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DÉLICAT, ATE, adj.
I.− [L'adj. exprime une qualité entièrement positive]
A.− [En parlant d'un inanimé concr.]
1. [P. réf. à la nature ou à la consistance de celui-ci, à sa valeur intrinsèque]
a) [En parlant d'un obj. naturel] Qui se distingue par sa finesse et sa légèreté, par son aspect gracieux. Ces délicats feuillages rougissants, (...) la vulgarité et la folie ont remplacé ce qu'ils encadraient d'exquis (Proust, Swann,1913, pp. 425-426).Le délicat branchage de ses arbres (Green, Journal,1933, p. 167):
1. Une massive chevelure lourde et sombre l'écrasait, aux larges plis souples, et ramenés derrière l'oreille minuscule, exquisement modelée, d'une transparence nacrée, et semblable à quelque merveilleux et délicat coquillage. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 86.
[En parlant de phénomènes naturels] La ramure du vieux merisier reposait sur son toit de tuiles ainsi qu'une nuée délicate, transparente d'un glacis liliacé (Genevoix, Raboliot,1925, p. 187).Une lumière délicate dorait le faîte des maisons (Arland, Ordre,1929, p. 187).
b) [En parlant d'un obj. fabriqué] Qui se distingue par sa finesse d'exécution, ses qualités de légèreté, d'élégance et de recherche. Ciselure(s), dentelles délicate(s). (Quasi-)synon. exquis, raffiné.Un binocle monté sur tige d'or et que retient, au bout d'une chaînette, un délicat bracelet de rubis (Gide, Journal,1906, p. 197).Une pelouse ovale enfermée dans une délicate grille anglaise du XVIIIesiècle (Morand, New York,1930, p. 22).
2. [En parlant des sens ou d'une chose se référant aux sens d'une pers.] Qui se distingue par une finesse, une légèreté propres à flatter l'un ou l'autre sens. Toucher délicat, nuances délicates. Les verdures étaient d'un vert tendre très délicat (Zola, Curée,1872, pp. 584-585).Nous avons mordu dans des citrons pas assez mûrs; la saveur première intolérablement acide se taisait; il ne restait alors plus qu'un parfum invraisemblablement délicat dans la bouche (Gide, Journal,1895-96, p. 68):
2. ... j'étais préoccupée du son d'un flageolet qui joua tout le temps une foule d'airs qui me parurent admirables. (...) Pour moi, dont l'ouïe était apparemment plus fine et plus sensible à cette époque, je ne perdais pas une seule modulation de ce petit instrument, si aigu de près, si doux à distance, et j'en était charmée. Il me semblait l'entendre dans un rêve. Le ciel était pur et d'un bleu étincelant, et ces délicates mélodies semblaient planer sur les toits et se perdre dans le ciel même. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 173.
P. ext. [En parlant d'un aliment] Qui est particulièrement fin, dont la saveur est propre à flatter un palais affiné. Mets délicats. Le délicat dessert de fruits rouges et sucrés (Pergaud, De Goupil,1910, p. 175):
3. Cet entremets se sert chaud. Il n'est point désagréable en remplaçant la brioche par des ronds de mie de pain à potage. Tandis qu'en Angleterre c'est du pain à tartines que l'on prend, et par conséquent le pouding est moins délicat. Les Gdes heures de la cuis. fr., Carême, 1833, p. 148.
B.− [En parlant d'une pers.]
1. [De sa nature physique]
a) [En parlant des traits physiques, de l'aspect extérieur] Qui se distingue par des qualités de finesse, de légèreté conférant à la physionomie, à l'allure générale grâce, charme et élégance. La femme ravissante, l'allure délicate et fluette d'une bergère en Saxe (Zola, Œuvre,1886, p. 322).Des épaules délicates et potelées, des bras fins et ronds (Colette, Cl. école,1900, p. 311):
4. ... une moustache fine, ondée, un peu longue, caressait le contour délicat de sa lèvre supérieure, nettement coupée, mobile, fière, respirant la vie, la passion. Gobineau, Nouvelles asiatiques,1876, p. 241.
SYNT. Air, charme, col, corps, cou, figure, main, nez, nuque, peau délicat(e).
P. anal. [En parlant d'un animal] Une fine mésange délicate (Taine, Notes Paris,1867, p. 83).De délicats papillons des groseilliers (Colette, Naiss. jour,1928, p. 58).
b) [En parlant d'un sens ou d'une fonction sensitive] Qui est extrêmement affiné et apte à saisir les nuances les plus ténues. Sensibilité, sensualité délicate. Souvenez-vous des pauvres gens déshérités par le sort qui ont eu des yeux perçants et n'ont rien vu, de qui l'odorat était délicat et qui n'ont senti que des fleurs empestées (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 107).Les oreilles délicates accoutumées aux nuances du chant neumatique (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 251).
