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DEGRÉ, subst. masc.
A.− Domaine littér.
1. Marche d'escalier. Gravissant degré par degré l'escalier (Giraudoux, Amphi. 38,1929, I, 2, p. 22):
1. Dom Étienne salua l'autel, monta ses degrés, s'assit dans un fauteuil de velours rouge, installé sur la plus haute marche. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 204.
2. Évariste Gamelin monta l'escalier antique jusqu'au quatrième et dernier étage, où il avait son atelier avec une chambre pour sa mère. Là finissaient les degrés de bois garnis de carreaux qui avaient succédé aux grandes marches de pierre des premiers étages. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 11.
P. méton. Escalier. Un large perron à double degré descend sur un jardin en terrasse (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 115).Un degré de bois appuyé au mur (...), ni plus ni moins que l'escalier d'un meunier (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 224).
2. P. anal.
a) Échelon. L'échelle de Jacob avec un ange à chaque degré (Flaub., Tentation,1849, p. 420).
b) Niveau d'un terrain s'étageant en hauteur. Les derniers degrés des montagnes noires de l'Anti-Liban (Lamart., Destinées poésie,1834, p. 397).
Cantique des degrés. Un des Psaumes chantés par les pèlerins juifs montant à Jérusalem (cf. Marcel 1938). Synon. usuel cantique des montées.Les Lévites redisoient en chœur le cantique des degrés (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 189).
SYNT. Degrés de marbre, de pierre; degrés du perron, du trône; les degrés conduisent, montent; descendre, franchir, monter les degrés; au bas des degrés.
B.− P. ext. Unité de mesure.
1. Domaine de la température.Division d'une échelle servant à mesurer la température; p. méton., intensité de la chaleur correspondant à cette division. Degré centigrade. Une chaleur d'environ trente deux degrés de Réaumur (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 127).Température (...) de 54 degrés Fahrenheit (Green, Journal,1944, p. 116):
3. ... tout s'est calmé et le matin la fièvre est tombée à 38 degrés 6, le soir à 38 degrés 5 (...) et ce matin à 37 degrés 4, ce qui est la température presque normale. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1911, p. 288.
Degré de feu. ,,Le point où il faut que le feu soit poussé pour l'opération que l'on se propose`` (Ac. 1798-1932).
2. P. anal.
a) ASTRON., GÉOGR. et GÉOM. Unité d'angle qui vaut 1/360ede la circonférence (symbole usuel o). Degré sexagésimal. Le riz (...) cesse au nord du 32edegré de latitude (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 144).Elle [la lumière] s'étalait en largeur sur cent cinquante degrés de ciel (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 43).Je tiens mon cap à un degré près (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 284):
4. À ce point de 135 degrés de longitude et 32 de latitude, les deux frégates se sépareront. La première s'élèvera jusqu'au parallèle intermédiaire entre 16 et 17 degrés, et s'y maintiendra depuis le 135ejusqu'au 150eméridien à l'ouest de Paris, d'où elle fera route pour l'île d'O-Taïti. L'intervalle du 16 au 17edegré de latitude, sur un espace de 25 degrés en longitude, n'ayant été visité par aucun des navigateurs modernes (...), il est vraisemblable que le bâtiment qui suivra la direction ci-dessus tracée, rencontrera des îles nouvelles... Voyage de La Pérouse,t. 1, 1797, p. 17.
b) MUS. Chacun des sons de l'échelle musicale. Degré conjoint, disjoint. Synon. note.Les basses, ne chantant plus que sur les degrés élevés de leur échelle (Berlioz, À travers chants,1862, p. 101).
Au fig. Tous les degrés, toutes les notes de la gamme politique (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 3, 1818-69, p. 851).
c) PHYS. et CHIM.
Intensité relative d'un phénomène; son évaluation dans une échelle de mesure. Degré géothermique, hygrométrique :
5. Il est constant que les phénomènes de la vie exigent, pour se manifester, un ensemble de conditions externes et notamment un certain degré de température et d'humidité, une certaine quantité de nourriture, une certaine tension d'oxygène. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 101.
Densité d'une concentration. Degré de concentration. Le degré de salure de presque toutes les mers (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 179).
