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DES3, DE3, art. indéf. plur.
I.− [Devant des noms communs]
A.− [Plur. de un, une, pour marquer la pluralité indéf.]
1. [Il peut s'agir d'une indéfinition pure et simple] Des + subst. ou mot substantivé; de, si le subst. est précédé d'un adj. ne formant pas expression avec lui.Des bois sculptés, des marbres, des porcelaines. Tu auras des enfants, je leur apprendrai à nager et à ramer (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 289).Ne viennent plus que des habitués de quartier, de petites gens qui se saluent comme sur un mail de province (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 3).
− Mais :des grands-pères, des bons mots, des petits pois. Un marchand chinois avait accroché des petits pâtés aux pointes des barbelés (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 195):
1. Si l'on vient à songer aux mille formes que prend à Paris la corruption, parlante ou muette, un homme de bon sens se demande par quelle aberration l'État y met des écoles, y assemble des jeunes gens, comment les jolies femmes y sont respectées, comment l'or étalé par les changeurs ne s'envole pas magiquement de leurs sébiles. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 139.
2. [Avec une nuance de précision éventuellement possible, mais intentionnellement non donnée] Synon. certains.Possoz tira une liste de son sous-main, murmura des noms (Malraux, Cond. hum.,1933p. 295):
2. Des savants prétendent que la chaleur animale se développe par les contractions musculaires, et qu'il est possible en agitant le thorax et les membres pelviens de hausser la température d'un bain tiède. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 66.
En partic.
a) [L'indéfinition peut servir à suggérer l'idée d'échantillon d'une catégorie] Deux employés du métro, des garçons très gentils (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 217):
3. Presque tous les jeunes criminels qui, ces derniers mois, ont comparu devant le jury de la Seine étaient des drogués. Mauriac, Journal 1,1934, p. 8.
Rem. Dans la lang. parlée fam. ou chez les écrivains qui l'imitent, des est souvent employé pour de, parfois avec la nuance de certains. Pourquoi des jeunes compositeurs se détournaient de Beethoven (Bloch, Dest. du S., 1931, p. 16). En partic. dans une énumération :
4. Il eut des danseuses qui le tutoyèrent, des bourgeoises qui lui dirent, mon prince; des grandes dames qui voulaient pécher sans déchoir. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 40.
b) [Quand il s'agit de parties du corps, l'indéf. peut remplacer l'adj. possessif normalement attendu, mais évité pour exprimer la catégorie au détriment de l'appartenance] Elle reporta du côté de Trophime de beaux yeux noirs baignés de toutes les ondes du ciel (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. 118).
B.− Emploi emphatique, fam. [Avec une nuance de quantité importante, quoique indéf.]
1. [Le subst. désigne une chose dont la quantité dépasse la norme; il se dégage du contexte une nuance d'impatience ou d'étonnement] Durant des heures, de longues heures. Il avalait des litres d'eau (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 207).Des fatigues de tête, (...) qui se prolongeaient des jours, des semaines, des mois (Gide, Si le grain,1924, p. 429).
a) [L'emphase peut être renforcée par la répétition] Elle prierait des années et des années en songeant à moi (Erckm. Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 130).
b) [Le subst. peut être remplacé par une proposition rapportée au style dir.] [Brandès] nous jetait des : Madame dit..., à mourir de rire par leur indignation (Goncourt, Journal,1896, p. 1004).
2. [Exprimant la même nuance, le subst. est précédé d'un nombre indiquant une quantité relativement importante]
a) [Le subst. est gén. au plur.] Travailler des quinze, seize heures par jour. On lui rendait des dix francs et des quinze francs (Zola, Joie de vivre,1884, p. 902):
5. ... j'ai vu des gueux pareils, qui ressemblaient à de vieux juifs jaunes et décrépits, arrêter des dix, quinze, vingt soldats, et les emmener comme des moutons! Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 214.
b) Très fam. [Le subst. est au sing.] Il y a des endroits où vous avez jusqu'à des un mètre, un mètre cinquante d'eau (Romains, Hommes bonne vol.,t. VII p. 164 ds Rob.).
