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DÉSINCARNÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de désincarner*.
II.− Adj. Qui n'est plus/pas incarné, étoffé de chair ou attaché à la chair.
A.− [P. réf. à la chair en tant que composante prédominante du corps hum.]
1. RELIG., SPIRIT. [En parlant d'une pers.] Qui a été dépouillé, par la mort, de l'enveloppe charnelle, du corps. (Quasi-)synon. angélique, céleste.En ma présence, les esprits frappeurs se taisent soudain (...). Je donnerais beaucoup pour causer avec des âmes désincarnées (A. France, Vie littér.,t. 3, 1891, p. 145).Ces personnalités multiples qui dictaient (...) des messages en écriture automatique et que le « médium » identifiait avec les « esprits » désincarnés de plusieurs défunts (Amadou, Parapsychol.,1954, p. 114):
1. ... il y a le dogme Hindou des migrations d'âmes qui errent après la mort. Ces âmes désincarnées vagabondent jusqu'à ce qu'elles se réincarnent et qu'elles parviennent, d'avatars en avatars, à une pureté complète. Eh bien, cela me paraît suffisant de vivre, une fois ... Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 216.
Subst. Aux souterrains de l'Hadès, comme aux prés des Champs-Élysées, ne se trouvent que les ombres, les mânes ancestrales, les doubles égyptiens, les restes inconsistants de nos désincarnés (Maeterl., G. secret,1921, p. 160).
2. [En parlant d'une pers., de son aspect ext.] Dont les chairs se sont amenuisées en volume; dont l'apparence diaphane évoque une créature immatérielle, un pur esprit. (Quasi-)synon. décharné; (quasi-)anton. charnu.Invraisemblablement maigrie, « désincarnée », elle avait fini par ressembler à un fakir, à une momie, à tout ce qui rappelle de plus près un squelette (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 197).Dans leur extrême vieillesse une étrange beauté presque désincarnée (...) une finesse de la chair comme lumineuse (Chardonne, Ciel,1959, p. 127).
P. anal. ou métaph. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] La lumière si claire, si fine et comme désincarnée (Arnoux, Rhône,1944, p. 27).Ils [certains théologiens] l'enfermaient [le christianisme] dans des mots exsangues, désincarnés, vides pour moi de tout contenu. Or, Dieu me semblait mêlé charnellement à l'aventure humaine (Mauriac, Du côté Proust, 1947, p. 86).
B.− [P. réf. à la chair en tant qu'obj. de valorisation mor., relig.; en parlant d'une pers., d'un aspect de son comportement] Détaché, en esprit, de la chair, notamment de ce qui, dans le corps, est enclin ou propice au désir, au plaisir amoureux. (Quasi-)synon. platonique.La hantise de la pureté désincarnée se greffe sur le sentiment amer d'une déficience ou d'une laideur physique, sur une sexualité déçue ou freinée (Mounier, Traité caract.,1946, p. 117).Cette aberration qui m'amenait à croire que, plus mon amour était éthéré, et plus il était digne d'elle − gardant cette naïveté de ne me demander jamais si la contenterait un amour tout désincarné (Gide, Et nunc manet,1951, p. 1128):
2. ... la nudité se confondait pour moi avec l'indécence, mais dans le milieu où je vivais, jamais la franchise d'un besoin, jamais un acte violent ne déchirait le réseau des conventions et des routines. Chez les adultes désincarnés, qui n'échangeaient que des paroles et des gestes policés, comment faire place à la crudité animale de l'instinct, du plaisir? Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 163.
C.− [P. réf. à la chair comme synon. de matière en gén., p. oppos. à l'esprit]
1. [En parlant d'une pers.] Détaché de la condition humaine, du monde des apparences, de la réalité présente par le pouvoir de l'imagination, par un effort intellectuel ou une volonté d'ascèse spirituelle. La [Thérèse] contempler en dehors du temps, désincarnée (Mauriac, Fin nuit,1935, p. 138).L'histoire n'est pas tout à fait un objet; elle ne le devient que si je m'en évacue moi-même, à la façon dont le corps propre devient corps-objet pour un spectateur pur et désincarné, pour un spectateur non-situé (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 119):
3. Le créateur n'est, grâce à Dieu, jamais assez désincarné pour « n'avoir que faire de notre univers mesuré et stérile ». C'est de cet univers qu'il extrait ses éléments; et ces éléments sont d'autant plus riches que le créateur est plus vivant, − c'est-à-dire qu'il participe davantage à la vie de cet univers. Il ne viendrait pas à l'idée du grand Goethe de déprécier l'apport de la nature à son génie. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 21.
2. P. ext. [En parlant d'une valeur, d'une œuvre hum.] (Quasi-)synon. abstrait, intemporel; (quasi-)anton. tangible, temporel.Idées gratuites et désincarnées (Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 233).Ce pouvoir de réalisation indéterminé se dissoudrait dans le vide si aucune matière ne lui était offerte (...). Ce que l'occasion offre ainsi à la cause en peine, à la cause pneumatique et désincarnée, ce sont les deux coordonnées de la date et du lieu (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 106):
4. Le christianisme n'est pas une religion de l'au-delà qui aurait pour mission de consoler l'homme de ses misères d'ici-bas par la promesse de récompenses célestes. Le christianisme n'est pas un spiritualisme désincarné qui ne s'intéresse qu'au salut des âmes (...) la révélation biblique concerne l'homme tout entier et elle a un sens actuel. L'Univers écon. et soc., 1960, p. 6416.
Fréq. abs. littér. : 48.