En partic. [Dans un alcool ou un vin] Teneur en alcool; proportion d'alcool pur, exprimée en cm3par rapport à 100 cm3de mélange. Degré alcoolique. Le pastis le moins cher et le meilleur de toute la rive gauche : un vrai 45 degrés (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 30).Le degré et le velouté de l'eau-de-vie de framboise (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 14).
C.− Emplois fig. [Avec une idée de progression p. rapp. à un point de départ]
1. [À l'intérieur d'une succession d'états réels ou virtuels]
a) [L'accent est mis sur la hiérarchie au sein d'une échelle de valeurs] Niveau, position à l'intérieur d'un ensemble hiérarchisé. Synon. classe, échelon, grade, rang.Tous les degrés de l'échelle vivante (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 970):
6. C'est que cette complication apparente n'est, en effet, qu'une juxta-position de simplicités réelles, dont chacune offre à l'esprit un degré, un échelon, une branche, à l'aide desquels il arrive au sommet, en sautant et en se jouant. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 459.
En partic. [À l'intérieur d'un corps soc.]
ARMÉE, vieilli. Grade militaire. Cette échelle de grades dont chaque degré nous coûtait huit ans à gravir (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 128).
ÉGLISE. Rang dans l'Église. Synon. ordre.Il [Lancelot] ne fut jamais prêtre (...) : il s'arrêta au degré de sous-diacre (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 443).
ENSEIGN., vieilli. Titre, diplôme universitaire. L'on me demande (...) où sont mes titres, (...) j'ai pris mes degrés à l'école de Plutarque (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 369).Le degré honoraire de docteur-ès-lettres (Barrès, Cahiers,t. 11, 1917-18, p. 375).
JURISPR. Degré de juridiction. Place d'un tribunal dans l'ordre hiérarchique des juridictions devant lesquelles on peut appeler une même affaire. Le principe du double degré de juridiction offre la garantie de pouvoir obtenir un second examen des affaires (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 47).
b) [L'accent est mis sur la progression vers un terme] Étape d'une évolution; intensité relative d'un état (sentiment, qualité, faculté, etc.). Synon. point, stade.Il suffit d'un très petit degré d'espérance pour causer la naissance de l'amour (Stendhal, Amour,1822, p. 12).Le plus haut degré de civilisation s'exprime par le fait que charité est devenu synonyme d'humanité (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 475):
7. le démon. − L'esprit du mal Est né dans tout homme qui est né. Et d'abord, cédant à la douceur nouvelle De faire mal, il succombe : tel est le premier degré. L'habitude se forme, et par le second degré, établi dans sa connaissance et dans sa volonté, Il pèche, sachant ce qu'il fait, et ce degré est appelé l'Inclination. Et voici le troisième degré : et celui qui l'a atteint Est mûr entre les hommes, et n'ayant plus rien à apprendre de moi déjà, Il est digne d'une demeure plus basse : Le mal Ni ne lui cause plus de plaisir, ni ne lui rapporte profit. Claudel, Le Repos du septième jour,1901, II, p. 823.
8. ... ce n'est pas en élargissant la cité qu'on arrive à l'humanité : entre une morale sociale et une morale humaine la différence n'est pas de degré, mais de nature. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 31.
PATHOL. Stade de l'évolution d'une maladie ou d'une lésion. Le dernier degré de la maladie produit une sorte de fureur (Cabanis, Rapp. phys. mor.,t. 1, 1808, p. 467).La carie du deuxième degré atteint la dentine (Quillet Méd.1965, p. 177).
En partic. [Dans le cas d'une brûlure] La cuisse brûlée au troisième degré (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 91).
c) P. méton. État intermédiaire. Synon. gradation, nuance.D'étranges degrés, des variétés et des phases ineffables (Valéry, Variété I,1924, p. 205):
9. Et Liebknecht dit avec raison qu'il y aura des degrés, des nuances, des modalités sans nombre dans cette participation du socialisme au pouvoir. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 58.
