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DÉSALTÉRER, verbe trans.
A.− Calmer la soif d'un homme ou d'un animal.
1. Emploi trans. L'eau du ruisseau, qui désaltéroit mes bestiaux, nous désaltéroit aussi (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 239).
Emploi abs. L'eau pure est faite pour désaltérer, et les fleurs pour être senties (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 71).
[Avec méton. de l'obj.] Désaltérer sa bouche, ses lèvres (littér.). Un de ces gosiers ardents que rien ne désaltère (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 141).
P. plaisant. :
1. Déodat s'assit en face de trois verres de vin que l'Adélaïde avait remplis jusqu'à les faire déborder un peu, pour faire voir qu'elle n'y regardait pas, quand il fallait désaltérer les bons facteurs. Aymé, La Jument verte,1933, p. 293.
[Avec un obj. interne] Désaltérer sa soif.
Rem. On rencontre ds la docum. la constr. indir. de l'obj. interne. Une soif dont seul ce fruit non sucré désaltère (Gide, Retour enf. prod., 1907, p. 390).
2. Emploi pronom. réfl. Calmer sa soif.
[Avec un obj. indir. + prép. de] Le breuvage rouge dont il se désaltérait d'ordinaire (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Héritage, 1884, p. 472).
Emploi abs. Anxiété (...) affreuse quand on n'a pas l'espoir de se désaltérer (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 125).
P. ext. [En parlant d'un animal] Se repaître de sang. Vengez vos femmes expirantes; Les loups se sont désaltérés Dans leurs entrailles palpitantes (Delavigne, Messéniennes,1824, p. 85).
B.− P. anal. [L'obj. désigne la terre ou des végétaux] Apporter l'eau nécessaire en arrosant ou en irriguant. Désaltérer les campagnes, les vergers :
2. Le Saint-Gothard est le père des eaux. (...). Elles ont hâte, ces grandes eaux, d'aller vivifier l'Europe, désaltérer la terre, la nourrir, rafraîchir cent nations. Michelet, Journal,1838, p. 261.
C.− P. métaph. ou au fig.
1. Emploi trans.
a) [L'obj. désigne une pers.] Satisfaire les désirs ou les exigences de quelqu'un. Nous qui (...) Devons désaltérer le faible et l'ignorant Pleins d'une foi naïve (Banville, Cariat.,1842, p. 170).Légendes ni figures Ne me désaltèrent (Rimbaud, Dern. vers,1872, p. 152).
b) P. méton. de l'obj. Satisfaire un besoin des sens, une tendance du caractère ou une aspiration de l'esprit. Désaltérer sa curiosité, son esprit. Il ne rêvait pas la femme éthérée (...) ni croyance qui désaltérât son âme (Flaub., 1reÉduc. sentim.,1845, p. 160).
Rem. Dans le synt. désaltérer sa soif de gloire, l'emploi du verbe dans ce sens résulte de la métaph. de l'obj. interne.
2. Emploi pronom. réfl.
a) Emploi abs. Satisfaire ses désirs, ses aspirations. Dans des océans de beauté, de lumière, L'homme, altéré toujours, toujours se désaltère (Lamart., Médit.,1820, p. 34).
b) [Avec un obj. ind.] Jouir de quelque chose, ou s'adonner à un plaisir, un sentiment, une activité, sans aucune limite ni restriction. L'auteur entend « s'enivrer », « se désaltérer » par les choses, ce qui n'est possible qu'en se libérant des mots (Benda, Fr. byz.,1945, p. 44):
3. Il s'exaltait, en pensant aux monastères. Ah! être terré chez eux (...) parfaire le bienfaisant silence de cette vie murée, en se nourrissant d'actions de grâces, en se désaltérant de plain-chant, en se saturant avec les inépuisables délices des liturgies! Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 107.
Rem. 1. Pour la constr. indir. de l'obj. interne (cf. supra C 1 b rem.). L'une d'elles [de deux femmes] semblait aspirer cet air de neige âprement, et se désaltérer de quelque grande soif profonde (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 2). 2. On rencontre ds la docum. le subst. masc. désaltèrement. Ce qui désaltère (cf. supra C 1). Innocence, ô belle après l'ignorance inouïe, Eau claire du cœur après le feu vierge de l'âme, (...) Désaltèrement du cerf rompu d'amour qui brame (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 17).
Prononc. et Orth. : [dezalteʀe], (je) désaltère [dezaltε:ʀ]. Conjug. : devant syll. muette, change [e] fermé en [ε] ouvert, sauf au fut. et au cond. je désaltérerai(s). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1549 (Est.); 1668 pronom. (La Fontaine, Fables, I, 10). Dér. de altérer*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 453, b) 254; xxes. : a) 332, b) 174.