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CROQUER2, verbe trans.
A.− Dessiner rapidement, prendre sur le vif (un paysage, une scène, un personnage) en quelques coups de crayon ou de pinceau qui reproduisent les traits essentiels, l'aspect général. Croquer un détail d'architecture, un profil grotesque, une silhouette; croquer des postures au vol. On consomme dans le monde entier une quantité fabuleuse de crayons, surtout les examinateurs qui croquent des portraits de candidates sur leur calepin (Colette, Cl. école,1900, p. 233).Il se donnait le projet de croquer un détail, un arbre, une maison de guingois, un profil saisi au passage (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1646):
Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure, et sa royale se retroussait comme une virgule mise à l'envers. Tout cela lui composait une physionomie la plus hétéroclite du monde, de celles que Jacques Calot aime à croquer de sa pointe originale et vive. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 348.
Rem. La docum. atteste le dér. croquade, subst. fém. Dessin fait rapidement. Des croquades à l'encre d'artistes japonais (Goncourt, Journal, 1861, p. 962).
Loc. Personne jolie, mignonne à croquer. Dont on aurait envie de prendre un croquis. Alicette était charmante à croquer et jolie comme un amour (Amiel, Journal,1866, p. 463).Tu es à croquer en gamin boudeur. Tu es positivement adorable (Gracq, Syrtes,1951, p. 87).J'étendais le bras droit, j'inclinais la tête et je murmurais, cachant ma joue de prélat dans le creux de mon épaule : « Adieu, adieu, notre chère Alsace ». On disait aux répétitions que j'étais à croquer (Sartre, Mots,1964, p. 86).
Rem. À croquer s'applique gén. à des personnes, mais se rencontre également appliqué à des choses. Des collines, des sites de chromo retouchés de donjons romantiques et de cottages à croquer (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 77).
B.− P. anal. Décrire rapidement en retenant quelques traits caractéristiques. Il l'a si bien croqué dans son livre que tout le monde l'a reconnu (Ac.1932).La « Haine des détails » est ce qui perd notre littérature; tout le monde veut croquer comme M. Scribe (Stendhal, Corresp., t. 2, 1800-02, p. 521).
Prononc. et Orth. : [kʀ ɔke], (je) croque [kʀ ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Dupré 1972, p. 570 souligne : ,,Dans certains composés de croque, le second terme prend, au pluriel un s, dans d'autres il reste invariable. Parmi les premiers : croque-lardons, croque-mitaines, croque-morts, croque-noisettes, croque-notes. Restent invariables : croque-abeille, croque-en-bouche``. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xiiies. crokier « frapper » (Sone de Nansai, 18432 ds T.-L.) xvies. ds Hug.; 2. ca 1392 « briser, faire craquer quelque chose » (Froissart, Chroniques, éd. L. Mirot, t. 12, p. 127), spéc. xves. « broyer sous la dent avec un bruit sec » (Evangile des quenouilles, éd. Bibl. Elzev., p. 72 : croquier noisettes); 1517 fig. les biens du peuple crocque (J. Bouchet, Chapelet des princes, 46 vods R. Hist. litt. Fr. t. 8, p. 502); 3. 1remoitié xvies. [d'une chose dure] croquer sous les dents (Des Periers, Contes, LXXV ds Littré); 1716 part. prés. fém. subst. croquante pâtisserie (Cuis. roy. et bourg., t. 1, 40 d'apr. Fr. mod. t. 24, 221 ds Quem.); 4. 1665 croquer (une femme) « obtenir ses faveurs » (La Fontaine, Contes, Mazet, éd. H. Régnier, t. IV, p. 494); 1739 fig. morceau à croquer [en parlant d'une femme] (Marivaux, Triomphe de Plutus, IV, 130 ds IGLF); 1798 jolie à croquer (Ac.). B. 1. Av. 1611 « avoir une connaissance superficielle de quelque chose » (L'Estoile, Mém., 2epart., p. 629 ds Gdf. Compl.); 2. a) [1650 Bl.-W.5] 1676 « ébaucher un tableau » (Félibien Dict.); b) 1752 part. passé adj. croqué (dessein) « pris sur le vif » (J. Lacombe, Dict. part. des beaux-arts ds Fr. mod. t. 17, p. 259); 3. 1680 « faire à la hâte, esquisser un ouvrage » (Rich.). D'une racine onomatopéique krokk-, exprimant un bruit sec (FEW t. 2, p. 1359), dés. -er. Il est difficile de dire si jolie à croquer se rattache à croquer1ou à croquer2.
STAT. − Croquer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 287. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 168, b) 738; xxes. : a) 501, b) 378.
BBG. − Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, no2, p. 475. − Gottsch. Redens. 1930, p. 94, 106, 148, 218. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 153; Mots t. 3 1975, p. 200. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, no16, p. 71. − Hugo (V.). Quiconque est amoureux. Vie Lang. 1952, pp. 200-201. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 237; t. 2 1972 [1925] p. 9. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1959, pp. 237-241.