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DÉDIER, verbe trans.
I.− [L'idée dominante est celle de service demandé et/ ou offert, et dépassant le niveau ordinaire de la vie]
A.− Domaine relig., cultuel et rituel.[Le destinataire est un être surnaturel]
1. Vx. [Sans compl. ind. exprimant le dédicataire] Consacrer au culte un monument religieux. Dédier une église, une chapelle, un autel (Ac.1798-1932).
2. [Gén. avec un compl. introduit par la prép. à désignant le dédicataire] Consacrer en plaçant sous l'invocation d'une divinité, sous le patronage d'un saint ou d'une sainte, en vue de leur protection spéciale.
a) [L'obj. désigne un édifice, un autel] :
1. Cependant ce maître eut la modestie de refuser la dédicace du temple, et Agrippa se vit obligé de le dédier à tous les dieux de l'Olympe pour remplacer le dieu de la terre, la puissance. Staël, Corinne,t. 1, 1807, p. 151.
b) [L'obj. est personnel] Une jeune fille en se mariant dédiait à Vénus sa ceinture virginale (Chénier, Bucoliques,1794, p. 282).Quand un navigateur antique avait fini sa course, il tirait le vaisseau sur le rivage et le dédiait à la divinité du lieu, à Neptune sauveur (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 315).
P. métaph. Dédier au soleil leur naissante verdure (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 74).Ils ont quelque part, dans un coin secret de leur vie, un autel dédié à la souffrance (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 941).
3. [P. anal. de l'obj.] Dédier un arbre à qqn. Je dédie aux dents blanches d'Ève Tous les pommiers de mon verger (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 67).
B.− Domaine relig. ou profane
1. Domaine de la vie spirituelle ou morale.Engager ses forces (morales, spirituelles ou matérielles) au service d'une valeur estimée très haute.
a) [L'acte spirituel ou moral est de nature relig.] Vie dédiée au service de Dieu. Splendeur irrésistible, que rien ne peut arrêter parce qu'elle est tout entière dédiée au service de Dieu (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 178).
Emploi pronom. réfl. S'offrir à Dieu pour le servir en se mettant sous sa protection. Elle renonça à Charles pour toujours, et elle prononça ces mots à voix basse, en s'agenouillant : « ô mon Dieu! C'est donc à vous que je me dédie! » (Balzac, Annette,t. 1, 1824, p. 140).
P. ext. Les buts religieux auxquels il s'est dédié (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 132).
b) [L'acte spirituel ou moral est de nature profane]
[Le destinataire est une pers.] Ce vain amour que Jacques Malessert lui [Irène] avait dédié (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 177).
Emploi pronom. réfl. Le plus beau ce fut lorsque je pus penser « je suis à toi » et me dédier à cette femme, qui allait apparaître par la petite porte du boudoir (Jouve, Scène capit.,1935, p. 243).
[Le destinataire est une chose] Bien jeune encore, M. Dubois dédia sa vie aux arts et aux lettres (A. France, Vie fleur,1922, p. 157).La dialectique marxiste (...) accapare une partie de l'attention que nous devrions dédier à une autre dialectique active (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 154).
2. Domaine de l'action.[L'obj. désigne une chose concr. ou abstr.; le dédicataire est une pers. ou une entité plus ou moins personnifiée] Mettre au service de quelqu'un ou de quelque chose pour lui faire honneur, pour lui venir en aide... Quelque chapitre dédié à l'amour (...) un chapitre tout aveuglé d'amour (Colette, Naiss. jour,1928, p. 11).La fête, dédiée aux enfants réfugiés de Madrid (Malraux, Espoir,1937, p. 791).Un hiver que j'ai dédié d'avance au bonheur de vivre (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 40):
2. Il devait, sans l'oser dire, éprouver quelque chose, une vague tendresse secrète pour Lise. Il planta un arbre, dans le jardin, une bouture de marronnier qu'il lui dédia, comme un souvenir de lui. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 389.
II.− Usuel. [L'idée dominante est celle de l'honneur rendu]
A.− [Le compl. d'obj. désigne une œuvre littér. ou artist.; un compl. indir. indique ordinairement le dédicataire] Mettre sous le patronage de quelqu'un que l'on souhaite ainsi honorer par une inscription imprimée ou gravée. Je n'ai point oublié (...) l'engagement que j'ai pris de vous dédier ce conte (Genlis, Chev. cygne,t. 1, 1795, p. V).Leopardi dédie ses premiers vers à Monti (Michelet, Journal,1854, p. 272).Sonate op. 2 no2 de Beethoven. − Dédiée à J. Haydn (D'Indy, Compos. mus., t. 2, 1897-1900, p. 328).
SYNT. Dédier une comédie, un sonnet, une traduction, une thèse, un monument, un bas relief; dédier (une œuvre) à son père, à ses enfants, à un prince, au roi.
B.− P. anal. et souvent iron. [L'obj. désigne un signe, une parole, une expression...] Adresser, envoyer dans une intention précise (indiquée ou suggérée par le contexte), parfois en mauvaise part. [Les] ormes de mon pays peuvent crever (comme ils font tous) sans que je leur dédie une larme (Mauriac, Journal2, 1937, p. 116).Une mauvaise humeur dédiée à sa sœur aînée (Colette, Chambre d'hôtel,1940, p. 170).Perrault, vexé, lui dédia un mauvais regard (H. Bazin, Vipère,1948, p. 70).
Prononc. et Orth. : [dedje], (je) dédie [dedi]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. : formes du verbe dédire. Étymol. et Hist. Ca 1130 « consacrer quelque chose » (Couronnement Louis, 28 ds T.-L. : Li mostiers fu dediez); 1568 (R. Garnier, Dédicace de Porcie au Roy, éd. W. Foerster, p. 8). Empr. au lat. class. dedicare « consacrer (un temple, un lieu) » et « dédier (un livre à quelqu'un) », la chute du -c- p. anal. avec les verbes en -ficare, cf. édifier. Fréq. abs. littér. : 598. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 631, b) 959; xxes. : a) 1 087, b) 832. Bbg. Quem. Fichier.