10. ... l'on conçoit des degrés infinis dans toute la nature, et des degrés infinis en nous, conscience, subconscience, inconscience; et ces derniers degrés, les plus obscurs, conduisent même à dire qu'on peut avoir des pensées sans savoir qu'on les a, ... Alain, Propos,1928, p. 812.
SYNT. Degré d'abstraction, d'attention, de certitude, de complication, de confiance, de connaissance, de conscience, de culture, de développement, d'énergie, d'évidence, d'évolution, d'exaltation, de force, de généralité, d'importance, d'incertitude, d'intensité, d'intimité, de liberté, de misère, de puissance, de perfection, de perfectionnement, de précision; degré avancé, élevé, éminent, moindre; faible, haut degré; différence de degrés; degrés intermédiaires, insensibles, successifs, variables.
Loc. fig.
À aucun degré. D'aucune sorte, nullement. Odette n'était à aucun degré une femme remarquable (Proust, Swann,1913, p. 271).Au dernier degré. Au maximum, au plus fort. L'irritation de tous les Anglais contre Napoléon était au dernier degré (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 887).Au même degré. De la même manière, pareillement. La responsabilité des trois accusés a été engagée au même degré (Gide, Souv. Cour d'ass.,1913, p. 660).Au plus haut, au suprême degré. Au plus haut point, extrêmement. MmePaulin m'avait agacé au suprême degré (Frapié, Maternelle,1904, p. 170).
De degré(s) en degré(s). Progressivement, graduellement. De degré en degré, des collines partant de la plaine s'élevaient (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 288).
Par degré(s). D'une façon progressive, graduellement. Ce ciel qui par degré se peint d'un gris obscur (Michaud, Printemps proscrit,1803, p. 105).Ce lien, se contractant progressivement, bandait par degrés leurs muscles pour la lutte (Pergaud, De Goupil,1910, p. 113).Apparaître peu à peu, par degrés (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1135).
Au second, au troisième degré; du second, du troisième degré (pour traduire l'intensité ou l'éloignement). Narcisse (...) est malade d'exagération au troisième degré (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1837, p. 525).Un naturel plus profond, un naturel au deuxième degré que m'offrait son sommeil (Proust, Prisonn.,1922, p. 71).Des témoignages du second, du troisième degré, des dires de dires (Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 122).Un souvenir au second, au troisième degré (Durry, Nerval,1956, p. 13).
2. [À l'intérieur d'un système organisé, sans réf. à une échelle de valeurs]
a) DR. et GÉNÉALOGIE. [L'image est celle de la place sur un arbre généalogique] Distance entre deux parents par rapport à la ligne qui leur est commune. Un amour du sang plus prononcé encore que le degré de notre parenté (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 384).Tous les cousins du premier degré sont conjoints prohibés (Lévy-Strauss, Anthropol. struct.,1958, p. 163).Degré prohibé. Degré de parenté entraînant notamment un empêchement dirimant. Degré de noblesse. Distance d'une génération à une autre, à partir de la première personne anoblie dans la famille. Synon. usuel quartier.
b) [L'image est celle de la place sur une échelle d'intensité croissante ou dans un ensemble progressif]
ENSEIGN. Division administrative. Un établissement du premier, du second degré (Encyclop. éduc.,1960, p. 367):
11. ... nous avons subi l'imprégnation de nos parents; et de nos maîtres du premier degré; et de nos maîtres du deuxième degré. Mais (...) nous n'avons subi aucune imprégnation de nos maîtres du troisième degré. Péguy, L'Argent,1913, p. 1136.
LING. Degré de comparaison*, de signification*. Positif, comparatif et superlatif de l'adjectif et de l'adverbe. Degré de motivation*. Degré zéro (dans le cas d'une description structurale). Absence pertinente d'un trait formel ou sémantique dans une unité du système décrit. Remarquable essai [de Roland Barthes] intitulé « Le degré zéro de l'écriture » (Langage,1968, p. 456).
c) MATH. et STAT. [L'image est celle d'une succession et d'une complexité croissante] Degré d'un polynôme. ,,Exposant le plus élevé d'un polynôme`` (Sc. 1962). Équation du 1er, du 2edegré. Équation dont l'inconnue est à la première, à la seconde puissance. Les beautés de l'équation du second degré (Valéry, Variété II,1929, p. 113).Équations de degré supérieur à quatre (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 11).Degré de liberté. ,,Excès du nombre de paramètres sur le nombre d'équations ou des relations qui régissent un système`` (Commun. 1971). Un tel solide comprendrait en effet un petit nombre de degrés de liberté (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 159).Degré d'approximation, degré quelconque.