P. méton. [En parlant d'une sensation perçue] Qui se caractérise par la subtilité de ses nuances. Impressions, jouissances délicates. Des sensations aussi délicates et aussi variées (Senancour, Rêveries,1799, p. 172).
2. [En parlant des qualités de goût ou d'intelligence] Qui a le goût affiné, qui apprécie particulièrement ce qui flatte les sens par des qualités de raffinement et de luxe. Et si tu es si délicat qu'un grabat de paille t'effraye, − il y a la chambre d'en face (...) le lit est doux (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 189).
En partic.
a) [En parlant d'une pers. sous le rapp. de son activité intellectuelle] Qui manifeste dans son activité intellectuelle une finesse de goût et de jugement très sûre. Esprit délicat. On comprend quel genre d'intérêt, de charme et d'émotion, des spectacles d'une vérité si présente devaient avoir pour un public d'ailleurs ignorant et peu délicat (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 185).Ce Gustave Geffroy, ce joli tourneur de phrases, ce fin et délicat penseur, ce lettré artiste enfin (Goncourt, Journal,1888, p. 745).
b) [En parlant d'un homme de lettres, d'un artiste ou de son activité artistique] Qui s'exprime, est exprimé avec un art délié, avec élégance. Art délicat. [Fromentin] un délicat et grisonnant grand écrivain (Goncourt, Journal,1877, p. 1182).Platon, (...) mêle une poésie très délicate à ses argumentations socratiques (Valéry, Variété V,1944, p. 169).Charles Cottet qui est un remarquable peintre et en particulier le plus délicat des aquarellistes (Cassou, Arts plast. contemp.,1960, p. 18):
5. Alain Fournier préférait Laprade; il insistait peu sur les règles de la composition et ne tenait à distinguer, dans les toiles de ce peintre délicat, que la fragilité, la translucidité, le mystère des êtres qui peuplaient ses paysages aux verts exténués. Ces créatures légères lui paraissaient fraternelles déjà. Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 30.
Emploi subst. à valeur de neutre. Ce qui dans une œuvre relève quant au fond ou à la forme d'une finesse de goût et de jugement très sûre. David le sculpteur, si remarquable par la finesse et le délicat du style (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 40).
3. [En parlant des relations soc., affectives ou morales]
a) [En parlant d'une pers. ou de son comportement soc.] Qui manifeste des qualités de réserve, de discrétion et de prévenance envers autrui. Geste(s), soin(s), tact délicat(s); attention(s), parole(s), précaution(s) délicate(s). À ma chère et toute délicate hôtesse (Balzac, Corresp.,1832, p. 161).Rien n'était plus loin de la discrétion délicate qu'elle gardait à l'ordinaire (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 912).Le principal lui avait toujours témoigné une délicate sympathie (Arland, Ordre,1929, p. 18).
b) [En parlant d'une pers. ou de son comportement affectif] Qui manifeste une grande sensibilité et une rare élévation de sentiment. Amant(e), ami(e), cœur délicat(e). Ce n'est qu'à toi et absolument à toi que peuvent s'adresser des épanchements si intimes, des confidences si délicates (Hugo, Lettres fiancée,1821, p. 48).Tu as des trésors d'ingénieuse et délicate tendresse (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 166).Tous les jeux sont permis entre les adolescents, aussi bien les passions romanesques et délicates que les accouplements sans lendemain (Jeux et sp.,1968, p. 811):
6. Sigognac disait à Isabelle combien il l'aimait; (...) Comme c'était la personne du monde la plus délicate et la plus désintéressée en fait de sentiments, elle tâchait par des fâcheries et des négations caressantes de contenir dans les limites de l'amitié un amour qu'elle ne voulait pas couronner, le jugeant nuisible à l'avenir du baron. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, pp. 360-361.
c) [En parlant d'une pers. ou de son comportement moral] Qui est attentif dans son comportement à discerner exactement les valeurs morales. Votre esprit, si juste, si habitué à saisir les plus délicates convenances (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1736).Xavier Frontenac, délicat jusqu'au scrupule avec les siens, (...) se montrait volontiers brutal avec Joséfa (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 91):
7. C'est positivement dans cette espérance que je les [ces mémoires] ai rédigés par écrit, et ce sera mon excuse pour avoir rompu cette délicate et honorable réserve, qui empêche la plupart d'entre nous de faire une exhibition publique de nos propres erreurs et infirmités. Rien, il est vrai, n'est plus propre à révolter le sens anglais, que le spectacle d'un être humain, imposant à notre attention ses cicatrices et ses ulcères moraux, ... Baudelaire, Les Paradis artificiels,1860, pp. 388-389.
