| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉVASTÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de dévaster*. II.− Emploi adj. Qui a subi une dévastation*. A.− [Correspond à dévaster A] 1. [En parlant d'un lieu, avec ses richesses naturelles ou créées par l'homme] Qui a été détruit ou gravement endommagé. La reconstruction, le relèvement, la remise en état des régions dévastées; la reforestation d'immenses territoires dévastés. Synon. désert, détruit, ravagé, (en) ruines, saccagé.Israël au milieu de ses champs dévastés et de ses citernes sèches (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 79): 1. Ce temps est venu où il faut prouver à nos adversaires que les institutions de la liberté n'empêchent pas un pays, aussi ruiné par la guerre et par l'occupation ennemie, aussi dévasté que nous le sommes, de retrouver sa force.
Mauriac, Bâillon dénoué,1945, p. 417. − P. métaph. Les ruines d'un passé fraîchement dévasté (Sand, Elle et lui,1859, p. 275).L'édifice énorme des ancêtres en ruine et dévasté (Faure, Hist. art,1914, p. 468). 2. P. anal. [En parlant de la nature] Dépouillé, dénudé. Des champs de blé, des cultures du Nord; tout cela dévasté, abandonné, désert (Loti, Fleurs d'ennui,1882, p. 47).Sur les pelouses mornes, les arbres dévastés, en forme de fourche, piquaient le ciel (Noailles, Nouv. espér.,1903, p. 3). − [En parlant d'un lieu créé par l'homme] Qui présente un aspect de désordre ou de vide, consécutif à une dévastation. Synon. défait, désert, (en) désordre, nu, vide.Pendant les jours de déménagement, Riquet errait tristement dans l'appartement dévasté (France, Bergeret,1901, p. 16): 2. Joseph (...) s'arrache à cette démente grande ouverte, dont le mouvement d'emportement entraîne, avec la lourde chair, toute la masse molle de son lit, dévasté, déversant le désordre de ses linges.
Valéry, Variété V,1944, p. 190. B.− [Correspond à dévaster B; en parlant de l'être humain] Au fig., vieilli ou littér. Synon. détruit, ravagé. 1. Qui a subi la dévastation d'une force intérieure ou d'une cause externe. Cœur, esprit dévasté. Elle voyait Saccard à nu, cette âme dévastée d'un homme d'argent (Zola, Argent,1891, p. 236).Ce corps dévasté, sans doute rongé à l'intérieur par quelque fibrome (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 82): 3. C'est pourquoi le visage de la jeune fille assise dans le fauteuil devient (...) un chantier de démolition où des fragments de cintres, de piliers et d'escaliers suggèrent les yeux, le nez, la bouche et les oreilles de cette créature dévastée où il n'est pas défendu de voir une image du monde actuel.
Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 92. − Emploi subst. Nous sommes tous des misérables et des dévastés, mais peu d'hommes sont capables de regarder leur abîme (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 79). 2. Qui porte les stigmates d'une dévastation. Dans une partie de nos Alpes, où les communaux se reconnaissent trop vite à leur aspect détérioré et dévasté (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 252). ♦ Spéc. Vieilli prématurément. Elle [Mathilde] était ainsi laide à inquiéter, dévastée déjà, la peau cuite, collée sur les os (Zola,
Œuvre,1886, p. 74).Le visage, imberbe, était d'un homme âgé : visage raviné, dévasté, énergétique (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 245). − En partic., vieilli. Crâne, front, tempes dévasté(es). Dégarni, dépouillé de cheveux. Synon. chauve.Elle a un front dévasté de vieil homme (Mauriac, Fin nuit,1935, p. 12).Les traits épaissis et avachis, le front dévasté, le cheveu plat et rare, de lourdes poches sous les yeux enfouis et anxieux (Durry, Nerval,1956, p. 155). ♦ P. métaph. Les prophètes dévastés qui penchent leur front sur la ville (Faure, Hist. art,1914, p. 368). Fréq. abs. littér. : 301. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 508, b) 404; xxes. : a) 388, b) 395. |