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DÉNUDER, verbe trans.
Mettre à nu; dépouiller de l'enveloppe (généralement naturelle), de ce qui recouvre.
A.− CHIRURGIE
1. [Le compl. désigne un organe, une partie du corps humain ou animal] Enlever les téguments, la chair qui recouvrent quelque chose. Dénuder une glande, un os. (Quasi-)synon. décharner*(cf. ce mot A 1 a).Il trancha les muscles d'une seule entaille, jusqu'aux os. Il dénuda le tibia et le péroné (Zola, Débâcle,1892, p. 343).
2. P. ext., rare. [Le compl. désigne la totalité du corps humain ou animal] Dépouiller de la peau, de l'enveloppe naturelle. Elle n'est pas plus tôt nue que le sultan fait encore signe, paresseusement, qu'on la dénude : on se hâte de l'écorcher vive (Breton, Manif. Surréal.,2eManif., 1930, p. 181).
3. P. anal.
a) Poét. [Le compl. désigne un élément de la nature] Dépouiller de ce qui recouvre. (Quasi-)synon. décharner*(cf. ce mot 2 p. anal.).Un petit chêne (...), aux feuilles (...) mangées par place par des chenilles, qui en avaient dénudé la trame fine (Goncourt, Journal,1855, p. 225).Sa serpe fourbe et sa hache qui vibre Dénudent jusqu'au cœur nos chênes fibre à fibre (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 112):
1. La mer (...) dénude la pierre dure, ôte la chair, laisse l'ossement, fouille, dissèque, fore, troue, canalise, met les caecums en communication, emplit l'écueil de cellules, imite l'éponge en grand, creuse le dedans, sculpte le dehors. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 276.
Emploi pronom. à valeur passive. Il existe une nature aussi intéressante à décrire quand elle se dénude et pèle que lorsqu'elle exubère et rutile, au plein soleil (Huysmans, Art mod.,1883, p. 118).
Spéc., GÉOL. Enlever les couches (de végétation, de terre, etc.) qui recouvrent habituellement un sol; mettre à découvert. L'industrie humaine qui reconstruisit en gradins les pentes que les pluies et les vents eussent dénudées (Morand, Route Indes,1936, p. 345).
b) [Le compl. désigne une chose concr.] Spéc., ÉLECTR. Dépouiller un fil électrique de son enveloppe protectrice. [Dans une bobine de self variable], il est nécessaire de dénuder le fil, sur le chemin parcouru par le curseur de réglage (Coustet, T.S.F. prat.,1924, p. 102).
B.− [Le compl. désigne une pers. ou une partie du corps]
1. Ôter les vêtements de... Dénuder son corps. Elle commença à se dévêtir, elle (...) retira ses bas, comme on pèle un fruit, d'un geste long et brusque qui dénudait d'un coup sa chair (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 584).
Emploi pronom. réfl. Voilà la chaleur qui vient; je vais bientôt me dénuder et nager (Flaub., Corresp.,1844, p. 154).
2. [À propos d'une chose autre qu'un vêtement] Ôter ce qui cache à la vue. Un sourire forcé qui dénudait ses gencives blanches (Martin du G., Devenir,1909, p. 91).Les boucles rejetées en arrière par la tourmente dénudaient le petit front têtu et féroce et le faisant vaste, architectural au-dessus des yeux liquides (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 184).
C.− Au fig.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne gén. une chose abstr., notamment le lang., des choses littér. ou artistiques] Dépouiller des éléments superflus, des ornements; rendre (trop) simple, pauvre, sec; (faire) perdre son ampleur. Ses premières œuvres [de David] apparurent alors que Vien commençait à préparer le nouveau style (...) dénudant ses figures des accessoires fantaisistes, assagissant la ligne, affectant le sérieux (Hourticq, Hist. art, Fr.,1914, p. 315).
Emploi pronom. à sens passif. La poésie [Romances sans Paroles de Verlaine] se dénude et se dissout dans l'éther (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 479).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose concr., une pers. ou une caractéristique humaine] Ne pas/ plus cacher derrière des apparences trompeuses; découvrir, mettre à nu, laisser voir. Elle se sentit atteinte au plus intime, comme s'il venait de dénuder une place douloureuse, une plaie cachée (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 319).Ne dénudait-il [Ange Fulquois] pas jusqu'à l'os, rien qu'à leur manière de franchir le seuil de sa boutique, les héritiers rapaces ou glorieux, avides de grignoter ou d'éblouir? (Arnoux, Paris,1939, p. 226).Un instinct me dénudait soudain comme à un visionnaire une ville menacée, une croûte rongée croulant par grands pans sous un pas trop lourd (Gracq, Syrtes,1951, p. 59).
Emploi pronom. réfl. Cette attitude héroïque nous a valu des pages sublimes (...) Pascal s'y dénude comme un anatomiste, qui se disséquerait lui-même fibre à fibre (L. Daudet, Hérédo,1916, p. 61).
Rem. Dénuder est parfois employé comme synon. de dénuer* (cf. ce mot A). (Se) dépouiller du nécessaire, (s') appauvrir, (se) ruiner. Albert. − (...) moi parti, vous ferez vendre tout cela. Beauchamp. − Mais vous vous dénudez, mon cher! (Dumas père, Cte de Morcef, 1851, V, 9, p. 107). Elle [cette terre] qui s'est dénudée volontairement de tout, hormis de la méchante platitude de ses indigènes. Des Lorrains (Barrès, Cahiers, t. 7, 1908, p. 76). Un homme [M. Bamastre] que la vie avait à la fois enrichi et dénudé (Arnoux, Solde, 1958, p. 114) :
2. ... les prêtres de campagne dénudés par l'aumône, tous ces êtres infimes dont le budget est de quelques sous, tant pour le lait, tant pour le pain, un budget si exact et si réduit, que deux sous de moins amènent des cataclysmes! Zola, L'Argent,1891, p. 380.
Prononc. et Orth. : [denyde], (je me) dénude [denyd]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. « mettre quelque chose à nu » (Psautier Oxford, Canticum Habaccuc, 20, p. 240), attest. isolée; à nouv. en 1790 « dépouiller quelque chose de ce qui normalement le recouvre ou le protège » la portion d'os dénudée (Encyclop. méthod. Chirurg. ds DG); 1870 pronom. (Lar. 19e: son crâne commence à se dénuder); cf. 1858 (Gautier, Rom. momie, p. 154 : son crâne entièrement dénudé); 2. 1832 pronom. fig. (Hugo, N.-D. Paris, p. 219 : l'architecture se dessèche peu à peu, s'atrophie et se dénude); 3. 1844 id. « ôter ses vêtements » (Flaub., loc. cit.). Empr. au lat. class. denudare « mettre à nu, découvrir », « dépouiller, priver de », l'emploi médiév. de dénuder prob. d'apr. celui de dénudation*. Fréq. abs. littér. : 80.