Il est délicat de + verbe à l'inf. (vieilli).Il est convenable de. Il eût été plus délicat de vous éloigner d'une jeune personne que vous ne pouviez que compromettre (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 117).
II.− [L'adj. exprime une qualité assortie de réserves]
A.− [La réserve porte sur la solidité]
1. [En parlant d'un obj. naturel ou fabriqué] Qui par sa finesse présente une certaine fragilité et peut s'altérer facilement. Étoffe(s) délicate(s). Pour certains textiles délicats ou glissants tels que les rayonnes, nylon, etc., on garnit les parois intérieures de la cavité où est disposée la canette de velours ou de peaux (Thiébaut, Fabric. tissus,1961, p. 141):
8. On a pu mesurer les conditions physiques de l'air dans les tombes égyptiennes qui ont conservé des objets fragiles depuis des millénaires. On a constaté que la température y était stabilisée (...) Retirés de cette ambiance exceptionnelle, les objets les plus délicats se désagrègent extrêmement vite. L. Benoist, Musées et muséologie,1960, p. 62.
Spécialement
a) HORTIC. [En parlant d'un végétal] Qui est fragile ou périssable et demande des soins particuliers. Anton. robuste.Le bananier surtout est délicat : une saison sèche prolongée, après une saison de pluies courte, l'empêche de donner son régime (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 202).Certaines denrées délicates, comme les fleurs et les aliments de luxe qui ne peuvent supporter de longs délais (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, pp. 574-575).
b) [En parlant d'un instrument, d'une machine] Qui demande à être manié avec précaution en raison de l'extrême finesse de sa constitution. Appareillage plus délicat, plus onéreux, plus difficile à régler et à mettre au point (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 84).
2. [En parlant du corps humain, tout ou partie] Qui est d'une grande fragilité, qui risque de perdre sa solidité. Membres, nerfs délicats; complexion délicate. Anton. robuste, solide.Pourvu (...) que la poitrine ne soit pas trop irritable et délicate (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 395).Je ne me sentais pas assez fort, étant né délicat et m'étant peu exercé à la boxe (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 217).De la noix de coco on extrait une graisse que les estomacs délicats tolèrent beaucoup mieux que la graisse animale (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 255).
En partic. Santé délicate. État d'une personne requérant beaucoup de soins et de ménagements. La ligne droite étant la meilleure quand il faut avant tout ménager une santé délicate (J.-J. Ampère, Corresp.,1854, p. 243).Une personne de santé délicate qui (...) se fortifie, engraisse, et semble pendant quelque temps s'acheminer vers une complète guérison (Proust, Swann,1913, p. 304).
Vx. Délicat et blond. Qui présente les excès de sensibilité et fragilité physiques attribués aux personnes blondes. Mais il est très-blond et délicat à le voir, quoique plus adroit et plus robuste que les hommes les plus fortement constitués (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 133).
B.− [La réserve porte sur les limites estimées dépassées]
1. [L'excès concerne le comportement d'une pers.]
a) [Dans ses gestes] Qui se caractérise par sa légèreté et son aspect précautionneux. Elle (...) mangeait avec des gestes délicats de ses poignets frêles (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 151).
b) [Dans ses exigences de goût etc.] Vieilli. Qui est difficile à contenter en raison d'une excessive sensibilité et de trop grandes exigences intellectuelles, affectives ou morales. Quelques artistes horriblement délicats et passionnément difficiles que j'ai beaucoup étonnés (Bloy, Journal,1892, p. 47).Mais pourquoi ne leur met-on pas des masques, comme dans le théâtre antique, ou pourquoi ne les cache-t-on pas dans une fosse, comme à Bayreuth? Monsieur était bien délicat (Montherl., J. filles,1936, pp. 1038-1039):
9. L'endroit sur les enluminures de M. de Saci est d'un dédain suprême : « vous croyez, sans doute, qu'il est bien plus honorable de faire des enluminures, (...) et des onguents pour la brûlure, etc... » Comme on sent l'homme délicat dont l'estomac se soulève contre ces écrits sans goût, et qui a eu longtemps à souffrir de les entendre louer! et quel homme avait le droit d'être plus délicat que celui qui portait dans son imagination tant de nobles et d'idéales figures? Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 463.