Prononc. et Orth. : [dəgʀe]. Littré condamne la prononc. [degʀe] qui, d'après lui, s'entend souvent (cf. Ac. 1798 qui note également la prononc. et l'orth. dégré). Mart. Comment prononce 1913, p. 170, signale la même tendance pour vedette, besicles, et note que cette tendance a été surmontée pour senestre, gelinotte, frelon, refléter. Étymol. et Hist. A. a) Ca 1050 « escalier » (Alexis, éd. Chr. Storey, 218); b) ca 1100 « marche d'escalier » (Roland, éd. J. Bédier, 2840). B. 1. Ca 1120 « niveau intermédiaire dans l'échelle sociale, professionnelle, des honneurs » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 173); 2. ca 1220 « degré de parenté » (G. Le Clerc, Tobie, 1415 ds T.-L.); 3. 1379 « niveau » (J. de Brie, Le bon berger, éd. P. Lacroix [Jacob], p. 13 : degré de science); 4. entre 1496 et 1507 enseign. « grade, diplôme » (J. Molinet, Recollection de merveilleuses advenues, 92 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 288); 5. 1549 dr. « place d'un tribunal dans la hiérarchie des juridictions » (Est.); 6. 1771 degré de noblesse (Trév.); 7. 1792 enseign. « division dans l'enseignement » (Condorcet, Organ. Instr. publ. ds Œuvres, t. 7, p. 453 : nous avons distingué cinq degrés d'instruction). C. 1. a) Ca 1265 géom. astron. (B. Latini, Li livres dou tresor, I, 112, éd. F. J. Carmody, p. 98); b) 1585 géogr. (Noël Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 52); 2. [1624 (J. Leuréchon, Récréation mathématique, 99 ds NED, s.v. thermometer : Thermomètre ou instrument pour mésurer les degrez de chalour ou de froidure qui sont en l'air)]; 1685 métrol. « division d'un thermomètre ou d'un baromètre » (Fur.); 3. 1694 mus. (Corneille); 4. 1814 distill. (Nysten, s.v. alcool). D. 1. xives. gramm. (Ms. Paris Bibl. Maz. 578 fo41 vods Thurot, p. 168); 2. 1580 « force, intensité (d'une qualité, d'un sentiment) » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre II, chap. XIII, p. 687 : degré de fermeté); 3. 1691 alg. (Ozanam, Dict. math. ds Quem. Fichier); 4. 1800 méd. « phase d'une maladie » (Geoffroy, Méd. prat., p. 280); 5. 1823 méd. « gravité d'une brûlure » ([L. Jacques], Dict. des termes de méd., chir., etc., Paris, s.v. brûlure [6 degrés de gravité selon G. Dupuytren]). Composé du lat. gradus avec préf. dé-*, peut-être d'apr. degradare (dégrader*). Cette forme préfixée, qui était répandue dans le centre et l'ouest de la France, s'est imposée aux dépens de gré (répandu de la Wallonie jusqu'en fr.-prov.), prob. en raison de la rencontre phonét. de ce dernier avec gré* (< gratus); (FEW t. 4, p. 207 b, s.v. gradus). Gradus avait en lat. class. les sens « pas, marche (d'un escalier); hiérarchie, degré dans les magistratures, degré de considération; degré dans l'échelle des sons »; en b. lat. : « degré d'une circonférence (astron.); degré de parenté, degré de signification (gramm.) »; en lat. médiév. « degré universitaire » (1254, Chart. Univ. Paris., I, 259, no231 ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 7 594. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 556, b) 9 081; xxes. : a) 6 686, b) 8 427. Bbg. Gohin 1903, p. 334, 357. − Porteau (P.). Deux ét. de sém. fr. Paris, 1961, 88 p. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 27.