-joli. À quoi donc peut-il vous servir? Surpris de trouver chez une cagotine un si malicieux esprit de répartie, et sans doute tant de bon sens, l'oncle Anthime est momentanément désarçonné. Avec une fillette de neuf ans, il ne peut pourtant pas engager une discussion métaphysique! Il sourit. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 692.
Rem. 1. Le part. prés. désarçonnant, ante est parfois employé adj. au sens fig. de « déconcertant, désarmant ». Ce peintre a un comique froid particulier et assez désarçonnant pour les imbéciles (Goncourt, Journal, 1891, p. 41). 2. On rencontre ds qq. dict. le subst. masc. désarçonnement. Action de désarçonner un cavalier, de le faire tomber de sa monture; état qui en résulte. Au fig. Désappointement, désarroi.
Prononc. et Orth. : [dezaʀsɔne], (je) désarçonne [dezaʀsɔn]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1210 (R. de Houdenc, Méraugis, 4114 ds T.-L.); xvies. au fig. trans. « faire perdre à quelqu'un son crédit, son emploi » (Négoc. de la France dans le Levant, t. II, p. 602 ds Gdf. Compl.); 1668 « déconcerter » (La Fontaine, Vie d'Ésope, éd. A. D. Regnier, I, 39). Dér. de arçon*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 37 (désarçonnant : 3).