Emploi subst. La parole générale de la chaire venait s'accommodant à chaque âme secrète, aux simples ou aux délicats comme aux forts (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 473).Dans le « temps », un article de J.L. où je lis : « un littérateur, que cite M. Géraldy, se vantait d'être un délicat et proclamait : « il n'y a de vérité que dans la nuance » (Gide, Journal,1940, p. 27):
10. La morale et le sérieux de la vie n'ont pas d'autre preuve que notre nature. Chercher au delà et douter des bases de la nature humaine, c'est s'agacer à dessein, c'est s'irriter la fibre sensible pour le plaisir équivoque qu'on trouve à se gratter. (...) Le jour n'est pas loin où tous ces prétendus délicats se trouveront si nuls devant l'immensité des événements, si incapables de produire, qu'ils tomberont comme une bourse vide. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 443.
Péj. La tristesse noire que laissent chez les délicats les raouts et les fêtes de la misère bourgeoise (Goncourt, Journal,1882, p. 141).N'empêche que la vermine c'est dégueulasse même rien que d'en parler. − Vous êtes un délicat Monsieur Bélépine (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 89).
2. [En parlant d'un inanimé abstr., d'une entité à concevoir ou d'une réalité à exécuter] Qui est difficile à comprendre ou à résoudre, en raison de la difficulté, de la variété des nuances. Le délicat problème du péché et du mal faisait partie intégrante de la controverse antignostique (Dict. théol. cath.,t. 4, 1920, p. 1058).Certains actes notariés du XVIIesiècle (...) deviennent (...) d'un déchiffrement presque aussi délicat que celui des papyrus latins de l'antiquité (Hist. et ses méth.,1961, p. 606):
11. Le travail du débitage est particulièrement délicat, en ce qu'il faut avoir soin de découper les morceaux seulement dans le sens des dessins de l'écaille de façon à superposer les nuances semblables aussi exactement que possible. Rousset, Travail des petits matériaux,1928, p. 116.
SYNT. Sujet, traitement délicat; affaire, besogne, manœuvre, mission, négociation, opération, position, question, tâche délicate.
Il est délicat de + verbe inf. (Quasi-) synon. il est difficile de.Des notions de distance, d'âge de l'Univers, qu'il est très délicat de retranscrire dans l'échelle expérimentale (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 173).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. délicatissime. Très délicat. J'ai improvisé hier une heure sur des points délicatissimes (Lamart., Corresp., 1834, p. 31). Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e-20eavec l'indication familier.
Prononc. et Orth. : [delika], fém. [-at]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1454 « de constitution frêle (d'une personne) » (Arch. Nord, B 854, no15908 ds IGLF : gens deliquatz et norris deliquatement, legiers a eslever et tantost tanés); 2. 1492 « d'une qualité, d'un raffinement propres à satisfaire un goût exigeant (d'une chose) » (G. Tardif, Faulconnerie ds DG : viande bien délicate); 3. av. 1539 « d'aspect élégant, gracieux » (P. Gringore, Œuvres, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, t. 1, p. 202 ds IGLF : Sottes gayes, delicates, mignottes); 4. av. 1544 « d'une grande finesse d'exécution » (Cl. Marot, Métamorphoses d'Ovide, II, p. 75, éd. 1596 ds Gdf. Compl. : ouvrages delicats); 5. 1549 « sensible aux moindres impressions physiques » (Du Bellay, Deffense et Illustration de la Langue Françoyse, éd. H. Chamard, p. 118 ds IGLF); 6. av. 1592 « qui présente des nuances subtiles; difficile à apprécier, à exécuter » ici, en parlant de la recherche de la vérité (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, Pléiade, 1. II, chap. 10, p. 461). B. 1. 1567 péj. « d'une sensibilité excessive en matière de goût, de plaisir » (Amyot, Démétr., 3 ds Littré : delicat en son vivre); 1616-20 « doué d'une grande sensibilité » (d'Aubigné, Hist. univ., II, 337, ibid. : il rendit comme en extase les plus delicats de ses auditeurs); 2. av. 1592 « scrupuleux » (Montaigne, Essais, 1. I, chap. 26, éd. A. Thibaudet, Pléiade, p. 188 : qu'on le rende [l'enfant] delicat au chois et triage de ses raisons). Empr. au lat. class. delicatus « attrayant, voluptueux, élégant, fin, de goût difficile, etc. », dér. de deliciae (délices*); a éliminé en ces sens les plus anc. deugié, delié* ainsi que delicatif (attesté dep. la fin du xives., cf. T.-L. et Gdf.). Le mot est déjà attesté au xives. en anc. gasc. : viandes deliquades ds Arch. munic. de Bayonne, 295 d'apr. K. Baldinger ds R. Ling. rom., t. 20, p. 80. Fréq. abs. littér. : 4 661. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 219, b) 7 914; xxes. : a) 8 043, b) 5 437. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 159. − Gottsch. Redens. 1930, p. 175.