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DÉJEUNER2, subst. masc.
Repas quotidien dont la nature et l'horaire sont variables suivant l'époque, la région ou une culture particulière.
A.− Vx, région.
1. Repas léger que l'on prend le matin au lever. Désormais, madame se leva à neuf heures comme une princesse, et même elle exigea que la bonne lui montât son déjeuner au lit (Aragon, Beaux quart.,1941, p. 15):
1. Si je n'allais pas avec elle [Geneviève], je trouvais cependant mon déjeuner tout prêt, dans la grand'salle : le pain tendre, le sucrier de verre, et les petits toupins du lait et du café, qui cuisaient côte à côte, sur la braise de la cheminée recouverte de cendres tièdes. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 68.
Rem. Dans ce cas, déjeuner est fréquemment déterminé par un adj. ou un compl. de nom. Faire le premier déjeuner (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 31). Prendre le déjeuner du matin (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 168).
En partic., usuel. Petit déjeuner. Sur le devant de son vêtement de nuit s'étalaient avec gloire les taches de chocolat des petits déjeuners (Montherl., Filles,1936, p. 989):
2. Fort malheureusement, il se trouva que la cuisinière jugea son cadeau inférieur aux autres et, le lendemain matin, mon arrière-grand'mère avala plusieurs bouchées d'arsenic avec son petit déjeuner. Green, Journal,1935-39, p. 228.
Déjeuner à la fourchette. Déjeuner où l'on mange souvent de la viande accompagnée de vin :
3. mmesorbet. − Monsieur, je ne tiens pas le déjeuner à la fourchette. florimon. − Alors, madame, faites-moi donner des côtelettes. mmesorbet. − Prenez donc garde, monsieur, que c'est encore du restaurant, et l'on ne trouve ici que ce qui constitue l'ancienne limonaderie. Leclercq, Madame Sorbet,1835, 6, p. 141.
2. Au fig. Le déjeuner désignant familièrement une chose sans importance, p. réf. à la frugalité traditionnelle du premier repas; cf. Lar. 20e.Déjeuner de soleil. Tissu dont la couleur passe au soleil :
4. [Gladys :] − ... Mon Dieu! que j'ai pleuré dans le train, en m'en retournant!... J'en ai gâté ma robe. Elle était si fragile! Un déjeuner de soleil, comme mon beau roman! ... Bourget, Pastel, 1889, p. 51.
P. ext. Projet, sentiment éphémère. Le frais amour de deux corps juvéniles est un matin d'avril. Il passe comme une rosée. La jeunesse du cœur est un déjeuner de soleil (Rolland, J. Chr.,Adolesc., 1905, p. 336).
3. P. méton.
Vx. Service à déjeuner composé généralement d'un plateau, d'un sucrier, d'une tasse et sa soucoupe :
5. − Comment, s'écria Madame Vauquer, le père Goriot aurait fondu son déjeuner de vermeil? − N'y avait-il pas deux tourterelles sur le couvercle? dit Eugène. − C'est bien cela. − Il y tenait donc beaucoup, il a pleuré quand il a eu pétri l'écuelle et le plat. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 60.
Usuel. Ensemble formé par la tasse et la soucoupe assorties. J'ai lavé moi-même mes deux déjeuners en vieux Marseille. J'ai lu deux Harmonies poétiques. Puis j'ai écrit à mon mari que j'avais lavé nos deux déjeuners et lu mes deux Harmonies (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 4, p. 37).
B.− Courant
1. Repas plus copieux du milieu de la journée. Déjeuner d'affaires (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 90).Déjeuners de chasse (Barrès, Cahiers,t. 5, 1960-1907, p. 9).Les déjeuners sur l'herbe (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Découverte, 1884, p. 958).Un déjeuner littéraire (Green, Journal,1949, p. 328):
6. Car quand nous étions tous dans le petit salon de Gilberte, tout d'un coup regardant l'heure elle disait : − Dites donc, mon déjeuner commence à être loin, je ne dîne qu'à huit heures, j'ai bien envie de manger quelque chose. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 506.
Rem. 1. Déjeuner est parfois déterminé par des adj. qui l'opposent à petit déjeuner. Le second déjeuner était servi ... Midi sonnait (Balzac, Chanterie, 1850, p. 242). Au grand déjeuner, je force la confiance des enfants (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 256). 2. Dans certaines régions ou dans certains milieux, le déjeuner est nommé dîner*. Le dîner des hôtes, car l'on appelait au cloître le déjeuner dîner et le dîner souper, était composé d'un bouillon épaissi par des îles réunies de semoule (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 58).
Déjeuner(-)dîner ou déjeuner dinatoire. Repas servi tard dans la journée et tenant lieu de dîner. Avant de quitter le château, Hautemare descendait à l'office où il trouvait une sorte de déjeuner-dîner pour lui préparé (Stendhal, Lamiel,1842, p. 41).
En composé [Le second terme désignant l'activité pratiquée pendant le déjeuner] Déjeuner-concert (Le Monde,9 janv. 1866).Déjeuner-débat (Le Monde,15 oct. 1965ds Gilb. 1971).Le prochain déjeuner-conférence, organisé par la Société française de Géographie économique et d'Action coloniale (L'Œuvre,13 juin 1941).
2. P. méton. La nourriture, les mets qui composent le repas :
7. ... cette foule d'écoliers externes qui se rendent aux lycées, leurs livres sous le bras et le déjeûner à la main; ... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 57.
Prononc. et Orth. : [deʒ œne]. Pour [ø:] fermé long à la 2esyll. et pour la graph. déjeûner, cf. déjeuner1. Ac, 1740-1878 admet la var. déjeuné, alors que les éd. de 1694, 1718 et 1932 enregistrent uniquement la graph. en -er. Celle en est donnée, en tant que var., également, ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845, Littré, Guérin 1892 et DG, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e(pour lequel cette var. est rare). Étymol. et Hist. a) Fin xiies. (Naiss. du chev. au cygne, 2261 ds Gdf. Compl. : pense del desjuner); b) 1728 « ensemble de vaisselle servant à ce repas » (Journal de Verdun d'apr. Havard). Substantivation de déjeuner1*.
STAT. − Déjeuner1 et 2. Fréq. abs. littér. : 5 881. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 624, b) 9 524; xxes. : a) 10 798; b) 8 609.
BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 125. − Benveniste (E.). À propos du fr. déjeuner. Rom. Philol. 1956-57, t. 10, p. 145. − Dauzat (A.). Déjeuner, dîner, souper du Moyen-Âge à nos jours. In : [Mél. Huguet (E.)]. Paris, 1940, pp. 59-66; L'Hist. de déjeuner, dîner, souper. Vie Lang. 1952, pp. 3-5. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 12. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 299. − Quem. 2es. t. 4 1972.