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DÉCORER, verbe trans.
A.− [P. réf. à décor A et décoration A]
1. [Gén. avec une idée d'intention marquée, de recherche] Orner, parer, agrémenter de décors ou de décorations un édifice, un appartement, une pièce d'ameublement, etc.
a) [Le suj. désigne une pers.] Garnir d'accessoires destinés à embellir ou à être un élément d'embellissement. Décorer un appartement, un édifice. Décorer les couvertures de leurs dictionnaires de dessins ingénieux à l'encre (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 101).Décorer les façades de pilastres, d'ornements de toute provenance (Viollet-le-Duc, Archit.,1872, p. 319).
Spéc., ART CULIN. Une nouvelle manière de décorer la table avec des guirlandes de fruits (Proust, Guermantes 2,1921, p. 457):
1. Les tables de 24 à 40 couverts n'étaient point rares. On les décorait suivant un rite immuable. Je copie... « Pour le milieu, un surtout, garni (...). Pour les quatre coins, quatre buissons, montés à fond crud... etc. » Je ne soulignerai pas l'abondance « de cette garniture et de ces enjolivements » du dessert, ni la richesse de tant de pièces de métal ciselé et de porcelaines fines... Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 115.
b) [Le suj. désigne des obj. qui servent à la décoration] Servir d'ornement à, être l'ornement de. (Quasi-) synon. agrémenter, enjoliver, enrichir.Les portraits qui décoraient les murs du salon (Sandeau, Sacs,1851, p. 37).Les figures mythologiques, les animaux chimériques qui décorent les montants des meubles sous la Renaissance et l'Empire (Viaux, Meuble,1962, p. 11).
Emploi pronom. passif. Les murs se décoraient d'un lambris en bois des îles, espèce de luxe alors dans sa nouveauté (Sainte-Beuve, Portraits littér.,t. 2, 1844-64, p. 283).
Rem. On rencontre dans la docum. a) l'emploi adj. du part. prés. décorant, ante, au sens de « qui décore, sert à orner, embellir ». La 3esérie de matières décorantes [céramiques] comprend les métaux (A. Brongniart, Traité des arts céramiques, 1844, p. 504); b) l'adj. décoratoire. Qui se rapporte à la décoration ou qui a une valeur de décoration (v. ce mot A). L'artiste [Hubert Robert] (...) le crayonneur agréable, l'aquarelliste à l'aquarelle à la fois délicate et décoratoire (E. de Goncourt, La Maison d'un artiste, 1881, p. 142). La cervelle d'un artiste occidental, dans l'ornementation d'une assiette ou de n'importe quoi, ne conçoit et ne crée qu'un décor placé au milieu de la chose, un décor unique ou un décor composé de deux, trois, quatre, cinq détails décoratoires (Goncourt, Journal, 1884, p. 334).
2. P. anal. [Gén. sans idée d'intention, de recherche] Parer, rendre plus beau, plus éclatant par des moyens concrets, à effet décoratif. L'espèce d'amphibie auquel appartenait cette tête conique à gros yeux, que décoraient des moustaches à longs poils soyeux (Verne, Île myst.,1874, p. 149).Quelques nuages décorent le ciel de leurs fresques légères et charmantes (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 70).
Emploi pronom. passif, poét. Ce chêne ne se décore plus de son propre feuillage (Chateaubriand, Œuvres complètes,t. 16, René, Paris, Ladvocat, 1826 [1805], p. 155).
3. P. métaph. Rehausser quelqu'un ou quelque chose par des qualités d'ordre moral. Ta jeune sœur que la pudeur décore (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 117).L'enfant que sa grâce innocente décore (Samain, Chariot,1900, p. 57):
2. Il y a un mois, je ne savais pas au juste à qui je voulais plaire, mais je savais que cette personne viendrait. C'est pour honorer sa venue que je décorais de gloire toute ma vie, que je faisais de ma vie un beau palais qu'elle viendrait habiter. Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 140.
B.− [P. réf. à décor A 2 p. anal. rem. et décoration B]
1. Remettre une décoration à quelqu'un en marque d'honneur. Décorer un héros, un soldat; décorer qqn de la Légion d'honneur ou absol. décorer. Ceux qui tenaient encore les yeux ouverts faisaient le rêve (...) qu'ils étaient des braves et qu'on les décorait (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 247).
P. ext. Honorer quelqu'un d'un titre, d'une dignité. Décorer du titre de comte. On vous décorera de tous les ordres imaginables, on vous sanglera de tous les cordons fameux (Bloy, Journal,1907, p. 353).
2. P. métaph., péj. Décerner abusivement à quelqu'un ou à quelque chose une distinction imméritée. Les petites règles tatillonnes de politique prudente, que le monde décore du nom de morale (Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 267).
Emploi pronom. Se décorer du titre de savant. Des gens froids, privés d'imagination, dont l'impuissance se décore du vain nom de raisonnables (Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 2, 1817, p. 57):
3. Je ne citerais même pas comme appartenant probablement au genre romantique les ouvrages que je viens de vous rappeler, si la plupart de ceux qui les ont faits ne se décoraient dans le monde du beau nom d'écrivains romantiques avec une assurance qui doit vous désespérer. Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 2, 1825, p. 73.
Prononc. et Orth. : [dekɔ ʀe], (je) décore [dekɔ:ʀ]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1350 « honorer » (G. Le Muisit, Poésies, I, 214 ds T.-L.) − xvies., Paré ds Littré; b) 1795 « remettre à quelqu'un une décoration » (S. de Genlis, Les Chevaliers du cygne, t. 3, p. 351); d'où 1812 décoré adj. « qui porte une décoration » (Jouy, Hermite, t. 2, p. 261); 1832 subst. (Musset, Chronique de la quinzaine ds Revue des Deux-Mondes, 14 déc., p. 736); 2. 1370 décorer « pourvoir d'accessoires destinés à embellir » (N. Oresme, Ethiques, 24 ds Gdf. Compl.); 1563 « embellir quelque chose (en parlant d'objets) » (B. Palissy, Recepte veritable, p. 98); 1767 « couvrir d'une apparence trompeuse » (Voltaire, Triumv., III, 1 ds Littré). Empr. au lat. class. decorare, au propre « orner, parer », au fig. « honorer ». Fréq. abs. littér. : 580. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 065, b) 912; xxes. : a) 918, b) 514. Bbg. Duch. Beauté. 1960, pp. 90-93.