Rem. 1. Dans les cas énumérés de B 2, des ne peut jamais être remplacé par de. 2. C'est ce des que l'on rencontre dans la loc. bien des + plur. Bien des choses de ma part. Annonciateur de bien des dieux de demain, Romain Rolland (...) nous annonce aujourd'hui la découverte d'une nouvelle nappe souterraine, l'océan mystique de l'Inde moderne (Bloch, Dest. du S., 1931, p. 157). 3. Dans des fois, des a pris dans la lang. pop. la valeur distributive de parfois. Des fois il gelait, des fois il faisait chaud (Zola, Germinal, 1885, p. 1382).
3. Pop. Des suivi d'une loc. substantivée et prenant de ce fait une valeur de pronom indéf. exprimant une catégorie. Synon. certains, certaines personnes.Je ne voudrais pas te voir comme des que nous connaissons, qui ne demandent qu'à balocher (La Petite lune,1878-79, no2, p. 2).T'en connais beaucoup, des comme elle? (M. Stéphane, Ceux du Trimard,1928, p. 120).
II.− [Devant des noms propres de personnes]
A.− P. méton. [Pour marquer un nombre indéf. d'exemplaires d'œuvres d'un artiste] Des Corot, des Rembrandt, des Picasso. Aux murs, des Picasso de la période rose (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 257).
B.− [Pour marquer la caractérisation]
[Sert à désigner un nombre indéf. d'individus appartenant à une famille ou à une collectivité] Des Bourbons :
6. − Allez-vous rentrer dans vos tanières, vauriens! − De la tenue, ma chère, de la tenue! répète sans arrêt M. Rezeau. Les cris n'avancent à rien. Nous sommes des Rezeau, que diable! H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 196.
P. anal. [Le nom qui suit exprime un « type », un personnage incarnant un caractère ou un genre] Vous tombez au pessimisme... Oui, c'est la maladie de la fin du siècle, vous êtes des Werther retournés (Zola, Joie de vivre,1884, p. 993).La France formait des Renoir, des Pascal, des Pasteur (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 367).
Prononc. et Orth. : [de]. La prononc. [dε] n'est plus le fait que de professeurs de diction (surtout du xviiieet du xixes.) pour lesquels la prononc. en [ε] ouvert sert à distinguer des homon. du type des agréments/désagrément, des espoirs/désespoir (cf. Buben 1935, § 4). Fér. 1768 condamne comme fautive la prononc. [də] avec [ə] muet devant voyelle : des amis [dəzami]. Il s'agit d'une tendance répandue du xviieau xviiies. (cf. Buben, loc. cit.). En ce qui concerne la liaison, on la fait devant voyelle y compris devant le nom d'une voyelle : des˘arbres, des˘i, et devant h non aspiré d'orig. lat. : des˘hameçons, des˘hiéroglyphes, des˘hiatus, mais non devant consonne : des/lys, ni devant h aspiré germ. : des/héros, des/haches, des/hallebardes, etc. On ne la fait pas non plus devant uhlans : des/uhlans qui s'écrivait avec h, ni devant l'exclam. ah! : des/ah! d'admiration dans laquelle il s'agit d'une voyelle subséquente sur laquelle on attire l'attention (cf. Fouché Prononc. 1959, pp. 339-340). Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. d (lettre), dé. Étymol. et Hist. Ca 1150 (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2202 : Si li tendoit des blanches flors). Art. partitif des, formé de de* + les. Fréq. abs. littér. : 799 818. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 191 687, b) 1 155 698; xxes. : a) 1 167 926, b) 1 063 000. Bbg. Le Bidois (R.). Au secours du bon lang... Vie Lang. 1955, pp. 268-269.