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DÉMENTIR, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. [Le suj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]
a) Contredire quelqu'un en affirmant que ses paroles sont mensongères ou erronées. Il (...) brodait tellement autour de la vérité que (...) le héros dut démentir son barde (Radiguet, Bal,1923, p. 180):
1. Comment expliquer qu'Esterhazy ne les ait pas mis en demeure de démentir Casella? A qui fera-t-on croire que, pouvant d'une parole réfuter Casella et dissiper d'infâmes soupçons sur un officier, ils auraient eu besoin d'une sommation pour dire à Casella : « Vous mentez! » Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 309.
Vx. Trahir, renier quelqu'un. Ma fille, tu sais le vœu que j'ai fait pour toi. Voudrois-tu démentir ta mère? ô mon Atala (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 238).
b) Déclarer qu'un fait, un discours est faux. « L'agence Havas » a, comme il convenait, démenti le fait (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 406):
2. Certains faits controuvés ont défrayé la légende : enlèvement d'Hélène, descente aux enfers avec Pirithoüs, viol de Proserpine. Je me gardais de démentir ces bruits d'où je tirais un surcroît de prestige... Gide, Thésée,1946, p. 1445.
En emploi abs. Le journal serait saisi : le gouvernement démentirait effrontément (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 441).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne une pers.] Être inconséquent avec soi-même (cf. se démentir).
Démentir sa promesse, sa parole. Craindre qu[e] je démente mes vœux, et ne fasse le contraire de ce que je viens de promettre (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 610):
3. − Tu veux donc bien, ma belle Louise, être ma Béatrix, mais une Béatrix qui se laisse aimer? Elle releva ses beaux yeux qu'elle avait tenus baissés, et dit en démentant sa parole par un angélique sourire : − Si vous le méritez... plus tard! Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 130.
Démentir son renom, ses qualités. Voulez-vous (...) démentir votre gloire et flétrir votre nom (Constant, Wallstein,1809, IV, 6, p. 123):
4. Une parisienne amoureuse dément sa nature et manque à sa fonction, qui est d'être à tous, comme une œuvre d'art. A. France, Le Lys rouge,1894, p. 92.
b) [Le suj. désigne une chose] Infirmer, ne pas être conforme à quelque chose. Le résultat ne démentit pas la fierté du propos (Stendhal, Amour,1822, p. 274).La destinée dément et déjoue toutes leurs prévisions (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 165):
5. Il éprouvait le même sentiment imperceptible de gêne que l'on ressent à se réveiller très tard, après une nuit pénible, dans cette obscurité trompeuse des volets fermés que démentent, glissés aux interstices de l'étoffe, filtrant par toutes les coutures, déjà les doigts pâles du matin. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 190.
[En partic., en parlant des qualités, des manifestations physiques d'une pers.] Une douceur qui démentait l'expression d'effronterie qu'elle s'efforçait de donner à ses traits (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 222).Ils s'efforçaient de garder un ton aisé que démentait le tremblement imperceptible de leurs voix (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 308).
B.− Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne une pers., sa physionomie, son caractère, etc.] Se contredire, agir en contradiction avec ce qu'on a fait ou dit auparavant. Le caractère d'Imley ne se démentit pas un moment (Chateaubr., Natchez,1826, p. 483).Mais je suis sûr que tu vas te démentir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 37):
6. Non que « la crainte de se démentir soi-même » l'ait jamais en rien beaucoup retenu. Il en était à ce point d'indépendance où se démentir peut paraître une manière encore de la proclamer. Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 155.
2. [Le suj. désigne une chose] Dans une de ces lettres qui se démentent l'une par l'autre (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 191).
[En partic. dans des phrases négatives] Ne pas se démentir. Ne pas cesser d'avoir la qualité dont il est ou a été question. L'opiniâtreté des vents de sud ne se démentit pas pendant les journées du 9 et du 10 (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 28):
7. Sur le seuil de la porte, il lui tendit la main; elle la serra un peu vivement; mais sa figure ne se démentit pas; et, jusqu'au bout, elle garda son air raide et glacé. Elle s'en alla. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 815.
Prononc. et Orth. : [demɑ ̃ti:ʀ], (je) démens [demɑ ̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 desmentir « contredire (quelqu'un) en prétendant qu'il n'a pas dit la vérité » (Roland, éd. J. Bédier, 3834); b) 1563 dementir « prétendre (quelque chose) contraire à la vérité » (Ronsard, Remonstrance au peuple de France, 117 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 11, p. 69); 2. ca 1100 « se conduire de façon indigne de (sa race, etc.) » (Roland, 788), attest. isolée; de nouv. 1550 (Ronsard, Odes, I, 5, 95, loc. cit., t. 1, p. 89); 3. 1550 « (d'un événement) ne pas être conforme à ce qui était attendu » (Id., Odes, III, 2, 32, loc. cit., t. 2, p. 7); 1564 « (d'une chose) être en contradiction avec » (Id., La Promesse, 252, loc. cit., t. 13, p. 13). B. 1. Ca 1176 soi desmentir « se briser, se rompre (d'un bouclier, etc.) » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1894) − xves., Ren. de Montauban, ms. Arsenal 5072 ds Gdf.; 1188 au fig. « être impropre au service, manquer à son devoir » (Aimon de Varennes, Florimont, 6169 ds T.-L.) − mil. xives., Bâtard de Bouillon, 6106, ibid.; ca 1260 « s'ébranler (d'un mur, etc.) » (Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly, 343) − 1900, Nouv. Lar. ill.; 2. 1643 « (de qualités) cesser d'être, se relâcher » (Corneille, Polyeucte, III, 5 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 536). Dér. de mentir*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 773. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 244, b) 816; xxes. : a) 1 109, b) 1 118. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 28.